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Remplacer le Mufti par le Conseil national des Oulémas

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Remplacer le Mufti par le Conseil national des Oulémas

La dictature du Père Sacrosaint le Mufti est indigne de l’Islam

Par ARM

     Où vont les Comores? Sur le plan temporel, tout le monde sait qu’elles sont devenues un champ de ruines. Et voilà que sur le plan spirituel, elles sont devenues un immense gâchis. Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt; reconnaissons que derrière la destruction à la fois temporelle et spirituelle du pays, il y a toujours le Père Sacrosaint, le Mufti, «la plus haute autorité religieuse» du pays. On ne l’a jamais entendu dénoncer la destruction des Comores, puisque celle-ci lui est profitable. Pour tout dire, le Père Sacrosaint, le Mufti, est coauteur des malheurs des Comoriens. Il cautionne la corruption, la prévarication, la concussion, le droit de cuissage, la prostitution au sommet de l’État et l’incurie. Il affiche sa complicité avec des voleurs et des fornicateurs, détruisant la vie des Comoriens sans la moindre gêne, s’arrogeant même le droit de s’ériger en Cour anticonstitutionnelle-bis. L’erreur des Comores en la matière est d’avoir confié les affaires relevant de la religion à un seul homme, corrompu et corrupteur, de surcroît. On peut reprocher toutes sortes de choses à Ahmed Sambi, mais au moins, quand il sévissait à «Bête-Salam», il avait rangé dans un placard le Père Sacrosaint, le Mufti, sans doute parce que sa propre tartuferie le poussait à se prendre pour un religieux.

L’Islam s’oppose à la dictature d’un individu appelé le Père Sacrosaint, le Mufti. Pour nous en convaincre, penchons-nous sur les sources du Droit en Islam. Par ordre d’importance, ces sources sont le Coran (parole de Dieu), la Sunna (Tradition du Prophète Mohammed), l’Ijma, etc. Arrêtons-nous sur la notion d’Ijma, terme signifiant unanimité ou consensus des Oulémas sur une question donnée sur laquelle ils ont compétence. Ce consensus est d’autant plus important qu’elle s’oppose à la dictature d’un tyran corrompu appelé le Père Sacrosaint, le Mufti, pour s’ouvrir à tous les religieux compétents et honnêtes du pays. Ce consensus a l’avantage d’être un vecteur de démocratie – cette démocratie dont sont sevrés les peuples musulmans – et a le mérite d’éviter les erreurs découlant de l’autocratie. Le Prophète avait valorisé ce consensus dans les termes suivants: «Ma Communauté ne s’accordera jamais sur une erreur». On ne saurait mieux définir la démocratie: l’accord de la communauté.

En valorisant le consensus des Oulémas, l’Islam condamne la dictature solitaire du Père Sacrosaint, le Mufti. En son temps, l’Égyptien Ali Abd Al-Razeq (1888-1966) était allé plus loin, en rejetant même l’institution du Khalifat, sans distinguer les Khalifes légitimes des Khalifes transformés en monarques soucieux de leurs intérêts personnels et non préoccupés par l’Islam: «La religion islamique est innocente de cet abus de la notion de califat, telle que l’entendent les Musulmans, avec son aura d’ambition, de crainte, de splendeur et de force. Le califat ne ressortit aucunement aux projets divins, pas plus d’ailleurs que la justice et les autres fonctions de gouvernement et de postes de l’État. Il s’agit là de projets politiques spécifiques, dont la religion n’a pas à connaître, qu’elle n’a pas reconnus, niés, prescrits, ni prohibés, nous laissant recourir au jugement de la raison, aux expériences des nations et aux règles de la politique»: Cité par Anouar Abdel-Malek: La Pensée politique arabe contemporaine, 2ème édition revue et augmentée, Le Seuil, Paris, 1975, p. 68.

En réalité, tout a commencé par Abou Abderrahmane Moawiya Ibn Abi Soufiane (602-680), et Ibn Khaldoun a parfaitement raison d’affirmer que «le premier Musulman qui s’assit sur un trône fut Mu’âwiya»: Ibn Khaldoun: Discours sur l’Histoire universelle (Al-Muqaddima), Tome II, Tunis, 1382, Traduction nouvelle, préface et notes par Vincent Monteil, UNESCO et Commission internationale pour la traduction des chefs-d’œuvre, Beyrouth, 1968, p. 533. Pour comprendre cette évolution qui a conduit au recul de l’Islam au profit de l’intérêt personnel immédiat, tel qu’on le constate aujourd’hui aux Comores sous le Père Sacrosaint, le Mufti, il suffirait à peine de rappeler que les Khalifes et Sultans, «d’ardents et exaltés, ils devinrent cyniques et cupides. La frénésie de jouissances à laquelle ils s’étaient livrés, n’avait pas seulement tari la puissance physique de la race. Elle avait désagrégé ses qualités morales. Ici encore, il n’y eut point “l’indécise continuité des nuances intermédiaires”, mais une sorte de renversement général des valeurs. L’avarice, la luxure, la fourberie et l’artifice remplacèrent peu à peu la fierté altière, la générosité et l’honneur. La dégradation des caractères se refléta dans les mœurs. Déjà l’on n’éprouvait plus le même respect pour les préceptes de Mahomet, et l’on hésitait de moins en moins à violer ses commandements. Comment aurait-il pu en être autrement, quand les Califes eux-mêmes donnaient l’exemple de la corruption et de l’impiété? […]. Leur religion n’était plus qu’un formalisme rigide»: Jacques Benoist-Méchin: Le loup et le léopard. Ibn-Séoud ou la naissance d’un royaume, Albin Michel, Paris, 1955, pp. 69-70. Telle est la corruption personnelle du Père Sacrosaint des Comores, le Mufti, qui est mise en évidence ici.

Le Père Sacrosaint, le Mufti des Comores, est un dictateur corrompu et incompétent. Il fut un temps, les Comoriens des trois îles indépendantes détestaient et méprisaient tellement leur Père Sacrosaint, le Mufti, qu’ils s’adressaient à celui de Mayotte, plus compétent et honnête.

Que devons-nous faire alors? La chose est simple: il faudra destituer le Père Sacrosaint, le Mufti, et le remplacer par un Conseil des Oulémas. Ce dernier doit regrouper les meilleurs jurisconsultes du pays, en dehors de toute considération politicienne. Il doit être national et non limité à une seule île. Sa présidence doit être annuelle et tournante entre ses 9 membres, à raison de 3 par île, nommés pour 9 ans non renouvelables. C’est tout. De cette façon, on chassera la dictature folle d’un Père Sacrosaint, le Mufti, corrompu, pour valoriser l’Islam dans un vrai cadre démocratique. Au Maroc, le Roi est le Commandeur des Croyants, et a également doté le pays d’un Conseil des Oulémas. Quand il avait fallu remettre Khomeyni Moussavi à sa place, le Conseil des Oulémas avait toute compétence pour le faire. Quand il faut statuer sur des questions de religion, ce Conseil est l’institution la mieux indiquée. Dès lors, pour faire partie de ce Conseil des Oulémas, il faut être un bon connaisseur de la religion islamique car la connaissance est la base de tout, et cela nous le retrouvons dans le Coran:

«[…]. Ceux qui sont enracinés dans la Science disent: “Nous y croyons! Tout vient de Dieu, de notre Seigneur!”. Mais, seuls, les hommes doués d’intelligence s’en souviennent» (III, La Famille de Imran, 7).

     Oui, les Comores ont besoin d’un Conseil national des Oulémas parce que l’intelligence de l’Islam est une découverte permanente, et la religion doit être expliquée par des personnes instruites et non par des charlatans corrompus et incompétents. Loin du charlatanisme, du passéisme et du fanatisme, l’Islam a besoin de ce que seuls peuvent faire les vrais Oulémas réunis, loin de la dictature du seul Père Sacrosaint, le Mufti: l’«effort créateur»: Raymond Charles: Le droit musulman, 5ème édition, PUF, Collection «Que sais-je?», Paris, 1979, p. 15.

C’est un Conseil des Oulémas qui permettra aux Comoriens d’éviter la sclérose née du «Taklid» ou «acceptation inconditionnelle des écoles établies et des autorités», étant noté que le chantre du «Taklid» aux Comores est le Père Sacrosaint, le Mufti. La bêtise est d’autant énorme que depuis le XIIIème siècle, des Tartuffes musulmans imposèrent l’idée fallacieuse selon laquelle il n’y avait plus en terre d’Islam – et ailleurs – des spécialistes qui avaient les qualités nécessaires au développement d’un raisonnement indépendant et cohérent sur la Loi de l’Islam. En la matière, il faut écouter les Chiites, pour qui l’«Ijtihad» ou effort intellectuel est une exigence fondamentale et actuelle, qui doit échoir aux religieux le plus compétents.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Vendredi 24 mars 2017.


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