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Abandon du franc CFA, dangereuse boîte de Pandore

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Abandon du franc CFA, dangereuse boîte de Pandore

Dénoncer le franc CFA par populisme. Un grand danger

Par ARM

      Emmanuel Macron, Président de la République française, vient de recevoir des membres des diasporas africaines en France. Les bien-pensants et les chantres de la bien-pensance n’attendaient que cet acte pour remettre sur le devant de la scène le franc CFA et demander sa fin. Il s’agit de la politisation d’un sujet hautement technique. Les chantres de l’abandon du franc CFA préconisent de la manière la plus irresponsable la création de monnaies nationales africaines. La chose fait rire quand on connaît les carences de l’Afrique en matière de gestion financière et monétaire. C’est en Afrique où on a vu les taux d’inflation les plus fantaisistes, quand il fallait 100 millions de zaïres pour un dollar des États-Unis, quand les prix des produits étaient multipliés par 100.000. À cette époque, il fallait une brouette pour transporter les 7 millions de zaïres nécessaires à l’achat d’un pain ou d’un tubercule de manioc. Il avait donc fallu créer un billet de 7 millions de zaïres. Tout cela est ridicule et criminel.

Au Zimbabwe de Robert G. Mugabe, le modèle du dictateur fou de Mitsoudjé, le taux d’inflation était tellement élevé que les prix des produits étaient multipliés par 231 millions. Ce n’est pas sérieux. Et puis, qu’est-ce que des économies africaines basées sur des tontines et des transferts des communautés expatriées peuvent faire pour fonctionner une monnaie et une économie normalement, alors que la France et l’Union européenne apportent la stabilité, la viabilité, la crédibilité et la convertibilité aux monnaies des pays africains concernés?

Dès 1962, René Dumont, qu’on ne peut jamais soupçonner de connivence avec «le colonialisme, le néocolonialisme et l’impérialisme», écrivait: «Mais la Guinée de 1959 n’était pas l’Union Soviétique de 1919. Proposer une monnaie nationale dans un pays sans réserves monétaires, avec une balance des comptes et un budget largement déficitaires, était fort téméraire»: René Dumont: L’Afrique Noire est mal partie, Le Seuil, Collection «Points Politiques», 2ème édition, Paris, 1973, p. 208.

Ceux qui accusent la France de profiter du franc CFA mentent: l’argent des 15 pays de la zone franc ne représente que 1,26% seulement de la masse monétaire générale gérée par la France. Ce qui ne représente rien pour le Trésor public français. Rien. Rien du tout…

Plus édifiant encore, le Mali était sorti de la zone franc. Sa monnaie devint tellement bancale qu’il a jugé lui-même prudent d’y revenir. Qui plus est, deux pays qui n’ont jamais fait partie du «pré carré» francophone d’Afrique, la Guinée Équatoriale (ancienne colonie espagnole) et la Guinée-Bissau (ancienne colonie portugaise), ont intégré la zone franc pour avoir une monnaie stable et équilibrée, pendant que d’autres pays africains ont une monnaie de singe.

Dans le cas des Comores, on est obligé de rire. Franchement, voyez-vous le gigolo Saïd Ali Saïd Chayhane, assisté de Houmed Msaïdié Mdahoma, ministre des Tontines («Chikowa» ou «Mtsango»), diriger une monnaie nationale indépendante? Personnellement, je ne placerai pas un kopek troué dans une telle économie.

Il faut donc que les propagandistes arrêtent de politiser un problème technique, au risque de conduire définitivement à la ruine les économies de nombreux pays africains. Qu’on touche à la zone franc, et la boîte de Pandore sera ouverte pour répandre ses malheurs sur Terre.

Par ARM

Le copier-coller tue la blogosphère comorienne. Cela étant, il est demandé amicalement aux administrateurs des sites Internet et blogs de ne pas reproduire sur leurs médias l’intégralité des articles du site www.lemohelien.com – Il s’agit d’une propriété intellectuelle.

© www.lemohelien.com – Samedi 13 juillet 2019.


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One Comment

  • NADHIR

    juillet 16, 2019 at 9:39

    Il faut que le débat prenne de la hauteur et que les populations de ces différents pays de la zone CFA puissent débattre sur le fond de cette thématique notamment les orientations de la politique monétaires et en particulier la stabilité mortifère que vous défendez naïvement.
    Par ailleurs, sachez que la monnaie est un fait social, historique, politique et économique. La démocratie que vous défendez activement veut que nous puissions débattre des enjeux aussi importants comme la souveraineté et la monnaie qui sont des politiques publiques inclusives.
    Pourquoi les hommes politiques et les intellectuels comoriens refusent de débattre le principe de la souveraineté et ses services ?
    Le véritable enjeu est le suivant :
    Hormis la souveraineté monétaire, est-ce que le franc CFA répond aux aspirations et aux attentes des peuples concernés ?
    S’agissant des Comores, nous avons un système monétaire en total déphasage avec nos faibles économies. Le franc comorien arrimé à l’euro, une monnaie forte, n’apporte aucune réponse aux importants besoins de financement qu’imposent les nécessités de notre développement endogène.
    La population comorienne reste encore majoritairement rurale dans l’archipel, elle ne bénéficie pas de cette monnaie. En effet, cette population rurale n’arrive pas à emprunter de l’argent pour faire des activités économiques du fait des taux de crédit trop élevés (13 % officiellement mais qui peuvent augmenter jusqu’à 30 % dans les calculs). De surcroît, des milliers de jeunes comoriens ne trouvent pas d’emplois car les porteurs de projet et entrepreneurs n’arrivent pas non plus à accéder aux crédits pour investir.
    Par conséquent, cette stabilité monétaire que vous défendez se traduit par des taux d’intérêts trop élevés pratiqués par les banques de la zone CFA d’une manière générale et qui ne favorisent ni l’investissement ni la création d’emplois dans des pays où les populations ne cessent d’augmenter considérablement.
    Je pense que le système CFA induit plutôt une instabilité chronique depuis sa création en 1945.
    Ainsi, le système fait l’absence d’objectif de croissance dans l’émission des banques.
    Quel est l’objectif principal de cette stabilité monétaire ? C’est de maintenir la stabilité des prix.
    A qui profite ?
    Le franc CFA ne profite qu’à l’élite, les hommes politiques comoriens corrompus et les Groupes étrangers. Une infime minorité de la population qui étrangle la majorité.
    Pour finir, parler de stabilité monétaire, c’est camoufler totalement le mal-être social de toutes ces populations.
    Il s’agit tout simplement d’un argument fallacieux, un fantasme autour d’une monnaie inefficace.
    N.D
    ——————————
    Bonjour, frère Nadir,
    Je vous remercie pour votre analyse.
    Je respecte profondément votre opinion, exprimée avec tant d’argumentations, de pondération et de science.
    Le débat est vaste. Il nous appartient de le lancer, mais loin de toute passion.
    Fraternellement,
    ARM

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