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Leçons burundaises pour irresponsables comoriens

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L’entêtement d’âne rouge pour ambitions politiques personnelles tue

Par ARM

   Si on devait obliger les dirigeants comoriens n’ayant aucune formation juridique à suivre un enseignement obligatoire sur deux matières de Droit, ça serait, en premier lieu, la Philosophe du Droit, pour savoir pourquoi le Droit existe, pour savoir étudier et analyser les concepts et principes généraux du Droit, pour étudier les pratiques effectives des acteurs juridiques. En effet, la Philosophie du Droit a le grand mérite de répondre aux nombreuses questions sur la signification du Droit, sur la notion de justice, sur le rapport qu’entretient le Droit et la justice, sur la naissance de la norme juridique, sur les techniques d’interprétation des règles de Droit, sur la relation entre le Droit et le morale, et sur le fondement de la validité de la norme juridique. En second lieu, on retrouvera la Sociologie juridique, pour comprendre comment la norme juridique est reçue, donc appliquée, puisque sa raison d’être est la pratique effective. Cette exigence d’apprentissage de la Philosophie et de la Sociologie du Droit, si elle pouvait être suivie d’une réelle volonté de servir fidèlement les États africains, elle les aurait sauvés tous d’une bêtise consistant à croire que la règle de Droit est élaborée pour servir de décorum institutionnel, et donc pour être violée impunément quand on veut.

   En Afrique, pour d’évidentes raisons sociologiques, culturelles et socioculturelles, les autorités n’ont que mépris envers le Droit. Et le peuple applaudit les délinquants au pouvoir ou en quête de pouvoir. Il est indulgent envers des malfaiteurs. On ne respecte même pas sa propre parole. À ce sujet, on est effaré en lisant les entretiens entre le journaliste camerounais Samuel Mbajum et Louis Sanmarco, ancien administrateur français de colonies en Afrique. Mesdames, Messieurs, lisez attentivement ce qui suit. Samuel Mbajum: «Lorsque, après sa décision du 28 février [1959] l’on rappela à [Maurice] Yaméogo que c’était un acte de trahison par rapport au serment prêté à la Fédération du Mali le 30 décembre précédent à Dakar, avec un sacré culot, il jura ses grands dieux que ce jour-là à Dakar, s’il avait levé la main, c’était tout juste pour ajuster la manche de sa chemise, et pas pour autre chose, en l’occurrence entériner la création d’une Fédération du Mali à quatre». Le Gouverneur Louis Sanmarco rétorqua: «Cette affaire m’avait bien fait rigoler avec mon ami Rivierez (un sénateur ami de [Barthélemy] Boganda, qui l’avait fait venir en Oubangui-Chari). Comme je lui demandais, pour le taquiner un peu, pourquoi certains Africains ne tenaient pas souvent compte de la parole donnée, voire de leur signature, il m’a répondu: “C’est par excès de politesse. Ils ne veulent pas vexer les gens. ʻVous voulez que je signe ça? Pas de problème, je signeʼ. […]. C’est triste quand même, ce genre de choses, surtout quand c’est fait avec autant de légèreté et de désinvolture»: Gouverneur Sanmarco et Samuel Mbajum: Entretiens sur les non-dits de la décolonisation. Confidences d’un Administrateur des Colonies, Les Éditions de l’Officine, Paris, 2007, p. 92. En d’autres termes, certains, en Afrique, ne respectent rien.

   Nous retrouvons cette mauvaise foi et cette duplicité dans de nombreux pays africains, où la négociation d’un accord de sortie de crise s’étale sur des années, mais après adoption d’un accord, tout sera fait pour le vider de sa substance. Pour preuve, de nombreux pays africains avaient limité les mandats présidentiels à deux, mais partout les chefs d’État au pouvoir font sauter le verrou constitutionnel, faisant de la Loi fondamentale «la Constitution, mon bon plaisir», provoquant des guerres civiles, comme c’est le cas au Burundi actuellement, où on ne peut plus compter le nombre de morts à cause de l’entêtement de Pierre Nkurunziza. C’est ainsi que le dimanche 2 février 2015, le Général Adolphe Nshimirimana, chef de la Sécurité intérieure et numéro 2 du régime politique de Pierre Nkurunziza, l’homme de la répression, a été tué à la roquette pour signifier à l’entêté Pierre Nkurunziza qu’aucun crime ne peut rester impuni et que même ses proches sont à portée de roquettes. C’est effarant.

   Ces événements interpellent les acteurs politiques comoriens parce qu’aux Comores, l’entêtement d’âne rouge de certains acteurs politiques complètement irresponsables fera tuer aussi, comme au Burundi. Pour rappel, c’est en février 1997 qu’a éclaté la crise séparatiste à Anjouan. Il a fallu attendre le 17 février 2001 pour signer à Fomboni, Mohéli, l’Accord-cadre de réconciliation nationale, et le 23 décembre 2001, pour que le peuple comorien adopte par voie référendaire la nouvelle Constitution comorienne, qui a été négociée pied à pied, mot à mot, article par article, avec les séparatistes anjouanais et la communauté internationale. La présidence tournante, instaurée pour restaurer la confiance entre Comoriens, est née de la Constitution du 23 décembre 2001. Et, il a fallu attendre le débarquement militaire à Anjouan le 25 mars 2008, pour que l’île referme, enfin, la douloureuse parenthèse du séparatisme.

   C’est grâce à la présidence tournante qu’Anjouan et Mohéli peuvent faire élire l’un de leurs à Beït-Salam. Les élections de 1990 et 1996, les seules qui ont été organisées selon la formule classique et avec, pour la première fois, un semblant de crédibilité, avaient aligné aux cinq premières places uniquement des Grands-Comoriens. Aujourd’hui, à l’instar du Burundais Pierre Nkurunziza, Ahmed Sambi s’entête comme un âne rouge. Son entêtement tuera un jour des Comoriens, comme le Général Adolphe Nshimirimana avait réprimé des Burundais avant d’être lui-même tué à la roquette. Quand un homme qui prétend aux plus hautes fonctions étatiques ne veut écouter que le son de sa propre voix, la chose qui peut l’arrêter, c’est la guerre meurtrière suivie de sa propre mort.

   À ce jour, à moins d’être un taré fini, il est impossible de voir ce que l’ancien Président Ahmed Sambi a fait de positif aux Comores. Comme dans le cas des deux premiers mandats de Pierre Nkurunziza au Burundi, le premier, seul et dernier mandat d’Ahmed Sambi (2006-2011) a été totalement négatif. Ahmed Sambi est le seul Président comorien qui n’a laissé aux Comoriens aucun souvenir agréable. Il a cassé le pays, après l’avoir vendu à des aventuriers étrangers, après avoir vendu jusqu’à la nationalité comorienne à des étrangers, après avoir divisé le pays et après avoir tout fait pour jouer aux prolongations pendant une année.

   L’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi en date du 28 août 2000, élaboré sous l’égide du Président Nelson Mandela, interdit à Pierre Nkurunziza un troisième mandat présidentiel. Toute la communauté internationale l’a rappelé à l’entêté de Bujumbura. De la même manière, l’Accord-cadre de Fomboni et la Constitution des Comores empêchent Ahmed Sambi d’être candidat en 2016, mais ce dernier ne veut pas entendre raison. Même quand il verra les Comoriens s’entretuer pour son obsession du pouvoir, il ne retrouvera pas ses esprits, alors que les données objectives que sont les élections législatives et municipales des dimanches 25 janvier et 22 février 2015 montrent que cet homme n’a pas de base électorale et n’a aucune chance de se faire élire Président des Comores en 2016, ni de faire élire l’un de ses hommes de main et de bouche.

   Au Burkina Faso, on a vu comment Blaise Compaoré est renversé par le peuple le 31 octobre 2014, alors qu’il avait déjà tout fait pour rester au pouvoir à la suite d’un mandat supplémentaire dont il allait tout faire pour ne pas perdre l’élection. En Libye, quand avait commencé le soulèvement populaire de 2011, Mouammar Kadhafi avait déjà passé 42 ans au pouvoir, auquel il avait accédé le 1er septembre 1969. Où est l’intelligence d’un homme qui a passé 42 ans au pouvoir et qui a préféré se faire tuer et voir l’un de ses enfants se faire tuer sous ses yeux de manière atroce, alors qu’il aurait pu négocier sa sortie de la scène politique sans effusion de sang? En 2011, l’un des fils de Mouammar Kadhafi promettait aux Libyens des «rivières de sang». Qu’a gagné Mouammar Kadhafi en se faisant assassiner de manière atroce et horrible alors qu’une négociation lui aurait permis de sauver sa vie, ses enfants et ses milliards de pétrodollars volés aux Libyens? Aujourd’hui, tous les observateurs disent que l’attentat à la roquette qui a été commis à Bujumbura le dimanche 2 août 2015 contre le numéro 2 de l’État du Burundi est un message envoyé au numéro 1 du pays, pour lui dire que lui aussi est à portée d’une roquette.

   Et si tout simplement, les dirigeants africains se montraient plus soucieux de respecter les normes juridiques régissant le pouvoir dans leurs pays? Cela aurait permis d’éviter bien de drames. Mais, il y a la part de l’inconscience et de l’insouciance, mais également celle de la méchanceté et de l’orgueil. Une fois de plus, nous redécouvrons l’actualité et l’acuité de la parole du regretté Thomas Sankara, le héros des Africains, même de ceux des générations qui ne l’ont pas connu quand il était au pouvoir: «Les tragédies des peuples révèlent les grands hommes; mais ce sont les médiocres qui provoquent ces tragédies». En tout cas, si les Ahmed Sambi et autres Pierre Nkurunziza sont ceux qui «provoquent les tragédies», ils ne sont pas des «grands hommes». Ils n’appartiennent pas à cette catégorie d’hommes d’État dont peut s’enorgueillir l’Africain.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 3 août 2015.


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One Comment

  • haiiriaribou

    août 3, 2015 at 10:47

    Mr,doc ARM. je lis souvent tes articles mais je n’arrive pas à te qualifier. peux-tu vraiment me faire le bilan de tout les présidents qui ont dirigés notre pays les Comores? je te prie de bien vouloir faire ce travail sans partialité. Une Politique se juge par ss résultats.

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