• Home
  • /
  • actualite
  • /
  • Dramsi Firozali: un regard savant sur l’aviation civile

Dramsi Firozali: un regard savant sur l’aviation civile

Partagez sur

Dramsi Firozali: un regard savant sur l’aviation civile

Une analyse sans complaisance sur un secteur stratégique

      Patriote connu pour son attachement viscéral et sincère à son pays, Dramsi Firozali a des choses très utiles à dire sur le secteur névralgique de l’aviation civile aux Comores. L’homme qui m’a vu naître au sens propre du terme et dont le nom et le visage me rappellent avec nostalgie ses années de labeur passées à Mohéli dans les années 1960, en compagnie de mon père, dont il était le chef et le frère, m’autorise la publication de son article sur votre site. Une précision: sur le plan professionnel, il vient des milieux de l’aviation civile. Voici son analyse.

Turbulences dans le ciel national: vision d’un expert

Par Dramsi Firozali

      Les Compagnies Aériennes Nationales se sont trouvées devant un nouveau DG de l’ANACM, qui a refusé de reconduire les réductions de taxes pour la sécurité aérienne.

DRAMSI Firozali, opérateur économique comorien, patron de l’HOTEL LES ARCADES a bien voulu s’exprimer sur les évènements récents qui ont secoué le Secteur Aérien ayant entraîné le limogeage de l’Homme Fort JEAN MARC HEINTZ, personnage énigmatique et controversé. Beaucoup d’amis, frères et sœurs, ont réagi sur les réseaux sociaux et une question pertinente a été posée: «Qui peut affirmer que le licenciement de J.-M. Heintz permettra aux compagnies aériennes nationales à reprendre sereinement leurs activités?».

Dramsi, sur le mur Facebook de Faïza, a été ferme et catégorique, en insistant sur le fait que ce licenciement aura un effet positif sur la politique et vision du Président Azali pour son pays et de même sur les opérateurs économiques du Secteur Aérien, à condition que ceux-ci fassent des efforts dans l’amélioration de leur gestion financière en s’acquittant régulièrement des droits et taxes diverses perçues pour le compte de l’État qui sont donc incluses dans les prix des billets comme le font toutes les sociétés de services basées aux Comores.

Question: Pourquoi aujourd’hui, depuis la nomination de J.M. Heintz, les compagnies aériennes ont été victimes de blocage de leurs outils de travail pour des taxes dues, supposées non payées?

Dramsi Firozali: Les Compagnies Aériennes Nationales et étrangères qui font de l’inter-îles ne peuvent survivre que si elles obtiennent l’autorisation d’opérer sur Mayotte à cause de sa clientèle riche. C’est le parcours le plus dur du combattant, car pris en otage par des gros groupes financiers, notre pays ne peut pas mettre à disposition des Compagnies Nationales autant d’incitations financières que font ces trusts financiers occultes en mettant en place des fortes subventions et des mesures d’accompagnement conséquentes pour aider l’entreprise sur les rails. Nos opérateurs économiques crient au scandale en dénonçant ce climat de concurrence déloyale et ont tout à fait raison; les ballons d’essai tels que la création d’Air Corail pour remplacer la disparition d’AB Aviation, d’Ewa, qui est un Low Cost d’Air Austral, ou d’autres à venir n’ont pas pu ébranler la volonté de nos jeunes nationaux AB et INTER à combattre cette concurrence déloyale et à aller de l’avant en s’attaquant à de nouvelles lignes régionales et internationales.

Ce secteur exige un professionnalisme accru dans la gestion des entreprises qui manque pour le moment à nos jeunes entrepreneurs et que de ce fait il leur arrive d’utiliser les taxes de la partie État aux besoins de trésorerie de leurs entreprises créant ainsi ce gap. Ayant opéré dans ce secteur difficile avec COMORES SANS FRONTIÈRES avec mon fils Al Noor, tous deux pilotes, ces taxes demandées par l’État étaient récoltées en amont et placées dans un compte spécial «Charges à Payer» et reversées par trimestre à l’État. L’autre difficulté est le contrat avec le partenaire propriétaire de l’avion qu’on appelle le Leasing, qui peut être un Dryleasing ou Wetleasing mais généralement, pour éviter les complications on opte pour l’ACMI (AIRCRAFT CREW MAINTENANCE INSURANCE), dont le propriétaire se charge de supporter les charges fixes de l’Avion (A), le règlement des rémunérations du personnel de bord (C), de la Maintenance de l’avion ainsi que les frais d’Assurances (I), moyennant un loyer fixe mensuel à payer par le propriétaire de la Compagnie Aérienne.

Enfin, l’avion doit s’adapter aux besoins spécifiques de la demande et il faut prendre en compte le critère que le «Comorien ne voyage pas mais il déménage», donc il faut que ses bagages arrivent en même temps que lui.

(Problèmes rencontrés avec Kenya Airways, Air Madagascar, Air Austral…).

Question: M. Dramsi, vous êtes connu pour votre passion des chiffres et que vous seriez la mémoire vivante du pays. Aussi, je profite de vous demander de nous éclairer davantage?

Dramsi Firozali: Non, c’est trop d’honneur et je peux vous citer des noms de jeunes entrepreneurs comoriens nouvellement installés au pays surtout dans les sociétés de service qui maîtrisent les indicateurs de notre économie, qui sont des encyclopédies que je côtoie et qui m’apprennent beaucoup de choses dont je n’avais la moindre maîtrise.

Enfin, cela ne me dérange pas mais je crains de vous fatiguer: Prenons simplement les types d’avion tels que l’Embrayer ou le Boeing avec un minimum de 60 ou 100 heures par mois, qui signifie que le Loueur (la compagnie aérienne) s’engage auprès du Propriétaire qu’il utilisera l’avion durant cette durée minimum; il peut dépasser ce minimum moyennant un loyer remisé sur la partie dépassée, mais il doit payer ce minimum même si l’avion n’a pas volé du tout. Les contrats types exigent 2 mois de caution et 1 mois d’avance d’utilisation. Ce qui fait 180 heures pour l’Embrayer et 300 heures pour un Boeing sur une base de location horaire variable suivant l’avion choisi, respectivement de 600 dollars et 1100 dollars des États-Unis.

Le seuil CRITIQUE, qu’on appelle le «POINT MORT», est estimé à 70% pour ce secteur, et nos 2 opérateurs, AB et INTER, semblent y être parvenus et ont commencé à se faire craindre car ils allaient se positionner en tant que concurrents là où les gros groupes financiers opéraient dans une situation de quasi-monopole. J’essaie de comprendre et interpréter la politique des prix d’Air Austral depuis l’arrivée de nos Nationaux dans ce secteur et il m’est difficile d’expliquer la forte baisse du coût du billet aller-retour Moroni-Mayotte, qui a subi une baisse significative (50% environ), autrement que par l’arrivée de la concurrence nationale. Si ma mémoire est bonne, on payait 450 euros Moroni-Mayotte aller-retour, et aujourd’hui, on est à 205 euros!

Les autres compagnies aériennes étrangères ont suivi et accusé le coup telles qu’Air Madagascar, Précision Air et depuis l’arrivée d’Ethiopian Airlines (Jean Marc HEINTZ voulait la décourager en disant beaucoup de mal du pays et que le climat n’y était pas propice aux investissements…) les coûts pour atteindre la sous-région, la région et l’international sont devenus raisonnables.

Dernièrement, vers avril 2017, j’ai payé un billet d’avion à ma cousine pour voir son pays de naissance 20 ans après l’avoir quitté et j’ai payé le billet 636 euros en classe économique aller-retour Paris-Moroni et vers juin 2015, ayant cessé mes activités sur l’aluminium, j’ai payé le billet de rapatriement d’un jeune technicien en aller simple Moroni-Maurice sur Air Austral environ 700 euros! Et je ne cesse de continuer à penser à ces écarts de prix tolérés par notre État car ils sont inexplicables, et les sociétés étrangères ont un devoir de respect des lois de la République!

Question: M. Dramsi, vous avez réagi à vif à ce sujet du retour de nos compagnies dans le ciel comorien, êtes-vous toujours aussi objectif avec l’arrivée du nouveau venu?

Dramsi Firozali: L’aviation, c’est comme la drogue: on en demande toujours trop et voilà le piège dans lequel sont tombés nos 2 jeunes entrepreneurs, car ils ont omis de prendre en compte certains tronçons qu’on doit faire même non rentables car ils sont nécessaires pour être sûr d’effectuer le minimum du contrat.

Et puis je m’interroge sur les liens qui existent entre JMH et le Président Azali.

Peut-être un contrat pré-élections et que JMH aurait demandé ce poste pour assouvir sa soif de vengeance contre des Nationaux qui l’ont mis en faillite? Il ne faut pas oublier que connu pour sa roublardise, son complexe d’infériorité, sa jalousie morbide envers les gens qui réussissent alors je pourrais également affirmer qu’AB et INTER reprendront leurs activités si elles acceptent de respecter un protocole dans le professionnalisme qu’exige ce secteur.

Je crois savoir qu’INTER a un puissant groupe financier qui l’accompagne derrière et que AB a perdu toute crédibilité auprès des organismes prêteurs locaux; il n’est pas seul dans ce cas, et cette confiance qui doit exister entre opérateurs économiques et les Institutions Financières a été ébranlée, progressivement par des décisions de justice incompréhensibles, condamnant le banquier qui avait accepté de prêter de l’argent et de l’obliger à débloquer toute la somme promise même quand l’opérateur économique devient défaillant entre temps et donnant raison à l’opérateur économique de n’avoir pas honoré ses engagements!

Je me souviens d’une conférence de presse organisée par l’Association professionnelle des Banques ayant pour but de sensibiliser le Secteur privé sur les menaces d’un arrêt définitif de financement des organismes prêteurs si rien n’est fait par l’État et ses Institutions pour améliorer les relations entre opérateurs économiques et organismes prêteurs notamment par la prise en compte des nouvelles réformes de la Banque centrale sur la Gestion des Risques. Malheureusement, cette conférence de presse fût un échec total, et les initiateurs ont fait l’objet de poursuites judiciaires et mes amis comme Marc ATHIEL et l’avocat que j’admire Me Foutoume ont eu à répondre de leurs faits et gestes.

Et, pour conclure, sachez que JMH a été recueilli par la famille Dramsi à son arrivée aux Comores comme un fils à qui nous avions tout donné car c’était l’époque où mon fils venait d’avoir sa licence professionnelle de pilote et que le bimoteur de son patron permettait de démarrer dans ce domaine avec un bon instructeur tel que J.-M. HEINTZ. Je peux dire que JMH est un très bon pilote de ligne, mais sa jalousie a mis fin à notre amitié. Après 10 mois d’exploitation de Comores Sans Frontières, JMH a pu dénicher l’avion idéal pour les Comores, utilisant du JetA1 au lieu de l’Afgas par ses relations d’Afrique du Sud mais que J.-M HEINTZ se croyant lésé dans ce secteur, qui était très porteur, m’a quitté en détournant ma mise de fonds à la création de COMORES SANS FRONTIÈRES à hauteur de 140.000 dollars des États-Unis et que j’ai gagné mon procès, défendu en main de maître par Feu notre célèbre avocat TOINETTE.

JMH a donc créé sa propre compagnie aérienne Comores Aviation, et progressivement, il a éliminé Comores Air Services (société sud-africaine), Comores Sans Frontières et Aéro-Marine, et évolue vers l’International avec un pool français. Les nouveaux venus sur le marché ont commencé à faire la même chose et JMH fut obligé de déposer bilan. Il fallait donc que ce personnage trouve un tremplin pour sauter sur ses adversaires et travailler pour d’autres groupes français et européens et commence alors le travail de sape.

Voilà mon impression. Alors, vous verrez que les Compagnies Aériennes Nationales vont proliférer avec une concurrence qui va faire profiter la population donc le côté social. Cette concurrence fera que l’Opérateur National voudra nouer des relations de jumelage avec des compagnies régionales pour atteindre l’International.

Le Président Azali est un homme d’honneur, et en tant qu’homme d’honneur, il respecte sa parole et ne lâche jamais ses amis. Il croyait avoir trouvé la perle rare et a accepté sans réagir tout ce qu’on a dit sur cette nomination mais je pense qu’il voulait que les opérateurs économiques qui travaillaient dans ce secteur névralgique ne dorment pas sur leurs lauriers s’agissant de la sécurité aérienne et de la sécurité des passagers. Il vient de le mettre à l’écart mais son remplaçant a beaucoup plus de responsabilité car, étant Comorien, il sera plus vulnérable aux diverses interventions de la notabilité comorienne et, je reste sceptique quand je vois les réactions sur les réseaux sociaux qui vont vers la délivrance des licences d’exploitation aux compagnies nationales quelle que soit leur situation financière.

Au contraire, mon frère et ami Chanfi, si tu lis ce message, tu devras être très vigilant sur la sécurité aérienne et la sécurité des passagers que le Président Azali a mis en première ligne des priorités, et toute impasse peut te nuire.

Le Développement économique de notre Patrie passe par des sacrifices et des efforts supplémentaires pour améliorer la qualité de vie de la Population, et le volet social ne doit pas être négligé. Si une entreprise nationale reste individuelle alors elle disparaîtra car la mondialisation et la globalisation de l’économie exigent une optimisation de la gestion des charges, et nous devons tous travailler la main dans la main en favorisant le jumelage, le partenariat, la création de Groupements Économiques.

Le Président Azali et son équipe gouvernementale font d’énormes efforts pour installer un climat propice à l’investissement, et un Nouveau Code des Investissements avec des Incitations Financières parmi les meilleures du monde. Alors prions Allah le Plus Clément et le Plus Miséricordieux pour la réussite de l’Imam Azali.

Par Dramsi Firozali

Le copier-coller tue la blogosphère comorienne. Cela étant, il est demandé amicalement aux administrateurs des sites Internet et blogs de ne pas reproduire sur leurs médias l’intégralité des articles du site www.lemohelien.com – Il s’agit d’une propriété intellectuelle.

© www.lemohelien.com – Vendredi 8 septembre 2017.


Partagez sur

Laisser un commentaire

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.