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Élections majeures à Hamavouna, Jimlimé et Ntsoralé

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Meeting politique à La Courneuve et confusion Place d’Aix

Par ARM

   Hystérique! Échevelé! Sonné! Très agité, Saïd était dans cet état, dans cet état proche de la névrose. Oui, il était dans un état proche de l’implosion. C’était de la folie furieuse. La scène a eu lieu en octobre 2010, en pleine campagne pour l’élection présidentielle comorienne. Saïd avait été vu dans une cabine téléphonique à Fomboni appeler toutes ses relations en France – et Dieu sait s’il en a – et ce, pour répéter comme une antienne: «Est-il exact que tel candidat à l’élection présidentielle 2010 s’était endormi en plein meeting organisé à Dunkerque en son honneur et que, dans ses rares moments de lucidité, quand on lui posait une question sur la banane, il parlait de manioc?». Résultat de cette folie: 40.000 francs comoriens «brûlés» en cartes téléphoniques, mais la persévérance de Saïd avait fini par payer, puisque les méchantes langues avaient certifié, la main sur le cœur, que lors du meeting en question, le candidat en cause dormait les poings fermés, ronflait et répondait à côté… À quoi une telle information allait servir à Saïd, si ce n’est pour essayer de convaincre un certain nombre de personnes que la candidature de ce malheureux dormeur en public faisait jaser le Tout-Paris, et qu’elle devait être retirée, dans la mesure où elle posait problème? Notre homme avait maintenu sa belle et sympathique candidature et avait perdu l’élection présidentielle.

   «Anecdotique», direz-vous. Non, nous sommes bien loin de l’anecdote car, là, nous entrons de plain-pied dans l’un des aspects les plus marquants, les plus récurrents des mœurs politiques des Comores: faire de la politique dans ce pays par procuration, car, pour exister, un politicien comorien a nécessairement besoin de se faire accepter, d’abord, à Paris, Dunkerque, au Havre, La Courneuve, Marseille, Vaulx-en-Velin et autres villes de France métropolitaine, avant que sa stature d’homme d’État présidentiable ne soit acceptée sur les rivages de l’océan Indien, du côté de Hamavouna et Mpajé. En vue de l’élection présidentielle et de celle des gouverneurs des Îles autonomes en 2010, de Comoriens complètement dépassés virent une très forte délégation d’un parti politique quitter les Comores en direction de la France, exhibant fièrement un budget de plus de 60 millions de francs comoriens (120.000 euros), à un moment où le pays était entré dans une récession aux effets ravageurs, et pendant que même les gamins savaient que ce voyage avait été financé sur fonds publics.

   En 2015 et en vue de l’élection présidentielle de 2016, rien n’a changé, bien au contraire. Les Comores sont entrées en campagne électorale tout de suite après le scrutin présidentiel de 2010, chacun étant convaincu que pour exister aux Comores, il faut être chef d’État, et pour être chef d’État, il faut être vu en France. Cette frénésie vers la France s’explique par le fait que les politiciens comoriens estiment que leur pèlerinage électoral dans ce pays peut avoir sur leur carrière moribonde ou sur leur campagne électorale en berne les effets de l’eau bénite sur un paralytique. L’affaire frise le risible car chaque fois qu’un Comorien se pique d’être un politicien, il s’oblige à se rendre en France, faire son petit show et se faire accepter par les grands chefs du «Madjliss». Encourageant! On a même vu des politiciens sans le sou – après avoir dilapidé le joli magot qu’ils ont volé au peuple comorien – se faire payer des voyages onéreux, se faire placer dans des résidences familiales ou dans des hôtels et se faire offrir des costumes pour eux-mêmes et des tailleurs pour Mesdames leurs chères épouses et maîtresses attitrées du moment, par des Comoriens bien dévoués, mais qui vivent d’emplois au SMIG et ont un nombre incommensurable de problèmes d’ordre financier à régler en famille, dont des tontines exigeant un placement de 500 à 1.000 euros par mois. C’est triste de voir ces patriotes sincères consentir des sacrifices pour des bandits de grand chemin qui, une fois l’élection passée, qu’ils soient élus ou rejetés par le peuple, n’hésitent pas à se répandre en ricanements et railleries sur leurs bienfaiteurs.

   Les Comoriens vivant en France n’ont pas volé la ponction financière qu’ils subissent avec stoïcisme parce que certains parmi eux, avec une facilité déconcertante, s’autoproclament politologues, spécialistes de sociologie politique et électorale, experts en mercatique politique, conseillers politiques, experts en communication politique, alors qu’ils savent rien de tout ça et ne sont que des mythomanes à la petite semaine, abusant sans vergogne de la sincérité, voire de la naïveté d’autrui, y compris des politiciens vivant aux Comores. Ce sont les charmants «Comoricains» des bords de la Seine. À l’approche des élections aux Comores – ce phénomène étant plus sensible depuis 2006, et prenant des proportions diaboliques depuis 2010 –, certains de ces affabulateurs et mythomanes se mettent en disponibilité, s’achètent des costumes en solde ne dépassant 25 euros que bien rarement (on en trouve même au poids) et «descendent» aux Comores, où ils passent leur temps à tout embrouiller, comme si les Comoriens n’avaient pas assez de problèmes comme ça… S’ils pouvaient avoir une petite idée du mépris des autres Comoriens sur eux… Certains ont été chassés de la maison par Madame, quand les factures de billets d’avion avaient crevé le plafond et n’avaient pas été remboursés par le candidat aux Comores, comme cela avait été promis. Ne riez pas; c’est la vérité.

   C’est du cinéma. C’est du cinéma à l’état pur. Ces gens ne sont pas francs du col. Les plus culottés – et, il n’en manque jamais – s’introduisent subrepticement dans les états-majors politiques français, promettent de leur apporter les voix de tous les électeurs d’origine comorienne. Le plus drôle dans l’affaire, c’est que ces requins à deux pieds promettent toujours la même chose aux deux partis politiques les plus en vue, qu’ils soutiennent par l’intermédiaire de deux groupes distincts, trahissent ces partis politiques sans honte, ne maîtrisent que leurs propres voix et vivent du mensonge et dans le mensonge. Dès que les résultats du scrutin en France sont connus, ils se déclarent du vainqueur du jour, se rangent derrière lui et jouent aux chefs auprès des autres Comoriens, leur promettant des papiers, des logements et du travail. Comme le dit si bien le proverbe mohélien, «l’aplomb, c’est de l’argent», et ces gens poussent le bouchon trop loin quand ils déclarent être présidents d’une Fédération des Associations comoriennes en France, d’une Union des Associations comoriennes en France, alors qu’aucune association comorienne n’est membre de leurs coquilles vides aux méthodes mafieuses, qui n’ont qu’un seul membre, le menteur qui les crée pour ses propres besoins alimentaires. Dégoûtant! Plus grave encore, les présidents de ces carcasses d’hyènes promettent aux partis politiques comoriens et français l’apport des voix de toutes les familles comoriennes installées en France quand l’élection se déroule en France et de celles restées aux Comores pour les élections aux Comores. Il fallait y penser. Il fallait l’oser.

   Dès que ces champions en mobilisations populaires (qui ne mobilisent qu’eux-mêmes) et en politique apprennent que des candidats à une élection présidentielle aux Comores effectuent le pèlerinage électoral en France, ils déclarent être mandatés par les grands partis politiques français pour faire du lobbying et introduire lesdits candidats auprès de ces derniers, affirment partout avoir organisé des rendez-vous pour eux auprès des autorités françaises, jurent être chargés par des bailleurs de fonds pour contacter lesdits candidats et avoir reçu mandat des personnalités politiques comoriennes pour leur préparer un agenda de rencontres avec les industriels, les partis et les autorités françaises, le tout dans une confusion monumentale car un menteur peut s’autoproclamer mandataire pour la même mission et au profit d’un seul et même candidat ou parti politique, en même temps. Ah! Les scélérats! D’autres joyeux lurons désœuvrés et sans scrupules, sans rire, débarquent en France, où ils prétendent être les représentants personnels des principaux candidats. Depuis 2010, cette tendance a atteint des proportions frisant la folie.

   En d’autres termes, la philosophie électorale aux Comores se résume par: «Si tu veux te faire élire aux Comores, fais un pèlerinage politique en France, et raconte des mensonges aux gens». Et l’attrait de la France va augmenter parce que l’Ambassade des Comores à Paris a publié un communiqué annonçant le vote des Comoriens de France lors des élections du chef de l’État et des Gouverneurs des îles en 2016. Le gouvernement avait voulu faire marche arrière sur le sujet, mais voilà que l’incontournable Idjabou Bakari, grand communicateur devant l’Éternel, a envoyé ici et là, aux uns et aux autres, un message selon lequel, ce mardi 4 août 2015, une importante réunion aura lieu à l’Ambassade des Comores en France sur invitation de cette mission diplomatique, de la Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI) et de la Commission nationale technique de la Diaspora (CNTD) afin de parler des modalités de vote des Comoriens expatriés en France. Compte tenu du nombre des Comoriens vivant en France (200.000? 350.000?), certains candidats seront obligés de vivre en France et y faire une campagne électorale assidue, et le Comorien vivant en France n’est plus qu’un pourvoyeur de devises vers son pays d’origine, mais également un faiseur de Roi. Ce qui fait rire, c’est que les Comoriens de France, complètement dégoûtés par le comportement de certains acteurs politiques comoriens qui ont aboli la frontière de la honte et de la décence, n’ont aucun respect envers ces gens-là. Ce faisant, les acteurs politiques traditionnels arrivent très difficilement à obtenir 70 personnes dans une salle, tandis que les nouveaux politiciens font salle comble, comme cela a été constaté quand Mme Moinaécha Youssouf Djalali a réussi la gageure de réunir 293 personnes dans une salle à La Courneuve. Le samedi 16 mai 2015, Ahmed Sambi et ses supplétifs suivistes de «l’Opposition républicaine» ou «Rassemblement des Patriotes» n’étaient pas arrivés à faire venir que 70 personnes dans la salle, alors que leurs roquets en annonçaient 300. Nous avions dû visiter cette salle parisienne qui ne peut pas contenir plus de 100 personnes. Alors, quand on annonce le chiffre de 300 personnes, et quand on parle maladroitement d’un «Ahmed Sambi porté en triomphe», on ne fait que s’exposer au mépris des Comoriens.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mardi 4 août 2015.


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