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Achiraf Saïd-Hachim veut dynamiter l’État comorien

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L’«opposant» accuse Ahmed Sambi d’«extrémisme religieux»

Par ARM

     Aïcham Itbar, dont la mère est la sœur de la mère du gendre d’Ahmed Sambi (on est en famille donc et il peut défendre l’impossible candidature de son parent pour l’élection présidentielle de 2016, ouverte aux seuls Grands-Comoriens), doit se dire que les Comoriens ont la chance d’avoir dans leur pays la fameuse «opposition républicaine», qui assure la rigolade depuis qu’elle se fixa pour tâche, du moins officiellement, d’empêcher le non moins fameux «coup d’État institutionnel». Comme on le sait, toute honte bue, le samedi 16 mai 2015, en piétinant l’Accord-cadre de Réconciliation nationale signé à Fomboni le 17 février 2001, en jetant de la boue sur la Constitution adoptée par le peuple et par référendum le 23 décembre 2001, en jetant dans les chiottes la volonté souveraine du peuple comorien s’agissant de la présidence tournante, imposée par les Anjouanais et les Mohéliens pour que leurs enfants, eux aussi, puissent diriger les Comores, au lieu d’une fonction présidentielle restant un monopole grand-comorien, des acteurs politiques grands-comoriens se sont arrogé le droit d’interpréter le Droit positif comorien de façon scandaleuse, au lieu de se tourner vers les vrais juristes que compte le pays. Leur démarche n’avait qu’un seul but: dire ce que l’Anjouanais Ahmed Sambi, leur chef, avait envie d’entendre (phénomène de scotome et de scotomisation), sur ses «impossibles possibilités» de présenter sa candidature à l’élection présidentielle de 2016 pour tenter de redevenir le chef de l’État comorien.

     Achiraf Saïd-Hachim, Président de la Convention pour l’Alternance démocratique et l’Interaction mutualiste aux Comores (CADIM), était parmi ces acteurs politiques grands-comoriens et n’avait pas hésité à dire deux choses qui continuent d’agacer et d’énerver prodigieusement les Comoriens et les amis des Comores: d’une part, il déclara avoir été en opposition contre Ahmed Sambi quand ce dernier était au pouvoir, mais avoir succombé à son charme politique maintenant que l’Anjouanais qui veut prendre la place des Grands-Comoriens n’est plus Président, et d’autre part, Achiraf Saïd-Hachim dit s’être aligné sur le même Ahmed Sambi, qui, dès lors, est devenu son candidat naturel, de cœur et de raison. En réalité, les Comoriens s’en moquent. Personne n’avait obligé Achiraf Saïd-Hachim à dire ce qu’il a dit au cours du meeting du samedi 16 mai 2015. Or, il a dit ce qu’il voulait dire et ce qu’il a dit. Au cours de ce meeting débile, aucune personne présente ne l’a vu parler sous la pression et la contrainte d’un pistolet sur la tempe pour l’obliger à débiter des choses inutiles et déplaisantes aux oreilles des Comoriens sincères. Pourtant, il a dit ce qu’il voulait dire. Alors que les Comoriens s’interrogeaient sur la mouche qui l’avait piqué au point de l’obliger à dire certaines choses, le voilà parti sur la déclaration de sa candidature personnelle ce mercredi 3 juin 2015, écrasant de tout son mépris les belles déclarations et protestations d’amour et de fidélité envers Ahmed Sambi. Mais, Achirafi Saïd-Hachim n’a pas fait que se déclarer candidat; il fit une chose plus rocambolesque et pittoresque en s’autoproclamant candidat unique de «l’opposition républicaine». Oui, Achiraf Saïd-Hachim se considère et s’est autoproclamé candidat unique de «l’opposition républicaine» sans consulter les autres membres de l’alliance crypto-sambiste, conclue autour d’Ahmed Sambi.

     Attendons, attendons. Ne nous précipitons pas. Ne précipitons pas les choses. Où et quand a-t-il encore dit tout ça? Il l’a dit sur les ondes de la radio Africa n°1, ce mercredi 3 juin 2015, lors du Grand Débat de Francis Laloupo, asticoté par la bombe thermonucléaire de la classe politique comorienne, l’inusable, inoxydable, explosif et inimitable Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, Président du Parti Comores Alternatives (PCA), qu’on a fini par retrouver sain et sauf du côté de Marseille, après quelques jours de fugue, alors qu’il était censé être aux Comores. Tout d’abord, dans son intervention radiophonique, Achiraf Saïd-Hachim reconnaît que les politiciens qui présentent leurs candidatures obéissent à une logique insulaire: «Chaque île dit: “C’est notre gouvernement à nous, c’est notre tour à nous”». À la question de Francis Laloupo, «il y a l’opposition sur chaque île, si je puis dire, est-ce qu’il y a un front global de l’opposition qui va “compétitir” [Sic] contre le pouvoir en place?», Achirafi Saïd-Hachim a reconnu implicitement que ses positions de soutien à Ahmed Sambi sont un pet de lapin dans l’eau de l’océan et que la position d’Ahmed Sambi sur la présidence tournante, c’est du vent soufflant dans les mirages du désert du Sahara: «C’est un peu compliqué aujourd’hui. Cette tournante a institué une logique insulaire, et les partis politiques ont perdu leur poids aujourd’hui. C’est-à-dire, au fond, on n’a pas de partis nationaux». Et quand Francis Laloupo lui demanda «donc votre candidature à vous, pour bien comprendre, se situe aujourd’hui, essentiellement, dans l’île de la Grande-Comore?», il répondit imprudemment, de manière à rejeter tout son discours du samedi 16 mai 2015: «Absolument! Parce que c’est là où échoit la tournante, et je suis Grand-Comorien, je me suis donc porté candidat». Il a bien dit «je suis Grand-Comorien, je me suis donc porté candidat». Notez le «donc». En d’autres termes, il reconnaît que si on n’est pas Grand-Comorien, on ne doit pas se présenter aux élections présidentielles de 2016 pour essayer de devenir chef d’État, alors que le 16 mai 2015, il disait que l’Anjouanais Ahmed Sambi pouvait se présenter à ce scrutin. Pourquoi donc a-t-il dit exactement le contraire l’autre jour? Pourquoi? Plus loin, il se piégera lui-même par ces mots: «Chaque île a eu son tour. Avant de nous relancer vers la tournante, il faudra établir des assises nationales, évaluer la tournante, voir les points positifs et les points négatifs, qu’est-ce qu’il faut garder, qu’est-ce qu’il faut maintenir…».

     Et puis, s’agissant de l’auto-proclamation de sa candidature unique de l’opposition, une opposition qui ne lui a rien cédé, à la question de savoir s’il sera ce candidat unique, l’homme qui a juré de soutenir la candidature d’Ahmed Sambi a dit ce qui peut hérisser les poils sur le dos: «Je l’espère vivement! Néanmoins, cette alliance n’a qu’un seul candidat. Le Président Sambi pense pouvoir être candidat. Je pense qu’au train où vont les choses, les évolutions qui viennent au jour le jour semblent lui en interdire. Donc, je me battrais, mériter, pour être le leader de ce rassemblement et rassembler davantage pour avoir le soutien de cette alliance. Et là, j’en appelle à mon petit frère Saïd-Ahmed, de ne pas avoir peur de cette alliance, parce qu’elle n’est pas dirigée par le Président Sambi. C’est une alliance citoyenne pour défendre des valeurs établies». Achirafi Saïd-Hachim enterre vivant Ahmed Sambi, le déclarant un jour son chef, et disant le lendemain, sur les ondes d’Africa n°1, que «l’opposition républicaine» «n’est pas dirigée par le Président Sambi», alors que le samedi 16 mai 2015, il disait exactement le contraire. Oui, le contraire.

     En plus, il a enfoncé et maintenu la tête d’Ahmed Sambi dans l’eau boueuse en publiant un communiqué cinglant et sanglant dans lequel il dit que sa «candidature se situe dans un contexte politique marqué par deux présidences placées sous le signe de la déliquescence des institutions et de l’influence islamiste grandissante aux Comores». Visant directement et personnellement «son» candidat Ahmed Sambi, il dit au micro de Francis Laloupo: «Aujourd’hui aussi, l’avènement du Président Sambi, qui est arabisant, mais pas seulement arabisant, a eu tendance à favoriser l’arrivée dans notre pays de certains pays radicaux. Je veux citer la Lybie, le Soudan, l’Iran. Ça a permis un renforcement de l’extrémisme religieux, dont nous commençons à nous inquiéter. Les Comores sont classées “zone à risque” malheureusement. Et cela est dû non seulement à la présidence du Président Sambi, mais également au Colonel Azali». On aimerait voir la petite tête de ses copains de «l’opposition», quand ils sauront qu’il leur a fait un enfant sur le dos.

     Mais, Achiraf Saïd-Hachim a fait pire, puisqu’il dit qu’une fois élu chef de l’État, il va organiser un référendum pour dynamiter et faire exploser et imploser l’État comorien, pour que chaque île constitue son propre État, sa propre République: «Aujourd’hui, dans notre pays, il existe des Comoriens, pas très nombreux, mais, ils sont là quand même, au niveau des trois îles, qui disent qu’ils préfèreraient avoir un pouvoir confédéral, d’autres qui sont majoritaires, disent “Non!”, et veulent en venir à une République unitaire et solidaire. Je pense qu’il ne faut pas avoir peur d’interroger le peuple là-dessus. Et, moi j’ai pris l’engagement, si je suis élu Président de la République, d’interroger le peuple comorien là-dessus: faut-il aller vers une République confédérale ou vers une République unitaire et solidaire, qui irait vers une forte décentralisation, qui permettrait aux Comoriens d’être proches du pouvoir, d’exercer le pouvoir, en effet?». N’importe quel bon juriste, loin des charlatans autoproclamés «juristes», sait qu’une confédération regroupe d’États indépendants qui mettent en commun certaines prérogatives étatiques. Cela étant, quand on est en première année de Droit ou d’Administration publique et qu’on cite comme exemple de confédération, la Confédération Helvétique (Suisse), on est noté 0/20 sur la copie car, malgré l’appellation, qui ne date pas d’aujourd’hui, la Confédération Helvétique n’est pas une confédération au sens du Droit international public, mais un État fédéral, comme les Comores, un État constitué de cantons. Et on ne dit pas «République confédérale» mais «confédération». Donc, Achiraf Saïd-Hachim veut créer un État indépendant sur chaque île et tuer l’État comorien.

     Plus grave encore, comme il veut se racheter auprès de ses relations politiques de Paris, très fâchées contre lui et décidées à ne plus le revoir depuis qu’il est devenu crypto-sambiste, Achiraf Saïd-Hachim se dit résolu à déchirer le dossier des Comores sur Mayotte avant de le jeter dans une poubelle parisienne, estimant: «Je pense que les Comores sont une nation en devenir» au lieu d’un État tout court, et considérant que «Mayotte, c’est un peu chez nous. […]. Je ne pense pas qu’on peut régler la question de Mayotte en indiquant la France comme un occupant». Les autres Comoriens ne disent jamais «Mayotte, c’est un peu chez nous», mais «Mayotte, c’est chez nous. C’est une partie du territoire national des Comores. Mayotte est comorienne et le restera à jamais». Et ce refus du statut d’«occupation» de Mayotte par la France qui agite tant et tant les «bons et vrais Comoriens»? Il appartiendra donc à Achiraf Saïd-Hachim d’expliquer aux Comoriens toutes ces contradictions dans lesquelles il est parti s’enfermer. Frère, avant de faire de la politique, il faut avoir de la cohérence dans les idées, dans les propos et dans les actes…

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Dimanche 28 juin 2015.


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