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Aloui Saïd Abasse accomplira-t-il son rêve présidentiel?

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Aloui Saïd Abasse accomplira-t-il son rêve présidentiel?

Où en est-il avec son projet de candidature au scrutin présidentiel?

Par ARM

     Soyons sérieux! Aloui Saïd Abasse n’est pas une personne qu’on présente. La démarche serait superflue et superfétatoire. En effet, connu comme le loup blanc, il n’a besoin de personne pour dire qui il est. Parce qu’il est connu. Pourtant, il faudra se résoudre à rappeler qu’il est fonctionnaire au ministère des Relations extérieures, est celui qui, alors Directeur général la MAMWÉ, avait redressé l’homme malade des Comores. Au surplus, il avait déjà été candidat à une élection législative, qu’il avait perdue à la suite, dit-il, «d’actes éhontés d’une fraude électorale éhontée, dans des conditions politiques et électorales elles-mêmes éhontées». Toujours le sens de la formule qui tue. Et même s’il n’aime pas étaler ses états d’âme en public, il a des ambitions présidentielles, et cela n’étonne personne, dans la mesure où il est de notoriété publique qu’il a été candidat à la vice-présidence en 2006 et en 2010. Justement, en 2010, il avait été le colistier pour la Grande-Comore du candidat Mohamed Hassanaly, Vice-président d’Ali Soilihi (1975-1978). Il est comme ça, Aloui Saïd Abasse: il aime les défis politiques de type casse-cou et, diraient certains, «périlleux, fous et insensés». Mais, pourquoi? Parce que le Chérif d’Itsandra a déjà rôdé son discours politique et sait que politiquement, il marche sur des œufs. Sauf que cette fois, il n’est plus question de «défis périlleux, fous et insensés», mais de choses on ne peut plus sérieuses. Il s’agit d’élections présidentielles, et pendant des mois, Aloui Saïd Abasse a laissé planer le doute sur sa possible candidature à ce scrutin présidentiel qui fait perdre les pédales et la raison à certains. Suivez un certain regard. De fait, Aloui Saïd Abasse est un homme prudent. Son discours est très simple mais cohérents: «La cinquantaine passée, je n’ai aucune envie de quitter mon pays parce que la versatilité électorale aurait conduit les électeurs comoriens à choisir un aventurier débile et fanfaron pour tuer le pays. En même temps, je ne peux pas rester dans une position de victime et me plaindre que le pays est kidnappé par des desperados alors je suis resté dans mon coin, sans rien faire. C’est la raison pour laquelle je limite mon discours à peu de mots: je ne dis rien pour l’instant, mais je n’exclus rien». On l’aura compris, dans la bouche du diplomate qui aime des coups de boutoir contre ce qu’il appelle avec mépris «le vagabondage diplomatique» et «la diplomatie des toitures de maisons», cela signifie qu’il envisage de se porter candidat à l’élection présidentielle de 2016 sans vouloir le dire de manière ouverte dès le départ.

     Mais, attention! Aloui Saïd Abasse n’est pas diplomate pour se comporter en soudard de bouiboui et de gargotes et autres endroits mal famés; il a le sens de la nuance et ne déteste pas les petites manœuvres politiques sadiques et assassines comme celles consistant à imprimer des pancartes et banderoles sur sa candidature dans une «clandestinité» totale, et organiser des «fuites», juste pour que ses adversaires le sachent et se fassent des nœuds au cerveau. Et quand on lui demande s’il l’a réellement fait, il se contente de ricaner et de se livrer à des sarcasmes indéchiffrables sur le plan politique et électoral. En septembre 2015, on l’avait logiquement retrouvé dans la délégation comorienne se rendant au siège des Nations Unies, et on croit savoir – en tout cas c’est ce qui s’était dit à l’époque – que c’est le Président Ikililou Dhoinine en personne qui avait tenu à ce que le Chérif fasse partie de cette délégation. La chose avait déclenché une tempête de rumeurs de bouchère et un flot de bruits de couloirs, certains augures de la politique comorienne allant jusqu’à prétendre sans le moindre début de commencement d’une preuve qu’Aloui Saïd Abasse allait être le dauphin du Président Ikililou Dhoinine. Depuis, il y eut beaucoup d’eau sous les ponts des rivières taries.

     Aujourd’hui, ceux qui s’intéressent à la carrière flamboyante d’Aloui Saïd Abasse et la suivent de près veulent savoir une seule chose, à un moment où le dépôt des candidatures a bel et bien débuté: est-ce que l’enfant chéri d’Itsandra sera oui ou non candidat à l’élection présidentielle de 2016? La question se pose parce qu’en politique, la discrétion a ses limites, et il ne sert à rien de jouer avec les nerfs des autres. De fait, on ne peut pas afficher des ambitions présidentielles, souffler le chaud et le froid, provoquer des sueurs froides chez certains, et ensuite, disparaître des écrans politiques et des radars électoraux comme par enchantement. Il est donc attendu d’Aloui Saïd Abasse qu’il assume ses responsabilités et qu’il tienne tout de suite le langage suivant aux Comoriens: «Oui, j’ai décidé de me porter candidat à l’élection présidentielle de 2016» ou «Nonobstant ce que les interprétations de certaines de mes paroles ont pu faire croire aux gens, je ne suis pas candidat au scrutin présidentiel de 2016». Et si Aloui Saïd Abasse laisse les choses se faire jusqu’à la date limite du dépôt des candidatures pour que les Comoriens se rendent compte que celui qui pense les Comores «sur les 40 ans à venir» se comporte d’une drôle de manière pour une personne qui a fait preuve de vraies qualités de visionnaire, cela fera désordre. Fatalement…

     En même temps, au cas où Aloui Saïd Abasse serait tenté du désistement, il doit se rappeler de ses propres propos, tenus en août 2015: «Nous devons être conséquents avec nous-mêmes. Nous nous plaignons et disons que le pays est convoité par des gens qui n’ont aucune qualité, ni compétence pour diriger un lévrier ou un poulailler, des gens qui prétendent pouvoir diriger les Comores. Si les gens sérieux du pays restent chez eux, en refusant de se lancer sur l’espace public, nous assisterons au maintien de cette partie méprisable de la classe politique sur cet espace public. Je ne veux pas quitter les Comores à mon âge, à la suite de l’élection par les Comoriens d’un mauvais dirigeant. Je suis fonctionnaire du ministère des Relations extérieures et je n’ai aucune envie de revivre le vagabondage diplomatique qui y avait sévi à un moment donné, au grand malheur des Comores et des Comoriens. Que faire donc? Nous devons nous mobiliser tout de suite pour un bon candidat. Que vais-je faire, moi, à titre personnel? Être candidat à l’élection présidentielle de 2016? S’il le faut, je vais devoir assumer mes responsabilités, toutes mes responsabilités. En même temps, comment vais-je faire pour financer une vraie campagne électorale? Pour l’instant, la chose ne doit pas se savoir. Il faut éviter les réactions hostiles suscitées par la haine et la jalousie de ceux qui ne proposent rien. Évitons de provoquer inutilement la nuisance des forces de la haine, de la jalousie, de l’immobilisme, du passéisme et de la régression».

     Toujours en août 2015, un rien perfide, Aloui Saïd Abasse avait ajouté sur un ton enjoué dans lequel flottait un zeste de défi insensé comme il aime: «Chaque jour, j’entends des Comoriens qui disent: “Est-ce vraiment là où est arrivé notre pays? Est-ce que vraiment notre pays est tombé aussi bas, et aujourd’hui ce sont des gens comme tel et tel qui veulent parler en son nom et le diriger?”. Ce discours-là, tout le monde l’a entendu. Mais, nous faisons quoi pour apporter une valeur ajoutée à la vie politique comorienne? Nous disons une seule chose, en répétant la même chose sur la descente aux enfers de la vie politique aux Comores. Donc, si j’arrive à me décider sur la nécessité de me lancer en politique et de me déclarer candidat à l’élection présidentielle de 2016, ça ne sera pas pour que les politiciens de fin de semaine et à la petite semaine m’applaudissent. Je veux être applaudi par le peuple comorien et non par de mauvais politiciens qui font peur même aux membres de leurs propres familles. Plus mon entrée en politique déplaira aux mauvais politiciens, plus je sentirais son utilité. Il est temps d’en finir avec la complaisance et la démagogie. Ceux qui ne voudront pas de ma candidature, au cas où je prendrai ma décision finale, n’ont qu’à ne pas se présenter devant moi en période électorale, en 2016. Si je me fais élire, ça sera la meilleure des choses pouvant arriver aux Comores. Mais, si j’arrive à faire éliminer un mauvais candidat, sans me faire élire, j’en serais très fier car ça sera un très bon service rendu à la nation comorienne. Pour autant, si je me présente à l’élection présidentielle, ça sera pour que je gagne et non pour faire de la figuration».

     Tout ça est beau, bien dit et même très bien déclamé. Mais, l’urgence des urgences reste la position qui sera définie par Aloui Saïd Abasse pour dire clairement aux Comoriens s’il est ou s’il n’est pas candidat à l’élection présidentielle de 2016.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 14 décembre 2015.


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