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La liberté de culte de Kiki: détruire les mosquées

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La liberté de culte de Kiki: détruire les mosquées

Liberté de culte et Chiisme, insolubles dans la République?

Par ARM

     En janvier 2016, Hassan Nasrallah, leader du mouvement chiite libanais Hezbollah, avait suscité beaucoup d’émoi en proclamant: «Je félicite toutes les nations chiites en ce jour béni par Allah. Dieu est avec vous. Soyez courageux. Combattez pour notre cause commune, nous triompherons. En ce jour, je suis heureux de vous annoncer que, dans un très proche délai, deux nations frères vont nous rejoindre: la Somalie et les Comores. Qu’Allah bénisse notre communauté». Une année auparavant, donc en janvier 2015, Ikililou Dhoinine signait un décret sur les pratiques religieuses aux Comores, oubliant à peine d’indiquer aux Sunnites ce qu’ils doivent faire au lit avec leurs femmes. Pourquoi? Parce que les dirigeants comoriens ont une peur bleue du Chiisme, et font tout pour éradiquer son prosélytisme. Seulement, en la matière, le «concubinocrate» Azali Assoumani et son Kiki sont allés très loin, n’hésitant pas à détruire une mosquée ahmadiyya à Mirontsy, Anjouan. L’Ahmadisme ou Ahmadiyya est un courant religieux créé au XIXème siècle par Mirza Ghulam Ahmad (1835-1908) et a toujours été considéré comme une hérésie et combattu par les courants musulmans majoritaires.

L’acte commis par Kiki à l’instigation de son chef, le «ventriote» Azali Assoumani, relève du péché, de l’inconstitutionnalité, de l’aberration et de l’intolérance. Inconstitutionnalité il y a parce que dans le Préambule de la Constitution comorienne, il est mentionné que «le peuple comorien, affirme solennellement sa volonté de: […] se doter de nouvelles institutions fondées sur l’’État de Droit, la démocratie […]». Or, là où il y a «État de Droit» et «démocratie», il y a forcément liberté de conscience et de culte. Cela étant, la destruction d’un lieu de culte, qu’il soit musulman ou autre, est un acte sans la moindre relation avec l’Islam parce que dans le Saint Coran, Dieu dit:

«Point de contrainte en religion»

(II, La vache, 256).

«Dis: “Ô vous les infidèles! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. À vous votre religion, et à moi ma religion”».

(CIX, Les Infidèles, 1-6).

     En d’autres termes, en matière de religion, chacun fait ce qu’il veut, étant croyant, athée ou agnostique. Cela se passe entre l’homme et Dieu. Il est demandé à chacun de respecter la foi des autres. Les Comoriens ne souhaitent pas qu’un jour leur pays soit en proie à des conflits entre Sunnites et Chiites, et pour tout dire, ils ne veulent pas d’un développement du Chiisme dans leur pays. Cependant, interdire un rite religieux contrevient à la fois à la Loi de Dieu et à celle des hommes (Constitution). En matière de religion, chacun use de son libre arbitre parce que le mot «Islam» signifie soumission totale, libre, volontaire et consciente à Dieu.

Cela étant, le jeudi 12 janvier 2017, en pleine polémique sur la haine de l’État comorien envers le Chiisme, Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah, Président du Parti Comores Alternatives (PCA), suscitait la stupéfaction des lecteurs de ce site en proclamant à grand renfort de trompettes et tambours: «Je suis Musulman à la fois Sunnite et Chiite, car les deux prennent leurs sources auprès du Prophète Mohammad Ibn Abdillah […]». Les réactions parvenues au site sont teintées de scepticisme, et l’homme du PCA a été accusé par certains de faire de la provocation. Il a fallu lui demander comment on peut être à la fois Sunnite et Chiite, alors que le Chiisme rejette la mission prophétique de Mohammad, et sacralise le Khalife bien guidé Ali Ibn Abî Talîb.

Réagissant au quart de tour, il a livré l’explication suivante: «Je vous remercie pour votre intérêt pour ma personne et mes idées, et je remercie également vos lecteurs, qui sont nombreux. C’est une question très pertinente, qui concerne plusieurs croyants comoriens, qui ignorent l’Islam en général, avec ses différentes écoles théologiques, et surtout celle du Chiisme. Certains oulémas, très mal inspirés, font de mauvais procès à l’école chiite. Le Chiisme n’a jamais et au plus grand jamais nié, ni douté de la mission prophétique de Muhammad Ibn Abdillah, paix et bénédiction d’Allah sur lui et sa famille.

     L’école chiite était appelée avant l’école djaanfarite, de l’Imam Djaanfar Al-Saddik, l’un de douze imams des chiites imamites. La mission prophétique de Muhammad Ibn Abdillah, paix et bénédiction d’Allah soient sur lui et sa famille, fait partie des piliers de croyance musulmane, y compris chez les Chiites. Dans les appels à la prière de l’école chiite, qu’on appelle “Adhan”, après l’attestation de Dieu, on annonce aussi l’attestation du Prophète Muhammad Ibn Abdillah. C’est une fausse propagande dangereuse que certains prétendus oulémas font pour casser l’école chiite, une propagande que ces oulémas mal inspirés font souvent dans nos mosquées avec beaucoup d’ignorance.

     Un jour, je faisais la prière du crépuscule dans une mosquée de Vouvouni. Après la prière, un ouléma prenait la parole et nous expliquait “les dangers du Chiisme”. Il nous dit notamment: “Les Chiites ont un autre Livre Saint, qui n’est pas le nôtre”. C’est un beau-frère de notre ville de Vouvouni et un ouléma de surcroît, et on n’interrompt pas un homme comme lui. Mais, après, je lui ai dit que son discours était faux car les Chiites ont et lisent le même Livre Saint que les Sunnites, font les cinq prières quotidiennes, jeûnent pendant le mois de Ramadan, font la zakat et vont en pèlerinage en Arabie Saoudite, comme les Sunnites.

     Maintenant, on peut se poser une question: où est donc le problème si tout est identique, à quelques petites variantes près? C’est une différence due à l’interprétation de l’Histoire liée à la mort du Prophète et à sa succession. C’est un domaine complexe qu’on ne pourra pas résumer en une page. Il y a une chose qui est certaine: Ali Ibn Abî Talîb a prêté serment et servi Abou Bakr, Omar Ibn Al-Khattab et Othman Ibn Affan. Lors des soulèvements de contestation du pouvoir d’Othman Ibn Affan, qui ont conduit à son assassinat, Ali Ibn Abî Talîb avait ordonné à ses deux fils Hassan et Hussein, qui ne sont pas des jumeaux, de protéger la demeure du Khalife Othman Ibn Affan. Or, Ali Ibn Abî Talîb est le premier Imam des Chiites, et lui-même était sunnite. Le Prophète Muhammad Ibn Abdillah, sur lui paix et bénédiction d’Allah, disait de lui: “Je suis le savoir, et Ali ibn Abî Talîb est la porte d’entrée”.

Je vous réponds donc que oui, on peut être à la fois Chiite et Sunnite. Nous devons militer pour la paix et la compréhension mutuelle afin de redonner à l’Islam sa vigueur ancienne et sa combativité». En tout cas, Ali ibn Abî Talîb n’a demandé à personne de l’idolâtrer.

Tout en maintenant notre scepticisme sur la possibilité d’être à la fois Sunnite et Chiite, il faudra dire à Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah qu’il doit surtout parler aux destructeurs de mosquées parce qu’en ce qui nous concerne, nous considérons que les écoles juridiques qui se disputent le leadership de la vérité de l’Islam sont nulles et non avenues, et Dieu les a condamnées avant même leur apparition. C’est dans le Coran:

«Ne soyez pas au nombre des polythéistes ni de ceux qui ont divisé leur religion et qui ont formé des sectes, chaque fraction se réjouissant de ce qu’elle détient»

(XXX, Les Romains, 32).

     Que chacun fasse ce qu’il a envie de faire parce qu’il détient une parcelle d’autorité, mais de grâce, qu’on ne mette pas toutes les bêtises du monde sur le compte de l’Islam.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Vendredi 13 janvier 2017.


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