Après le coup d’État, la vengeance dans et par le sang
Des listes des dirigeants qui n’y échapperont pas, prêtes
Par ARM
Les Comores ont atteint le point de non-retour. Les Comoriens n’en peuvent plus. Ils ont tellement de haine envers la dictature de Mitsoudjé que, par jour, ils font 10 coups d’État par la bouche. Cela lasse le peuple et le laisse sceptique. Un vrai coup d’État est un secret; on n’en parle pas. Jean-Claude Sanchez, un des mercenaires de Robert «Bob» Denard contre Saïd Mohamed Djohar le 28 septembre 1995, dit de son chef: «Cependant, il me répétait souvent de faire attention quand je serai sur place, car disait-il: “Les gens sont très bavards. Même si là-bas tu établis le contact avec quelqu’un qui nous aime bien, il ne faut cependant rien dire, car il ne pourrait s’empêcher d’en parler, non pour faire du mal, mais pour exprimer sa joie. Et n’oublie pas qu’en Afrique, tu te crois tout seul, tu vas pisser contre un buisson et tu vois un Noir sortir de derrière un palmierˮ»: Jean-Claude Sanchez: La dernière épopée de Bob Denard. Septembre 1995, Pygmalion (Flammarion), Paris, 2010, p. 34.
Pourtant, au-delà du folklore entourant les annonces intempestives de coups d’État, les choses se préparent: on ne peut pas laisser au pouvoir le poison, mort-vivant et «pouvoiriste» polygame fou Assoumani Azali Boinaheri dit Bakapihi, «Le Père qui ne prépare jamais à manger». Il est allé très loin dans le Mal, a fait trop de mal au peuple, continue à en faire. Il se prend pour Dieu, en croyant qu’il peut faire tout ce qui lui passe par la tête.
Seulement, voilà: les Comoriens ont décidé d’en finir, et ils vont en finir. Ils vont retirer le «concubinocrate» Assoumani Azali Boinaheri du pouvoir et de la vie dans le sang et par le sang. Et, ce n’est pas tout: des listes sont établies sur ceux et celles qui doivent mourir avec lui. Ces listes n’ont pas été établies par l’opposition officielle, mais par des citoyens voulant mettre un terme au laxisme et à l’impunité aux Comores, par la vengeance meurtrière.
Une liste a été établie pour chaque île, et la plus imposante est naturellement celle de la Grande-Comore. Pour cette île, un sac de jute est préparé dans lequel doivent être jetées les têtes des décapités avant leur exposition au Stade Ajao, pendant que les corps des charognards seront jetés dans une fosse commune à un endroit déjà choisi. Il est dit que la première épouse et les enfants du dictateur fou de Mitsoudjé vont y passer afin d’éviter de futures tentatives de retour au pouvoir. À Mohéli, on retrouve en têtes de liste, Mohamed Saïd Fazul dit Babadi, Chabouhane Baguiri et Bianrifi Tarmindhi. Si on devait prendre en considération la demande de certains Anjouanais, il allait y avoir 53 décapités sur l’île. Mais, la chose se négocie.
La justice a été instaurée partout dans le monde pour éviter la vengeance privée. Mais, il n’y a pas de justice aux Comores. Le peuple a donc décidé de recourir à la vengeance privée et populaire. À la chute du régime politique d’Ali Soilihi, au vu de l’immensité des crimes commis, on avait cru que les Comoriens allaient éviter les injustices. Il n’en est rien: les injustices sont commises après les injustices. Les Comores étaient dans les ténèbres dans les années 1970-1980, mais en pleine lumière depuis au moins la grande révolution de l’information entamée dans les années 1990. Désormais, tout se sait, et personne ne vivra après avoir répandu le Mal autour de lui. Le moment venu, il sera inutile d’appeler à la clémence d’un peuple dont le sang a coulé du 30 avril 1999 au 26 mai 2006, et de nouveau depuis le 26 mai 2016. Selon le proverbe malgache bien connu, c’est dans ce monde et non dans l’autre que vont se régler les problèmes de vengeance.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Lundi 30 décembre 2019.
