Ahmed Abdallah Sambi s’insurge contre l’État

Ahmed Abdallah Sambi s’insurge contre l’État

Par Saïd Abdallah

     Visiblement, en voulant assouvir ses appétits de pouvoir, Ahmed Abdallah Sambi est prêt à tout. Pour redevenir Président, il veut tout bousculer, tout changer, tout casser. Après avoir cru que les Comores étaient à ses pieds, il voit l’horizon de 2016 s’assombrir. Il voulait ajouter à son curriculum vitae, son ambition d’homme politique se croyant le centre du monde et au service d’intérêts étrangers, de nouveaux tripatouillages de la Constitution pour ses intérêts personnels et uniquement pour ses intérêts personnels. Il croyait pouvoir financer à coup de millions de francs un nouveau coup dur contre le peuple comorien. Il a échoué dans son premier coup de l’année: ses partisans n’ont pas pu prendre possession de l’Assemblée et de son Bureau, où ils voulaient changer la Constitution et les lois de la République pour faire de lui le maître incontesté des Comores. Mais, les faits sont extrêmement graves, parce que le blog Mlimadji nous apprend que son ancien garde du corps est entre les mains de la Police à Moroni, après la découverte d’un arsenal de guerre digne d’une bande armée dans son domicile à Mutsamudu. D’où viennent ces armes? Qui a pu se procurer ces armes et de ces munitions de guerre, qui ne peuvent être réunies qu’en vue d’un coup d’État, à un moment où tout le monde sait pertinemment que les candidatures de Mohéliens et d’Anjouanais à l’élection présidentielle de 2016 ne seront acceptées que pour les postes de Vice-présidents? En effet, seuls les Grands-Comoriens pourront déposer leurs candidatures pour tenter de devenir chef de l’État, et quand on découvre des armes dans un domicile privée, cela ne fera penser qu’à une seule chose: la préparation d’un renversement du régime politique comorien et de ses institutions constitutionnelles.

     Nous savons que le passé séparatiste d’Ahmed Abdallah Sambi est remonté visiblement à la surface comme le prouve un acte officiel en date du 28 janvier 1998 signé par la Vice-présidente de «l’État indépendant d’Anjouan». Sur cet acte officiel le nom d’Ahmed Abdallah Sambi figure parmi les membres de la Commission chargée de l’élaboration de la «Constitution» de «l’État d’Anjouan». Cet «État indépendant d’Anjouan» est proclamé après la crise séparatiste ayant éclaté le 18 février 1997 sur l’île.

     Versant dans la plus étrange des mégalomanies et dans le plus inacceptable des comportements narcissiques, Ahmed Sambi se considère comme le plus grand des Comoriens, mais aussi le créateur du monde et de l’humanité, y compris du soleil. Ce qui explique la création du Parti Juwa (en comorien, «Juwa» signifie «Soleil»), le parti qu’il a créé pour ses ambitions personnelles, des ambitions dont ne veut pas le pays. Cet homme aux méthodes ingrates, rébarbatives, sulfureuses, peu glorieuses, catastrophiques et désastreuses, n’attire que ceux qui ont des desseins inavouables comme lui. Il a fait de lui-même l’ennemi public numéro un. Il le sait et c’est pourquoi, désormais, ses déplacements se limitent seulement à ses domiciles de Batsa-Itsandra et Mutsamudu, puisque dans le reste du pays Ahmed Abdallah Sambi est devenu persona non grata, indésirable. Personne ne l’a rejeté; il s’est rejeté lui-même à cause de l’incompatibilité de ses méthodes avec l’État, la République et la démocratie. On peut lui pardonner son côté vendeur de rêves et de toutes sortes de choses inimaginables et irréalisables, mais aucun Comorien n’acceptera qu’il demande même des pétitions en vue de la révision de la Constitution pour rendre possibles ses ambitions impossibles. Désormais, quand il parle, c’est le milliardaire qui parle. Pourtant, en 2006, quand il est élu Président de la République, il n’était pas milliardaire. Les Partis RIDJA et RADHI avaient même préparé des plaintes contre lui afin qu’il s’explique sur l’origine de sa fortune subite.

     Comment expliquez-vous, chers amis, qu’un individu arrivé au pouvoir en 2006 avec des revenus modestes et limités, soit devenu en cinq ans de pouvoir un multimillionnaire, propriétaire de villas somptueuses à Dubaï et ailleurs, et de nombreux biens immobiliers à Paris, Tanzanie et ailleurs? On n’a pas besoin de l’accuser. De lui, on a besoin d’explications sur les origines de sa fortune. S’il arrive à s’expliquer, on ferme le chapitre des accusations.

     À moins d’être un nigaud, on ne peut pas ne pas s’interroger sur l’origine de cette fortune qui donne des idées à certains politiciens comoriens. En tout cas, il est impossible de ne pas penser à la vente de la «citoyenneté comorienne» à plus de 200 millions de dollars, à l’argent du «Projet Habitat», pour lequel l’Arabie Saoudite a octroyé des millions de dollars, aux prétendus 2 milliards d’euros de don de la Fondation Fatuma, dirigée par des Iraniens, une somme annoncée par Ahmed Abdallah Sambi lui-même dans son discours du 20 mai 2011 à Mutsamudu: «Je vous le dis aujourd’hui, en qualité de Président de l’Union des Comores, que l’État comorien a bénéficié d’un don de la Fondation Fatuma basée à Dubaï, aux Émirats, dirigée par des Iraniens, d’un montant de 2 milliards d’euros».

     Il est difficile de comprendre l’inaction et la timidité du gouvernement face au comportement dangereux d’Ahmed Abdallah Sambi. Cet individu est un danger pour l’État, la nation, la République et la démocratie. Avec ses hommes, il menace ouvertement la paix, la sécurité et la stabilité du pays si sa candidature n’est pas retenue en 2016. Ces hommes parlent de «chaos». Pourquoi n’est-il entendu par aucun juge alors que son comportement est dangereux? On peut demander aux autorités comoriennes de sortir de l’agonie et du silence, parce que c’est la sécurité des Comoriens qui est en danger! Cet individu veut plonger les Comores dans une guerre civile sanglante comme il y en a tant en Afrique. Pourquoi ce silence funéraire des autorités au vu de ce qu’on sait sur cet individu? Comment ça se fait que cet individu n’a jamais été entendu par le juge alors qu’il profère des menaces graves contre tout un pays?

     Comoriennes et Comoriens, Indignez-vous, réveillez-vous, boycottez cet homme partout où il passe. Ne laissez aucune chance à cet homme. Il agit contre notre pays. Sans action du gouvernement, la correction est aux mains des Comoriens. Mieux vaut mieux prévenir que guérir.

Par Saïd Abdallah, Paris

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© www.lemohelien.com – Mardi 25 août 2015.