Archives: Interview de Hachim Saïd-Hassane

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«Voilà plus de 200 ans que ma famille est au cœur de l’actualité»

Hachim Saïd Hassane Ben Saïd Hachim Ben Sultan Mouigni Mkou, à cœur ouvert

Une interview exclusive du Président de la Fondation des Comores (Archives)

www.lemohelien.com: S’agissant des élections législatives de novembre 2014, vendredi 18 avril 2014, à la Mosquée de La Courneuve, en Région parisienne, vous avez annoncé votre candidature devant tout un parterre de Comoriens, dont une belle brochette de notables aussi prestigieux les uns que les autres. Pourquoi ce choix et quelles sont vos chances d’être élu?

Hachim Saïd Hassane: Naturellement, cela va de soi. J’ai déjà discuté de la chose avec mes frères, sœurs et amis du Mbadjini qui se trouvent à travers toute la France. Vous savez que je porte un nom qui n’est ni local, ni régional, mais national. Ma victoire ou ma défaite seront disséquées et interprétées nationalement. Voilà plus de 200 ans que ma famille est au cœur de l’actualité politique, économique, sociale, culturelle et cultuelle des Comores. Cette élection législative ne sera pas une élection législative comme les autres. Et comme le Mbadjini est la région mère du pays, et comme chaque Comorien y a de la famille ou des amis, il était de mon devoir de les informer pour qu’ils informent et mobilisent les leurs pour ma candidature. Pour ce qui est de mes chances d’être élu et étant optimiste de nature, je reste, Incha-Allah, confiant. J’ai vécu en bonne intelligence depuis l’école primaire, en passant par le Collège et le Lycée, avec mes frères et sœurs de la région. Ils ont gardé de moi la meilleure image. En France, et surtout à Nice, pendant plus de 20 ans, j’étais au service exclusif des Mbadjiniens et autres Comoriens dans des démarches pour un travail, un logement, un titre de séjour, etc. D’ailleurs, ce sont ces frères et sœurs qui m’ont vu à l’œuvre qui mobilisent les leurs restés aux Comores, sur place, en faveur de ma candidature. Et puis, ma famille n’est pas en reste. Elle a été le moteur du développement et de l’essor politique, social et culturel du Mbadjini. C’est mon arrière-arrière-arrière, le Sultan Mouigni Mkou qui, il y a deux siècles, a introduit l’agriculture et la pêche dans la région et dans tout le pays. Et pour preuve, les produits agricoles portent tous son nom: Ikami, Samba, Padji Mouigni, Chiazi Mouigni, Madjimbi Mouigni, Mbassi Mouigni, Ntséhélé, Mhoundana Mouigni, etc. Il a introduit le système de construction (en pierres, corail transformé en chaux, bois), sans oublier l’artisanat. Mon père, comme Député pendant la période coloniale, a doté la Région de citernes publiques, d’écoles publiques, de dispensaires, mais a aussi formé des instituteurs pour l’Éducation des enfants du Mbadjini. Je vous invite à visiter le Domba, le Pimba, l’Itsahidi et le Ngouwengué, et vous verrez l’œuvre de Saïd Hassane Saïd Hachim. Et puis, pour être complet, ma famille a aussi payé le prix du sang. Mon arrière-arrière grand-père, le Sultan Hachim, est mort d’une décharge sur la poitrine pour la défense du Mbadjini. Ça c’est passé à Nioumamilima. Il y a aussi du côté maternel mon arrière-arrière grand-père Djoumbé Foumou Wandevou qui a été mortellement blessé d’un coup de sabre pendant le siège de Zilimadjou, à Moroni. J’ai donc un passé, un présent et un avenir à présenter aux Mbadjiniens. Et croyez-moi, mon cher ARM, le Mbadjini saura faire le bon choix, sur moi.

www.lemohelien.com: Votre nom avait été cité avec insistance parmi les ministrables avant la constitution du gouvernement formé samedi 13 juillet 2013. Par la suite, vous n’avez pas été retenu. Pourquoi?

Hachim Saïd Hassane: Vous savez, dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu’on veut et on n’a pas toujours ce qu’on veut. Nous sommes tous gouvernés par l’infiniment plus grand. Et ils ne sont pas deux à décider pour nous, mais un et uniquement un: Allah!

www.lemohelien.com: Selon de sources dignes de foi, vous auriez crânement exigé du Président Ikililou le ministère de l’Intérieur et à défaut le ministère des Affaires étrangères, ou rien. Vous ne vous refusez rien, et vous semblez très culotté!

Hachim Saïd Hassane: Je ne sais pas d’où vous tirez vos informations, mais intelligent que vous êtes, vous devez savoir qu’on n’exige pas d’un chef d’État, mais qu’on sollicite de lui. Dans la perspective du remaniement ministériel intervenu le 13 juillet 2013, je suis allé voir le Président Ikililou Dhoinine avec un argumentaire très explicite et je lui ai dit ce que lui et le pays doivent attendre du futur ministre de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires islamiques, mon domaine de compétence. Je lui ai fait comprendre que s’il voulait avoir une Armée qui marche ou pas, s’il veut réellement de l’ordre, de la discipline et du respect et s’il espérait vraiment voir l’Islam reprendre des couleurs dans l’Archipel, avec la prohibition de l’alcool, de la drague et faire bannir les auteurs et acteurs d’actes de sodomites et de pratiques sexuelles déviantes, il devait imiter Ali Soilihi et Ahmed Abdallah, qui étaient tous deux de grands connaisseurs des Comores et des Comoriens. Tous deux savaient que le Comorien est un mélange de sang arabe et africain, c’est-à-dire de l’huile de coco, et pour une meilleure irrigation de ce précieux liquide dans les artères, il faut au préalable une séance de préchauffage. Ali Soilihi et Ahmed Abdallah sont donc allés dans la seule ville comorienne qui forme des techniciens chauffagistes, pour dénicher l’Inspecteur Mohamed Ahamada Toibib et Omar Tamou. Et nos deux Présidents n’ont pas été déçus des résultats. J’ai donc fait une offre de service au chef de l’État. Et il m’a dit textuellement ceci: «Hachim, laisse-moi réfléchir jusqu’au prochain remaniement». Et il réfléchit toujours.

www.lemohelien.com: En matière de libertés individuelles, vous avez des prises de position qui me font penser à Khomeiny et cela me fait peur. Je n’ai pas envie de voir une Police des Mœurs aux Comores. Il faut laisser les Comoriens vivre leur vie calmement et librement.

Hachim Saïd Hassane: Nous avons besoin de nous retrouver dans le cadre d’un Islam authentique, et cela ne doit pas faire peur aux bons Musulmans.

www.lemohelien.com: Mythomanie mise à part, faut-il accorder du crédit aux affirmations de vos proches selon lesquelles vous auriez averti les Présidents Mohamed Taki Abdoulkarim, Tadjidine Ben Saïd Massounde et Ikililou Dhoinine de l’imminence des dangers menaçant leurs régimes politiques? En raison de la mythomanie pathologique et congénitale de certains milieux «politiques» comoriens de France, moi, je ne crois jamais à ce genre de fables.

Hachim Saïd Hassane: Je ne suis pas un mythomane. De toute manière, les Comores sont le seul pays au monde où le mot «secret» n’a aucun sens. Tout se sait à l’avance dans l’archipel. Sur Mohamed Taki Abdoulkarim, tout le monde savait. Sur Tadjidine Ben Saïd Massounde, tout le monde savait, et contre Ikililou Dhoinine, le secret était plus ou moins jalousement gardé. Lorsque j’ai eu vent de la chose, j’ai immédiatement informé Ali Saïd Mdoihoma, l’Ambassadeur des Comores à Bruxelles, lui demandant de transmettre immédiatement l’information au chef de l’État. Ce qu’il a fait. Par ailleurs, je ne peux pas m’empêcher de laisser parler ceux qui disent que je suis en service commandé. Ma réponse à ça se trouve dans un ouvrage publié en 1996: «Le devoir d’être Comorien», un hymne au patriotisme.

www.lemohelien.com: Confirmez-vous la rumeur selon laquelle vous vous êtes brouillé avec Sa Suffisance Royale et Divine, l’Ambassadeur-Dieu Ali Saïd Mdoihoma, que vous venez juste de citer?

Hachim Saïd Hassane: Entre Ali Saïd Mdoihoma et moi, c’est un compagnonnage de 17 ans. Mais, ces derniers temps, j’ai découvert en lui une méconnaissance totale des règles de la réciprocité. Il veut que je continue à être son frère, mais ne veut plus être mon frère. Je lui ai donc dit d’aller se faire cuire un œuf de tortue à Itsamia. On dit que les Foumbouniens sont des êtres difficiles à vivre. Ce n’est pas vrai. Demandez à ceux et celles qui connaissent les Foumbouniens et qui vont à Foumbouni. Ils vous diront qu’il n’y a pas sur terre des êtres plus fidèles en amitié que les Foumbouniens. Les Foumbouniens renvoient toujours l’ascenseur. Par contre, si vous leur cassez une dent, dès que l’occasion se présente, ils vous en cassent trois.

www.lemohelien.com: Vous n’arriverez pas à me faire peur pour mes dents. Passons. Pour ce qui est de l’actualité nationale des Comores, que pensez-vous de la comédie malsaine sur Abou Achirafi Ali Bacar Ali, que votre frère Ikililou Dhoinine a fait libérer dans des conditions révoltantes?

Hachim Saïd Hassane: C’est un nœud coulant autour du cou d’Ikililou Dhoinine.

www.lemohelien.com: Les réactions sont positives au sujet de son successeur Haïr El-Karim Hilali. Êtes-vous de cet avis?

Hachim Saïd Hassane: Oui! C’est l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Et si en 2016, la Providence et les Comoriens nous confient les destinées du pays, nous le maintiendrons en place.

www.lemohelien.com: Là, vous parlez comme si vous étiez déjà ministre de l’Intérieur.

Hachim Saïd Hassane: Vous savez, Idi Nadhoim est un manager qui a été formé à la britannique. Il dispose déjà de son «Shadow Cabinet», un gouvernement virtuel qui travaille sur tous les dossiers. Le jour de son investiture, son gouvernement sera connu et sa liste sera diffusée sur les ondes de l’ORTC, et il se mettra immédiatement au travail. Avec Idi Nadhoim comme Président de la République, les Comores seront ménagées comme une entreprise. Après tout, 800.000 personnes, ce n’est même pas l’effectif d’un groupe comme Samsung.

www.lemohelien.com: Que vous inspire l’hypothèse d’une candidature présidentielle d’Ahmed Sambi en 2016?

Hachim Saïd Hassane: ARM! Vous le savez bien que moi, et Ahmed Sambi le sait: la Cour constitutionnelle ne validera jamais une candidature présidentielle de cet individu pour 2016. Pourquoi? Parce que l’article 13 de la Constitution, contrairement à ce qu’avancent certains, qui n’ont rien d’exégètes, est clair comme de l’eau de roche: «La présidence est tournante entre les îles», c’est-à-dire que chaque île a le droit de présider aux destinées du pays. Il est refusé à un Mohélien se transformer en Grand-Comorien ou en Anjouanais, et vice-versa. Cette candidature n’est rien d’autre que de l’enfumage, un stratagème pour empêcher Ikililou Dhoinine d’avoir le sommeil. En 2010, Ahmed Sambi avait posé à Idi Nadhoim la question suivante: «Comment conserver ce pouvoir?». Idi Nadhoim avait répondu: «C’est simple: Ikililou Dhoinine doit devenir chef d’État, toi Vice-président, Fouad Vice-président et moi Vice-président. Et ça pourrait tourner entre nos mains pendant une durée de 30 ans». La réponse d’Ahmed Sambi a été: «Très bonne idée, mais j’ai besoin de consulter encore». La suite, on la connaît: Ahmed Saïd Jaffar et Mohamed Bacar Dossar ont ruiné les chances d’Ahmed Sambi en lui conseillant de refuser ce qu’ils considèrent comme le summum de la honte. Ils n’ont pas lu l’histoire de Valéry Giscard d’Estaing qui, après avoir été Président de la République, était redevenu Député au service de son pays. Alors, Monsieur Ahmed Sambi, si vous êtes à la recherche d’un conseil pour un retour au cœur du pouvoir d’une manière intelligente en attendant 2021, Incha-Allah, votre ancien Vice-président Idi Nadhoim se fera le plaisir de vous le redonner.

www.lemohelien.com: Vous continuez à draguer toute la classe politique. Maintenant, dites-moi ce que vous inspire l’interdiction des manifestations des Indignés comoriens et du meeting du RIDJA.

Hachim Saïd Hassane: C’est à la fois malheureux et triste dans un pays qui se dit une démocratie. Et puis, Jeannot, le ministre de l’Intérieur, c’est un homme «cool». Je ne lui connais pas des affinités avec les Tontons Macoutes des Duvalier père et fils. Pourquoi faut-il interdire alors qu’il suffit de boucler un périmètre, de mobiliser les Forces de l’ordre et de donner des consignes claires pour un meilleur encadrement des manifestants?

www.lemohelien.com: Et que pensez-vous de cette affaire montée de toutes pièces par 4 politiciens pour obliger Ikililou Dhoinine à se débarrasser de Hamada Madi Boléro?

Hachim Saïd Hassane: Vous savez, quand on exerce les fonctions de Directeur du Cabinet du Président de la République, on se doit d’avoir un langage et un comportement exemplaires. J’ai vu la vidéo, et c’est Hamada Madi Boléro qui s’est piégé lui-même en répondant à une question qui ne lui était pas posée. Il faut vraiment le faire. Et, malin qu’il était, Ben Abdou l’a laissé s’enfoncer dans la boue sans oxygène.

www.lemohelien.com: Chacun dira ce qu’il voudra, mais moi aussi j’ai vu cette vidéo, et je n’ai pas entendu Hamada Madi Boléro insulter les gens. Il faut arrêter l’hypocrisie. Maintenant, dites-moi ce que vous pensez de la tenue aux Comores de la réunion ministérielle de la Commission de l’océan Indien (COI).

Hachim Saïd Hassane: C’est incontestablement un succès diplomatique pour notre pays, notre Président, notre gouvernement, notre ministre des Relations extérieures et le Comité d’Organisation. J’ai regretté une chose: la tenue vestimentaire de nos Gouverneurs, Vice-présidents, qui étaient têtes nues. Par contre, les femmes ministres étaient élégantes dans leurs tenues traditionnelles. Un homme d’État comorien qui voyage à l’intérieur ou à l’extérieur du pays ou qui reçoit des hôtes de marque, c’est d’abord un style vestimentaire. Et dire que les Comoriens sont nostalgiques de l’époque des «dinosaures». C’est normal parce que les «dinosaures» sont l’incarnation même de nos us et coutumes. Malgré leur âge, ils ont encore de l’allure, de la prestance et de la gueule.

www.lemohelien.com: Votre acharnement à vous occuper de l’individualité et de la tenue des gens et à annoncer implicitement la création d’une Police des Mœurs continue à me faire peur, et je suis sûr que je ne voterai jamais pour un parti politique qui manifeste de telles tendances extrémistes, au point de me faire croire que Khomeiny est revenu des morts. Laissez les gens s’habiller comme ils veulent, du moment qu’ils ne sont pas nus.

Hachim Saïd Hassane: Je ne suis pas extrémiste, mais nous devons respecter notre islamité et les coutumes qui font notre identité.

www.lemohelien.com: Vous avez tout fait pour me faire savoir l’information afin que je vous en pose la question. Alors, le week-end dernier, votre père avait reçu en grande pompe dans sa propriété de Missuri, située dans les hauteurs de Foumbouni, Philippe Lacoste, l’Ambassadeur de France aux Comores. Quelle signification politique faut-il donner à un tel accueil, qui n’est tout de même pas banal?

Hachim Saïd Hassane: L’idéal aurait consisté à poser la question à Saïd Hassane Saïd Hachim et à Philippe Lacoste. Ce que je peux vous dire, c’est que l’amitié entre la France et ma famille remonte à l’époque du règne de Mouigni Mkou, voilà plus de 200 ans. Il ne faut pas oublier que mon père avait été Député de France, qu’il a été fait Officier de la Légion d’Honneur, décoré des mains du Président François Mitterrand, lors de la visite que l’ancien chef de l’État français avait effectuée aux Comores du 13 au 14 mai 1990. Rien d’étonnant donc que Monsieur l’Ambassadeur réponde à l’invitation de Monsieur Saïd Hassane Saïd Hachim. Depuis 1960, la propriété de Missuri a toujours été «La Mecque» des plus grands politiciens français en poste ou en déplacement à Moroni. La France mène des enquêtes de moralité, d’éthique, de comportement et de gestion sur tous les hommes d’État africains, en particulier francophones. Et je peux affirmer ceci et ce n’est pas parce qu’il s’agit de mon père: le dossier de Saïd Hassane Saïd Hachim est blanc comme neige. C’est pourquoi la France l’honore, le distingue et le respecte.

www.lemohelien.com: Avez-vous des regrets du fait que votre père, qui a été Député, Gouverneur, ministre et Ambassadeur, ne soit pas honoré de la seule dignité qui lui restait, celle de Président de la République?

Hachim Saïd Hassane: Non, aujourd’hui, j’ai acquis la certitude que l’Éternel aime mon père en lui refusant la présidence de la République. C’est vrai, l’Histoire a maintes fois démontré que l’homme politique, quel que soit son âge et tant qu’il n’est pas sous terre, est comme un ballon d’air, puisqu’il rebondit toujours. Monsieur Saïd Hassane Saïd Hachim a été rassasié de ce que Dieu a fait pour lui. Plus que tout autre, il sait que le pouvoir est un élixir très fort.

Propos recueillis par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 23 avril 2014.

© www.lemohelien.com – Mercredi 1er juillet 2015.


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