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Fahmi Saïd Ibrahim en 2019 pour éviter le 24 mars 2019

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Fahmi Saïd Ibrahim en 2019 pour éviter le 24 mars 2019

Point de vue du juriste chevronné pour la non-élection de 2024

Par ARM

     L’un des problèmes politiques majeurs des Comores est que les Comoriens aiment parler de politique sans en maîtriser les réalités et les subtilités. Aux Comores, le profane s’arroge le droit d’insulter le juriste expérimenté. Toute honte bue, n’importe qui fait «un direct» pour injurier le juriste expérimenté. On a vu comment une certaine classe politique comorienne avait rejeté la révision constitutionnelle du 17 mai 2009, initiée par le Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Or, cette révision ne portait que sur des questions purement techniques, sans impact sur le cadre institutionnel du pays: mandat présidentiel passant de 4 à 5 ans, des Présidents des Îles autonomes devenant des Gouverneurs afin d’éviter des conflits de personnes et des confusions institutionnelles, un Vice-président même pour l’île d’origine du Président de la République, l’intérim du Président de la République par le Vice-président originaire de son île au moins 900 jours après l’investiture du Président. De tels sujets n’auraient jamais dû diviser les Comoriens, mais certains Comoriens aiment alimenter la polémique sur des sujets sur lesquels ils n’ont aucune compétence.

     Le 28 décembre 2019, Maître Fahmi Saïd Ibrahim, l’un des trois candidats du 2ème tour de l’élection présidentielle de 2016, avant d’être spolié par les Mohéliens de Bête-Salam au profit du dictateur Assoumani Azali Boinaheri, éliminé, également candidat à l’élection présidentielle qui n’a pas eu lieu le 24 mars 2019, a accordé une interview improvisée au trublion Daoud Halifa, que nous saluons au passage. Il avait été insulté par haine par ceux qui n’avaient même pas écouté son propos, pourtant limpide pour tout bon juriste.

     Quand Daoud Halifa l’a interrogé sur la reconnaissance du dictateur Assoumani Azali Boinaheri (à partir de 1:13 sur la vidéo), Maître Fahmi Saïd Ibrahim est absolument cohérent comme tout juriste digne de ce nom qui raisonne en juriste digne de ce nom: «Ma position est celle du Parti Juwa. Je ne peux pas avoir une position personnelle. Le Juwa le reconnaît ou pas? Non. Alors, je ne le reconnais pas. Il aurait été malhonnête de dire que je suis du Juwa, que le Juwa dise qu’il ne le reconnaît pas, mais que moi, je le reconnais. De facto, le Président est là. Personnellement, je n’ai jamais pensé à des négociations avec le pouvoir en place. Le Président est là. Il est le chef de l’État, il voyage, il va aux Nations Unies. Il ne faut pas se voiler la face. Le Président Azali est, pour la communauté internationale, le Président du pays. Comme il y a des problèmes politiques internes qui nous concernent, asseyons-nous et discutons-en. Je ne peux pas parler au nom de l’opposition, surtout que moi, à titre personnel, on ne me demande rien sur rien. Je suis membre d’un parti politique qui s’appelle le Parti Juwa. Le Parti Juwa fera ce qu’il voudra».

     Maître Fahmi Saïd Ibrahim ajoute (1:18): «2021, c’est dans un an. Je pense que c’est une question extrêmement délicate, pour deux raisons, pour être honnête. Il y a une dimension politique et une dimension légale. Sur la dimension politique, il aurait été souhaitable de parachever la réconciliation nationale pour la deuxième rotation de la présidence tournante entre les îles. Cela, nous l’avons déjà dit. Je me suis exprimé sur le sujet, même sur le référendum, j’ai exprimé ma position, et je ne reviens pas là-dessus. Maintenant, il y a également la dimension légale. La dimension légale, c’est qu’il y a une nouvelle Constitution, que nous avons tous rejetée. La Constitution a été adoptée. On a organisé une élection présidentielle. Nous sommes allés à l’élection présidentielle. Alors, serais-je crédible, moi qui ai été candidat hier, alors que cette même année, l’élection était pour un mandat de 5 ans, de dire que nous allons arrêter le mandat du Président en 2021? Nous devons être sérieux. Quand j’accepte d’être candidat à l’élection, c’est que j’ai accepté le schéma qui a été établi. Nous, dans les partis politiques, avions tous accepté d’avoir des candidats. Et aujourd’hui, nous voulons mentir aux Comoriens, en invoquant une élection présidentielle en 2021. Sur le plan politique, oui, c’est payant. Les gens peuvent en parler. Il peut y avoir des tiraillements. Mais, en termes de responsabilité et de crédibilité, puis-je expliquer à la population que j’avais critiqué la Constitution, et il y avait des élections dont j’avais été candidat, et même si je n’étais pas candidat, mais notre parti politique avait désigné un candidat, et à plus forte raison quand nous étions candidats, et venir parler d’une élection présidentielle en 2021?

     Sur le plan politique, si moi, j’avais été élu Président de la République, j’aurais restauré la Constitution antérieure. J’aurais interrompu mon mandat. Mais, là, il s’agit d’une volonté politique qui aurait été appuyée par les instruments de Droit. Pour entrer dans la dimension politique, il faut disposer des instruments légaux. Aujourd’hui, pourquoi ne participons-nous pas tous aux élections législatives? L’argument de toute l’opposition est qu’il y a eu fraude électorale lors du scrutin présidentiel… Sur la base de quelle Constitution va-t-on organiser les élections? N’est-ce pas celle qui est en vigueur actuellement?

     S’il y avait des garanties (admettons que l’Union africaine et les Nations Unies allaient organiser les élections législatives), aurions-nous participé aux élections ou pas? Nous aurions participé. Mais, y aurions-nous participé sur la configuration de quelle Constitution? Cela aurait été sur la base de la Constitution actuelle. Alors, pourrais-je être crédible en parlant une langue qui aurait plu aux citoyens pour la tenue d’une élection présidentielle en 2021, sans cohérence sur la réalité du moment? Nous pouvons avoir une réponse politique: nous ne prenons pas part à l’élection parce qu’elle n’est pas crédible, et non parce qu’elle n’est ni légale, ni légitime. Quand nous rejetons la légitimité, c’est que nous rejetons la légalité parce que s’il y avait des structures et des mécanismes pour sécuriser les élections, nous aurions parlé du cadre de la légalité, et nous ne pouvons pas non plus faire une lecture à géométrie variable sur le Droit, en disant qu’une élection en 2021 ne s’inspire pas de cette Constitution, mais il en est différemment des élections législatives et des élections présidentielles. Soyons honnêtes. C’est un problème sérieux, et nous devons voir comment le régler de manière sérieuse».

     Un mot résume le propos de Maître Fahmi Saïd Ibrahim: cohérence. Aucun spécialiste de Droit constitutionnel et Science politique ne l’aurait désapprouvé. Avant de s’engager dans les élections qui ne vont pas avoir lieu en 2024, les acteurs politiques comoriens gagneraient à réfléchir sur la leçon de cohérence de Maître Fahmi Saïd Ibrahim.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 13 février 2023.


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