Contribution à un débat de société sur les amalgames aux Comores
Par Siradji Eddine Soilihi
Les Comores sont un cas d’école hors du commun dans la galaxie où se trouve la Terre. Il est un des rares pays au monde où on y trouve un espace expérimental unique en son genre sur tous les plans, aussi bien expérimental qu’au niveau des consciences, des mentalités que de l’état d’esprit, des attitudes que du gestuel. J’en déduis que le contexte archipélagique y est forcément pour quelque chose, le poids de l’Histoire de même. Du Mohélien au Grand-Comorien que de l’Anjouanais au Mahorais, la nature humaine a fait des siennes, on y brille ici et là avec une fierté et une dignité très maladroitement inspirées, des réflexes et des clichés scandaleusement aboutis. Et des quatre iliens de notre bel Archipel servant de laboratoire, le Grand-Comorien a toujours la prééminence des idées et par ricochet ce dernier a raison partout et en tout moment, son ego est surdimensionné par rapport aux autres citoyens de notre pays en lambeaux. L’Anjouanais, lui, est mû par l’appât du gain sur la culture du travail. Peu lui importe le sens de l’honneur cher au Grand-Comorien, du matin au soir, il perd de la sueur de son front pour arrondir avec honnêteté sa journée et se mettre à l’abri du besoin et de toutes formes de tentation. Il s’adapte au mieux partout ou il peut trouver son bonheur et sa paix sociale. On comprend aisément mieux aujourd’hui que l’Anjouanais soit assimilé à tous les attributs et mêmes les plus indécents dans l’Union des Comores dans sa quête effrénée au quotidien à s’affranchir de toute tutelle et tendre au pari de sa liberté. Ce n’est pas, ma foi, un crime.
Le Mohélien est d’une sobriété inégalée. La sociologie nous apprend que l’étroitesse de l’île et le retard qu’accuse Mohéli dans tous les domaines, socio-économiques en particulier, contribuent largement à expliquer l’affaiblissement de cet ilien dans son implication dans la hiérarchie sociale comorienne. Un esprit complexe y est aussi pour quelque chose dans la genèse même du Mohélien. Très préoccupé de rattraper ces carences, le Mohélien dégage une énergie excessive et une agressivité très débordantes et susceptibles de toute interprétation tendancieuse pour autrui à l’heure de l’exercice du pouvoir présidentiel. Quoique malencontreux, cet élan du Mohélien est tout à fait légitime. De grâce, cette île a longtemps vécu dans l’ombre, dans la nudité des autres îles sœurs et presque, je dirais, dans un quasi anonymat. Loin de moi l’idée de m’imposer en redresseur de torts mais avouons que nos frères et sœurs de Mohéli ont de tout temps subi nos caprices et nos diktats méprisables dans un espace commun ou, semble-t-il, constitutionnellement, tout Comorien a les mêmes droits et les mêmes devoirs devant la Loi. C’est là une vue de l’esprit dans l’imaginaire des autres iliens de l’Archipel.
Le Mahorais lui, culturellement, a toujours sombré dans un environnement virtuel ou l’assistanat est une évidence qui crève les yeux. La présence trop marquée de la France à Mayotte peut fausser mon analyse et je préfère par honnêteté intellectuelle éviter de ne pas m’attarder sur l’étude sociologique du Mahorais.
Aussi, si je prends l’audace ici de restituer certaines vérités sur nos amalgames, je vais être la risée de certains esprits rétrogrades et on n’oubliera même la démarche intellectuelle sur un vrai débat d’idées pour nous orienter sur des voies escarpées, libre à chacun de penser ce que bon lui semble mais les délires ne m’intimident point. Aujourd’hui, quand on pose une affaire de mœurs à titre illustratif, c’est blasphémer, mais, cela ne résout pas les problèmes pour autant. Nos élites, hommes politiques, chefs d’entreprise publique comme toute personne titulaire des prérogatives de puissance publique ont un devoir d’exemplarité vis-à-vis des citoyens du monde.
Aux États-Unis, le Président William «Bill» Clinton, à l’épreuve de l’affaire Monica Lewinsky, a dû se plier à l’exigence de la vérité dans une société puritaine, pour défendre son honneur. Les dirigeants doivent donner le ton de la bonne ou de la mauvaise musique dans leur rôle de chefs d’orchestre et pourquoi ne pas évoquer l’idée de la mise en place d’une structure pour prendre en compte ces pathologies et demander des prérogatives spéciales à l’instar de la Ligue mondiale des Droits de l’Homme afin de préserver les droits des enfants abusés par les pédophiles en toute impunité. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Il s’est agi de même pour celui qui était alors le Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), M. Dominique Strauss-Kahn, avec ses démêlés judiciaires à l’infini sur une série d’affaires de mœurs. Comme quoi, mêmes les grands de ce monde ne sont pas exempts de poursuites s’agissant d’affaires d’abus sexuels, alors qu’ailleurs, il est interdit d’en parler sous peine d’essuyer des injures.
En tout état de cause, nos hommes politiques ne sont pas les saints qu’on croit et entre amalgames, dérives, vices et fautes graves par rapport au statut et aux fonctions occupées, il y a lieu d’établir une ligne de démarcation du titulaire du poste sur l’échelle des responsabilités et les sanctions encourues. Le débat de société mérite bien d’être posé. N’en déplaise aux nostalgiques.
Par Siradji Eddine Soilihi,
Marseille, Bouches-du-Rhône, France.
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© www.lemohelien.com – Mercredi 22 juillet 2015.