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Bien-pensance, paresse, lâcheté, autocensure et vilénie

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Bien-pensance, paresse, lâcheté, autocensure et vilénie

Mais, qui sont les intellectuels comoriens et que font-ils?

Par ARM

     Maurice Barrès avait une conception bien particulière du mot «intellectuel», le qualifiant d’invention du diable. Au cours de la guerre d’Algérie, le même mot avait été qualifié de «nom de mauvais renom». Lors de l’affaire Dreyfus (1894-1906), Georges Clemenceau liait l’intellectuel au courage et à l’honneur de défendre des idées, des idéaux et des causes nobles, pendant que les bien-pensants traitaient le même intellectuel d’irresponsable.

Aux Comores, on se demande où sont les intellectuels et que font-ils. On ne les voit pas. On n’entend pas le son de leur voix. Ils se taisent. Ils n’écrivent rien. Leur pays est emporté par la folie destructrice d’un fou. Ils se taisent. Ils se complaisent dans leur silence, voient leur pays partir en lambeaux, mais ne disent rien, n’écrivent rien. Leur silence est assourdissant. Ils ne veulent pas savoir que la voix de l’intellectuel est une arme d’une puissance inouïe. Ils ne veulent pas savoir que la plume de l’intellectuel est une arme d’une puissance inouïe. Certains pays africains qui avaient sombré dans la léthargie ont été tirés de celle-ci par les intellectuels. Certains livres pamphlétaires ont changé à jamais la face de certaines dictatures africaines.

Où sont les Nadine Gordimer, André Brink, Mongo Béti, Sony Labou Tansi et Ken Saro-Wiwa des Comores? Si encore les intellectuels comoriens pouvaient se montrer modestes et honnêtes quand d’autres écrivent! Pierre Vérin, qui a écrit un certain nombre de livres sur les Comores, s’était répandu en sarcasmes sur les bien-pensants toujours prompts à dauber haineusement sur l’historien Jean Martin, auteur d’une volumineuse Thèse de Doctorat sur l’Histoire des Comores, dénonçant «certaines assertions de chercheurs qui l’ont beaucoup critiqué mais ont fort peu écrit»: Pierre Vérin: Les Comores, Éditions Karthala, Collection «Méridiens», Paris, 1994, p. 7.

Les choses vont plus loin parce que, pendant que des pans entiers de la société comorienne sont à l’abandon sur le plan scientifique, les fameux intellectuels sont dans la paresse, s’autocensurent et dorment dans la vilénie et la lâcheté. Cette Comorienne ayant pignon sur rue à La Courneuve, près de Paris, ricane sur «les intellectuels Facebook des Comores». Aujourd’hui, alors que les Comores sont dans un état de mort clinique, il aurait fallu que les intellectuels comoriens produisent des mémorandums et des manifestes pour faire entendre leur voix, en défendant l’État de Droit et la démocratie. Or, il n’en est rien. D’ailleurs, dans les rares cas où il y a une audace de la pensée, les bien-pensants, arcboutés dans leur bien-pensance, fourbissent leur haine et leur jalousie envers les rares penseurs audacieux que compte le pays.

Dans certains pays comme le Cameroun, les intellectuels ont su faire taire leurs rivalités et ont créé des associations d’intellectuels, dont celle des écrivains. Ce n’est donc pas le fruit du hasard si ces pays ont une importante production littéraire. Ne perdons pas de vue une réalité: être un écrivain engagé pour une cause n’est pas un péché. Dénoncer les autorités ne relève ni de l’insolence, ni de l’aigreur. L’intellectuel se bat avec des armes intellectuelles.

Ah! Victor Hugo (1802-1885) et ses trois exils, qui n’ont jamais entamé ses engagements politiques! Il est l’auteur du pamphlet Napoléon le Petit (1852), suite au putsch du 2 décembre 1851 par lequel Napoléon III conserve le pouvoir en violation de la Constitution de la IIème République, dont il avait été élu Président. Dans ce brûlot, Victor Hugo avait traité Napoléon III de «dernier des hommes», de «voleur», de «criminel» et de «filou».

Au Maroc, en 1973, Abdesslam Yacine (1912-2012) avait adressé au Roi Hassan II une violente lettre ouverte de 114 pages (!), se faisant interner en asile psychiatrique. Cette lettre ouverte portait un nom éloquent: «L’Islam ou le déluge», Abdesslam Yassine ayant été le pionnier de l’Islam politique au Maroc. On y retrouve le passage suivant, dans lequel il s’adresse au Roi Hassan II de manière très irrévérencieuse: «Te voilà, ô Petit-fils du Prophète informé: le devoir de te donner conseil est une obligation qu’a imposée Dieu aux oulémas de la communauté islamique… Je ne suis qu’un individu en quête de science, qui connaît les limites de son ignorance. Je te dois conseil parce que tu es le roi de ce pays. Tu mérites ce conseil plus que tout autre […]».

On y retrouve également le passage suivant: «Moi, j’ai choisi de crier très haut la vérité, j’ai vendu mon âme à Dieu. J’ai supporté pour cela l’ire de mes frères et amis… J’ai choisi la compagnie de ceux qui conseillent et admonestent, alors que d’autres ont choisi le silence». Comme le silence qui prévaut aux Comores, pays en pleine destruction…

Justement, aux Comores, il n’y a pas de penseurs doués d’audace et de passion pour leur pays. Dès lors, les Comores ont sombré dans la misère de la réflexion et dans l’escalade du ridicule. Or, des jeunes Comoriens sont formés et brillent dans tous les domaines, et sont même capables de fabriquer des drones et de les faire voler, pendant que leur pays est livré à la folie d’un fou. Cela a pour conséquence notamment la fuite des cerveaux.

Le patriote Hamza, qui ne songe qu’à sa fameuse «retraite spirituelle», sait, mieux que quiconque, ce qu’il en est, et a réussi le passage de l’écriture à l’action politique sur le terrain avec maestria et brio.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Samedi 25 mai 2019.


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