La candidature d’Ahmed Sambi interdite par les chancelleries
Par ARM
«Les deux mamelles de la Méditerranée sont la simulation et la dissimulation». Truculent et charnel, ce mot joyeux est de Gérard de Villiers (1929-2013). Il exprime une volonté de montrer ce qui n’existe pas et de cacher ce qui existe. Ahmed Sambi est dans ce cas de figure pour essayer de tromper davantage les Comoriens. Le jeudi 25 juin 2015, ses différents blogs photographiques de paparazzi de bas étage annonçaient à l’unisson que l’ancien Président et Ibrahim Mhoumadi Sidi, son ancien ministre de la Défense, étaient reçus par Robby Judes, l’Ambassadeur de France aux Comores, le mercredi 24 juin 2015. En réalité, les Comoriens s’en moquent. Et, quoi de plus normal qu’un Ambassadeur français recevant un «apatrîle» français, l’un de ses compatriotes? Les crypto-sambistes en ont fait un événement planétaire, ignorant le fait qu’il est tout à fait normal que l’Ambassadeur de l’État accréditant reçoive des personnalités de l’État accréditaire, même celles ayant simultanément la nationalité de l’État accréditant et celle de l’État accréditaire. Un des plus grands et plus brillants universitaires marocains signale: «L’image que le diplomate doit donner de son pays n’est pas acquise de manière définitive. Le diplomate doit constamment chercher à préserver et à parfaire cette image, et ceci en essayant autant que faire se peut, d’établir des contacts, non seulement avec les dirigeants de l’État d’accueil, les milieux politiques, la haute administration et la bonne société, mais également et de plus en plus avec les associations, les universités et grandes écoles, les entreprises et les médias»: Bouhout El Mellouki Riffi: Cours de Pratique diplomatique, Université Mohammed V, Rabat-Agdal, 1991-1992, p. 76 (Cours non publié). Evan G. Gailbraith, Ambassadeur des États-Unis en France de 1981 à 1985, donne d’autres précisions tirées de son expérience parisienne: «En trois ans, nous avons accueilli à la résidence plus de 75.000 invités en quelque 500 réceptions (café, déjeuner, thé, cocktails, soupers, discussions, conférences). Mais, si ces statistiques sont impressionnantes, elles ne disent pas toute l’histoire». C’est dire que les Ambassades passent leur temps à recevoir des invités, y compris et surtout à la résidence de l’Ambassadeur.
Donc, Ahmed Sambi a été reçu par l’Ambassadeur de France, Robby Judes. Et alors? En est-il le seul? Ils ont fait des photos ensemble? Et alors? Est-ce une nouveauté aux Comores? Selon Richard Nixon, «par sa nature même, la diplomatie, pour avoir une chance de réussir, doit échapper au concert des caméras et des microphones. La diplomatie n’a rien à voir avec les âpres marchandages des bazars d’Orient». Donc, s’il y avait des dossiers sur lesquels travailler, la réception d’Ahmed Sambi à l’Ambassade de France aurait eu lieu loin du «concert des caméras et des microphones». D’accord, comme disent les blogs photographiques du crypto-sambisme, l’Ambassadeur de France a reçu longuement l’ancien satrape et son famélique Ibrahim Mhoumadi Sidi. Mais, on ne nous dit pas pour dire quoi. Or, c’est là où l’on assiste à la plus grande hypocrisie de l’affaire parce que l’ancien dictateur a été reçu à l’Ambassade de France pour entendre le chef de la mission diplomatique française lui dire que la France et l’Union européenne ne veulent pas entendre parler de sa candidature présidentielle scélérate et polémique en 2016 et qu’il doit attendre 2021, quand viendra le tour d’Anjouan, son île natale. Point à la ligne.
Ahmed Sambi et Ibrahim Mhoumadi Sidi sont sortis de l’Ambassade de France avec l’impression qu’ils mâchaient du gravier de Handouli. Leurs rires et sourires, tout ça, c’était de la frime. La France et l’Union européenne vont financer l’élection présidentielle comorienne et celles des Gouverneurs des îles en 2016 et ne sont pas du tout prêtes à voir des millions d’euros partir en fumée par la faute d’illuminés conduits par un exalté. Pourtant, les deux zozos n’ont rien dit en sortant de l’Ambassade de France. Or, l’annonce qu’on leur y a faite sonne le glas de toutes les ambitions fantasmagoriques de ces drôles de zèbres.
Il y a encore pire pour les ambitions scélérates d’Ahmed Sambi. En effet, Robert T. Yamate, Ambassadeur des États-Unis aux Comores, avec résidence permanente à Antananarivo, à Madagascar, a tenu à célébrer la Fête nationale de son pays, le 4 juillet 2015, aux Comores et non à Madagascar. Des spécialistes de la diplomatie tels que Hamada Madi Boléro, Mirhane Bourhane et Aloui Saïd Abasse auraient su directement qu’il s’agissait d’un acte hautement politique et diplomatique même sans savoir pourquoi il tenait à être aux Comores le 4 juillet 2015. Et voilà que dans son discours, le diplomate états-unien a clairement fait savoir que son pays tenait beaucoup à la stabilité des Comores, et que cette dernière passait notamment par le respect scrupuleux et sacerdotal de la présidence tournante dans sa configuration actuelle, sans que les uns et les autres aient à changer de sexe et d’île pour tenter de devenir Président sur les îles des autres. Autrement dit, l’Ambassadeur des États-Unis aux Comores et à Madagascar tenait à être aux Comores et voulait célébrer la Fête nationale de son pays aux Comores et non à Madagascar parce qu’il avait un message à délivrer pour qu’il arrive directement aux oreilles scellées à l’airain d’Ahmed Sambi afin que celui-ci comprenne clairement que la communauté internationale ne le laissera pas mettre le feu aux Comores en cette période de violence terroriste démentielle dans un certain nombre de pays musulmans, où le terrorisme a pris le visage le plus hideux et le plus inhumain.
Voici un passage du discours de l’Ambassadeur Robert T. Yamate qui doit appeler les uns et les autres à la prudence: «Cette année a été importante pour les Comores sur le plan politique. Au cours des derniers mois, les Comores ont tenu avec succès, des élections législatives et communales, et le pays s’apprête à organiser bientôt des élections présidentielles et pour les gouverneurs des îles. Les États-Unis sont heureux de voir les progrès que les Comores ont réalisés pour la mise en place d’une démocratie stable, soutenue par l’État de Droit. Nous sommes disposés à vous soutenir pour l’atteinte de cet objectif national crucial. Certes, la démocratie peut sembler être une méthode de gouvernance difficile, comme nous l’avons vu à travers les événements des dernières années, mais il ne faudrait pas se leurrer à ce sujet: des Comores stables et démocratiques ont toutes les chances d’avoir un avenir meilleur et certain. Aussi, il est clair, tout comme aux États-Unis, que le fait de tenir des élections ne constitue pas en soi le seul signe d’une vraie démocratie. Le respect dans l’esprit et dans la lettre de la Constitution est également essentiel pour l’intégrité du processus démocratique. Pour les Comores, la garantie d’un véritable partage du pouvoir à travers les îles est essentielle étant donné que le pays poursuit son chemin vers la création d’une démocratie stable et trouvant ses racines dans les institutions et faisant de la Constitution son fondement». Ce qui est dit est clair. Ce qui est dit est très clair.
Donc, Ahmed Sambi sait que les carottes sont cuites pour lui. Rien de ce qu’il fera ne lui permettra d’être candidat à l’élection présidentielle de 2016, même pour le poste de Vice-président parce que, inscrit sur les listes électorales de la Grande-Comore, on le voit mal devenir le colistier pour la Grande-Comore de son Caporal Bourhane Hamidou, alors qu’il ne peut pas l’être à Anjouan. Autrement, et pour paraphraser le proverbe comorien, «devant celui qui se croit trop intelligent, il n’y a que des ténèbres».
En tout cas, il est un homme qui a anticipé tout ça: le Caporal Bourhane Hamidou, ancien Président de la très malheureuse Assemblée de l’Union des Comores. Quand, à Dakar, l’homme de Singani avait annoncé sa candidature, des crypto-sambistes l’avaient qualifié de «chien». Or, aujourd’hui, dans son jeu de «simulation et dissimulation», Ahmed Sambi l’a déjà suivi et tient à faire de lui son champion perdant en 2016. L’affaire a pris corps, et déjà le Caporal Bourhane Hamidou a commencé à choisir ses colistiers: Oumara Mgomri à la Grande-Comore et Mohamed Bacar Dossar à Anjouan. Le Caporal Bourhane Hamidou avait fait des yeux doux à Mohamed Saïd Fazul, ancien Président de l’île autonome de Mohéli, principal challenger du candidat Ikililou Dhoinine lors de l’élection présidentielle de 2010. Mais, le Mohélien a demandé un temps de réflexion, une façon de lui dire qu’il est plus intéressé par le Gouvernorat de Mohéli que par une vice-présidence sous les ordres d’un analphabète kleptomane.
Les Comores sont-elles maudites au point d’avoir pour Président un garçon qui a arrêté ses études en classe de 6ème et qui n’a jamais été plus loin? Et il y a cette affaire de sa valise saisie à l’Aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle en 2014 et qui contenait 80.000 euros, presque 40 millions de francs comoriens? Il y a également cette affaire de serviettes et savonnettes qu’il avait volées dans un hôtel au Maroc quand il était Président de l’Assemblée, une affaire qui avait provoqué un immense scandale à l’Aéroport, alors qu’il était le numéro 2 de l’État comorien. Un voleur de savonnettes et de serviettes d’hôtel à la tête de l’État comorien, il ne manquerait plus que ça. Et ces 800 millions de francs comoriens remis par le Qatar pour la construction de mosquées? Notre homme n’a construit qu’une mosquée, chez lui à Singani, et une autre, à l’Assemblée de l’Union des Comores. Quand les autres Députés avaient appris le montant du magot qu’il avait en poche, ses collègues Djaé Ahamada Chanfi et Abdoulfattah Saïd Mohamed avaient demandé leur part de la rapine. Et quand le Caporal Bourhane Hamidou jouait les radins professionnels, ils tentèrent de le faire chasser de la présidence de l’Assemblée. Mais, le Caporal a fait sien le fameux mot de Félix Houphouët-Boigny: «Bouche pleine ne parle pas». Il a donc rempli la bouche de ses ennemis, qui se sont tus depuis, Djaé Ahamada Chanfi, à l’époque Vice-président de l’Assemblée, étant allé après jusqu’à le qualifier d’«ami et frère», voire d’«institution». Nous en avons les preuves.
Le Caporal Bourhane Hamidou est en tout cas un homme heureux. Que pouvait-il espérer de mieux, alors qu’Ahmed Sambi, tout en faisant du ramdam sur son impossible candidature en 2016, l’a choisi lui, au nom de «la reconnaissance du ventre», à un moment où les cousins de l’ancien satrape ont également fait le choix de l’ancien bidasse de la Garde présidentielle, qui avait eu l’intelligence sublime de nommer Mohamed Bacar Dossar, cousin d’Ahmed Sambi, secrétaire général de l’Assemblée, à l’époque où il y sévissait et profitait de sa fonction officielle pour faire les bêtises que l’on sait.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Jeudi 23 juillet 2015.