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Les Comores en deuil. Mouzaoir Abdallah est mort

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Les Comores en deuil. Mouzaoir Abdallah est mort

Une grande bibliothèque vient de brûler aux Comores

Par ARM

«Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux endurants, qui disent, quand un malheur les atteint: “Certes nous sommes à Allah, et c’est à Lui que nous retournerons”. Ceux-là reçoivent des bénédictions de leur Seigneur, ainsi que la miséricorde; et ceux-là sont les biens guidés» (II, La Vache, 155-157).

       Le Malien Amadou Hampâté Bâ avait été l’auteur de ce mot d’anthologie, gravé sur le fronton du bâtiment de l’UNESCO à Paris: «En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle». Dans la nuit du 29 au 30 avril 2020, une prestigieuse bibliothèque a brûlé aux Comores. Mouzaoir Abdallah est arrivé au terme de son existence terrestre. Il est parti comme il a vécu: dans la dignité et la sérénité. C’est une page de l’Histoire des Comores qui se ferme. Elle ne s’arrache pas: les pages de l’Histoire ne s’arrachent jamais.

Mouzaoir Abdallah a été Professeur, Président de la Chambre des Députés, premier ministre des Affaires étrangères des Comores, sous Ali Soilihi, ministre lors de la présidence de Saïd Mohamed Djohar et celle de Mohamed Taki Abdoulkarim. Il n’a jamais quitté la scène politique.

Un jour de septembre 1996, j’étais chez moi, au Maroc, quand le téléphone sonna de très bon matin: «Riziki? C’est Mouzaoir», «Quel Mouzaoir?», «Le ministre de l’Éducation nationale. Viens me voir», «Vous êtes où, Monsieur le ministre?», «Je suis à l’Hôtel Hilton de Rabat. Suite n°…». J’allais découvrir un homme très humble, très ouvert, très convivial. On connaît de lui le politicien, mais moi, je retiens de lui l’homme du savoir, qui aimait le savoir, qui respectait le savoir et les porteurs et porteuses de savoir. Il a été l’un des trois premiers acteurs politiques comoriens à m’avoir fait cette agréable impression. Le jour de son retour aux Comores, un vendredi, il avait tenu à ce que je l’accompagne à l’Aéroport de Casablanca. Je l’avais accompagné jusqu’à l’entrée de l’avion. Il n’avait jamais oublié notre rencontre de quatre jours au Maroc. Régulièrement des Mohéliens me disaient que Mouzaoir Abdallah leur demandait des nouvelles de «celui qui ne finira jamais de faire des études».

Mouzaoir Abdallah a appartenu à une génération d’acteurs politiques ayant façonné les Comores au XXème siècle. Mais, il jouait les prolongations. Lui, que j’ai donc connu au Maroc, ravive en moi le souvenir de ces paroles d’une grande personnalité de ce pays, le Général Mohammed Oufkir, qui avait été ministre de l’Intérieur, puis ministre de la Défense du Roi Hassan II: «Nous avons été des pionniers. Nous avons bâti l’État avec les moyens de bord. Nous avons certainement commis des erreurs, mais de bonne foi… J’ai l’impression, plus que jamais, que nous avons accompli notre temps…». Mouzaoir Abdallah aurait pu être l’auteur de ces belles et émouvantes paroles.

La disparition de Mouzaoir Abdallah surtout en cette période de deuil mondial est une circonstance très tragique. Je saisis cette occasion pour présenter mes sincères condoléances à sa famille et à ses proches, en insistant auprès de son cousin qui m’a réveillé pour m’apprendre la triste nouvelle sur le fait que «nous sommes ensemble», dans le bonheur comme dans le malheur.

Nous sommes nombreux à prier pour que Dieu accorde le Paradis à notre illustre père Mouzaoir Abdallah.

«Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux endurants, qui disent, quand un malheur les atteint: “Certes nous sommes à Allah, et c’est à Lui que nous retournerons”. Ceux-là reçoivent des bénédictions de leur Seigneur, ainsi que la miséricorde; et ceux-là sont les biens guidés» (II, La Vache, 155-157).

© www.lemohelien.com – Jeudi 30 avril 2020.


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