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Azali Assoumani: «Oui, je suis un Mohélien de cœur»

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Azali Assoumani: «Oui, je suis un Mohélien de cœur»

Concert de louanges et d’encensement pour l’ancien Président

Par ARM

  À Salamani, la chose fait jaser. Ce mercredi 30 décembre 2015, en début d’après-midi, la délégation de la CRC conduite par l’ancien Président Azali Assoumani se retrouvait au restaurant Chez Bandit. Oui, Chez Bandit. Il n’y a qu’à Mohéli où on peut trouver des noms pareils. Pourtant, le lieu n’avait pas été choisi au hasard: Bandit a le poisson grillé le plus succulent et le plus délicieux de Mohéli. La chose se sait et se dit. Et là, en grand maître de cérémonie, Abdallah Saïd Sarouma dit Baguiri, dit Gris-gris, dit Chabouhane, et qui vient d’hériter d’un quatrième surnom, «Coach», et même d’un cinquième, «Messi», comme Lionel Messi, a sorti le grand jeu, en commandant trois grosses têtes de poissons «Moegné» pour le Colonel Azali Assoumani. Toujours Chez Bandit. Naturellement, avec leur sens inné de la curiosité, les Mohéliens font tout pour savoir si l’ancien Président a pu tenir tête aux trois têtes de poissons ou s’il a fini par déclarer forfait. Mais, même ceux qui savent ce qu’il en est doivent se taire et se taisent sur la chose parce qu’il est très malsain de parler de ses invités quand ils sont à table. Et, ici à Mohéli, personne ne dira ce qui s’est passé à la table d’Azali Assoumani, qui a passé la journée à écouter des louanges de la part de ses partisans de Mohéli.

  Mais, pourquoi ne pas commencer par le commencement? Ce mercredi 30 décembre 2015, à la Salle multifonctionnelle de Fomboni, les partisans de la CRC avaient organisé une grande rencontre pour la présentation des candidats de leur parti politique aux élections présidentielles et gubernatoriales de 2016. C’est donc dans une salle bien pleine que l’ancien Président et ses camarades ont été accueillis vers 11 heures. Comme à leur habitude, les femmes ont chanté des louanges, ont souhaité la bienvenue à la délégation de la CRC, ont lancé des youyous et des slogans politiques, et les CRCistes ont bien dansé. Les faux pas de danse ont été constatés du côté de ce Mohélien connu pour chanter faux et danser comme pied. En plus, les CRCistes avaient en tête leur joie sadique depuis qu’ils ont appris que le 8 janvier 2016, il y aura un défilé de joie au cas où la candidature du Gouverneur Mohamed Ali Saïd serait invalidée. L’impression des banderoles devant accompagner l’événement est déjà terminée. Quand les Mohéliens vont-ils cesser d’être des gens cruels?

  On assista à la bénédiction de la cérémonie, à la psalmodie du Coran et à l’hymne national, pendant que l’animateur passait son temps à égrener les qualités de celui que les partisans appellent «l’ancien et futur Président», allant jusqu’à demander si ce dernier était Grand-Comorien ou Mohélien. Par la suite, le premier à prendre la parole a été Ahamada Madi Mari, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports d’Azali Assoumani et grand frère d’Abdou Madi Mari, ministre de la Défense sous le même Azali Assoumani, mais également ancien homme fort à Mohéli de l’UPDC, le fameux «parti cocotte-minute», fervent partisan de «DG» Abiamri Mahamoud, colistier du Vice-président Mohamed Ali Soilihi à Mohéli lors de l’élection présidentielle de 2016. On entendit Ahamada Madi Mari expliquer que les Comores avaient besoin d’un vrai Président et que celui-ci ne pouvait être que son champion. L’homme de Djoiezi parla du patriotisme d’Azali Assoumani, notamment quand il refusa la participation de Mayotte aux Jeux des ÎIes de l’océan Indien, du fait que c’est Azali Assoumani qui, pour la première fois dans l’Histoire des Comores, a nommé quatre Mohéliens dans le même gouvernement, a réussi à unifier les Comores alors qu’elles étaient en plein processus d’implosion, a instauré la présidence tournante grâce à laquelle un Mohélien est devenu Président des Comores, a créé l’Université des Comores, etc. Pour lui, les Comores doivent voter CRC. Pendant qu’il citait les mérites de son ancien Président, on posa devant lui un téléphone portable, sans qu’il n’en comprenne le sens, apprenant par la suite qu’on voulait qu’il dise que c’est Azali Assoumani qui avait permis aux Comores de disposer d’un réseau de téléphone portable. On y ajoutera l’adhésion des Comores à la FIFA sous la présidence d’Azali Assoumani.

  Mahoma se chargera de présenter les candidats de la CRC aux élections présidentielles et gubernatoriales. Faïz Abtoihi, parlant au nom de «la jeunesse mohélienne», alors que celle-ci n’est pas une entité parlant politiquement d’une même voix, s’employa à expliquer qu’Azali Assoumani a beaucoup fait pour les Comores, est un «père» et qu’il a été bien inspiré de choisir comme candidat au Gouvernorat de Mohéli Achiraf Ben Cheikh. Il rappela l’utilité de l’Université des Comores, créée par Azali Assoumani, parla du fameux téléphone portable, «accessible même aux cultivateurs qui sont dans leurs plantations», de la valeur de la présidence tournante pour les Mohéliens.

  Achiraf Ben Cheikh ne dit pas autre chose, lui qui estime que les meilleurs sont à la CRC, un parti politique auquel on peut faire confiance, le parti politique du «bon choix».

  Quand la parole fut attribuée à Azali Assoumani, celui-ci fit savoir que «nous sommes là non pas pour faire de la politique, mais pour prier ensemble afin que demain, les Comoriens fassent un choix qu’ils ne vont pas regretter. Nous sommes venus pour lire la Fatiha [Sourate d’ouverture du Coran]. Ce sont des choses qui se font à la maison pour être sûr que ceux qui vont y participer sont de bonne foi afin que Dieu agrée la prière. Nous parlerons de la politique en temps utile. Celui qui veut prendre le pouvoir, surtout s’il a déjà dirigé les Comores, doit respecter la Constitution. Il ne doit pas y avoir du désordre aux Comores. La loi électorale a fixé le calendrier pour la campagne électorale, et les choses doivent se faire quand cela sera permis par la Loi. Aujourd’hui, le temps est à la prière. Nous sommes à Mohéli, l’île de l’agriculture, l’activité qui fait nourrir le monde entier. Honorables Mohéliens, Dieu vous a comblés de Ses bienfaits, et ces bienfaits sont pour toutes les Comores. Mohéli est une île indispensable aux Comores. Quand il y avait de graves crises politiques aux Comores, seule l’île de Mohéli a pu faire réconcilier les Comores. Maintenant que nous sommes en famille, dans le secret de notre famille, fermons les portes et chuchotons pour ne pas être entendus dehors, par les autres. Le séparatisme a commencé ici à Mohéli avant d’aller à Anjouan, mais Mohéli a réconcilié les Comores. Nous sommes venus nous réconcilier à Mohéli. Le 17 février 2001 est une date mémorable pour les Comores».

  Azali Assoumani enchaîna: «Aujourd’hui, un Mohélien est à la tête des Comores. Les Accords qui ont réconcilié les Comores ont été signés à Mohéli. Et voilà qu’un homme qui n’était en rien concerné par ces Accords et qui avait été élu Président de la République a provoqué une rechute du pays. On finit par faire débarquer l’Armée à Anjouan alors que nous aurions pu trouver une issue pacifique à cette crise d’Anjouan. Heureusement, il n’y a pas eu mort d’homme. Certains veulent nier les acquis du 17 février 2001. Or, après le 6 juillet 1975, date de la proclamation de l’indépendance de notre pays, la date la plus importante pour les Comores devrait être celle du 17 février 2001. Honorables Mohéliens, pensez-y. Si vous nous élisez, nous viendrons vous remercier ici, à Mohéli. Nous allons vers les élections. Dieu donne le pouvoir à qui Il veut et non à celui qui le veut. Allons vers les élections. Pour l’élection présidentielle, le premier tour aura lieu à la Grande-Comore. Au deuxième tour, Mohéli et Anjouan voteront avec la Grande-Comore. À Mohéli, nous ferons un score de 99,95%».

  L’ancien Président de la République répondit à une question qui avait été posée: «La question a été posée pour savoir si j’étais Grand-Comorien ou Mohélien. Je suis Mohélien. Il y a un fils de sang et un fils de cœur. Je suis un fils du cœur de Mohéli. Mohamed Larif Oucacha, ici présent, peut en témoigner. Nous voulons des élections apaisées. À côté de la responsabilité de l’État, il y a celle des citoyens. Soyons vigilants. Nous ne devons pas laisser faire les casseurs. Les Comoriens sont les gardiens de la Constitution. Avant, le Gouverneur était nommé. Il est élu désormais pour assurer l’autonomie des îles. Mais, l’autonomie se fait dans le cadre d’une tutelle et d’un contrôle, pour l’intérêt du pays. Certaines personnes ont mal compris le sens de l’autonomie. Avec moi comme Président, l’autonomie sera profitable aux îles, à chaque île et à tout le pays. Le Président de la République a une lourde responsabilité. Il est le chef de tout l’État et non le Président de son île d’origine».

  Azali Assoumani fit entrer son discours dans une nouvelle dimension: «La CRC a été créée en 2002. Nous avons remporté des élections, nous en avions perdu d’autres. Ce n’est pas un parti politique d’assoiffés de pouvoir. En 2016, nous sollicitons votre confiance. À la CRC, nous ne comptons pas les chaises. Il y a de place pour tout le monde. Achiraf Ben Cheikh est à la lisière de la CRC, mais aujourd’hui, je proclame officiellement qu’il est membre de la CRC. Des personnes sans appartenance politique précise sont venues nous rejoindre et disent que “le Colonel Azali Assoumani est l’espoir des Comoresˮ. Si nous sommes unis, nous corrigerons nos fautes du passé».

  Et puis, il a fallu caresser une fois de plus les Mohéliens dans le sens du poil: «Honorables Mohéliens, Dieu vous a comblés de Ses Bienfaits et aujourd’hui, ce qui compte n’est pas la taille de votre île. La grandeur de l’être humain n’est pas dans la superficie de son île, mais dans le comportement qu’il adopte envers les autres. Et les Mohéliens ont un bon comportement envers les autres. Unissons-nous. Développons les potentialités de Mohéli. J’ai besoin de votre aide. Ne reculons pas, sinon nous échouerons. Prions pour que ça soit celui veut du bien pour les Comores qui soit élu, et ça serait bien si ça pouvait être moi et mes compagnons».

  Aucune injure n’a été entendue dans la salle. Et il ne s’y est trouvé personne pour déplorer les allusions bien senties contre Ahmed Sambi, le DJ du Parti Bidoche, l’homme qui veut foutre le souk et le bazar aux Comores.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 30 décembre 2015.


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