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Danse des faux soilihistes sur la tombe du Guide

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Des soilihistes autoproclamés assassinent une deuxième fois Ali Soilihi

Par ARM

   Les soilihistes de fin de semaine, donc des soilihistes autoproclamés et situés aux antipodes de l’idéologie et de l’action du chef de la Révolution comorienne, s’apprêtent à célébrer, ce 3 août 2015, le 40ème anniversaire de la prise du pouvoir par coup d’État par Ali Soilihi le 3 août 1975. Quel destin tragique et quelle dramatique perte dans le labyrinthe de l’Histoire que l’immense supercherie qu’est la relation entre Ali Soilihi (Président des Comores de 1975 à 1978) et ses «inconsolables» «héritiers» et «fils spirituels» autoproclamés, quand les vrais soilihistes se recueillent en silence et dans la discrétion. Pour comprendre toute l’étendue de cette farce sinistre, il faut effectuer un voyage dans le temps et se replacer dans le contexte de l’année 1969. C’était une année charnière dans le lancement des programmes spatiaux Apollo aux États-Unis. En cette année-là, des jeunes de Djoiezi, Mohéli, passaient la nuit à la plage comme cela se faisait souvent à l’époque. Tout à coup, l’un d’entre eux s’écria: «Une navette spatiale Apollo passe au dessus de nos têtes!». On vit alors l’un d’entre eux allumer sa torche pour tenter d’éclairer le petit point lumineux qu’était la navette spatiale en question à plusieurs kilomètres dans l’espace. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui quand on parle d’Ali Soilihi, que des soilihistes circonstance et autoproclamés veulent éclairer à la lumière de torches dont le faisceau de lumière n’a pas un rayon d’action dépassant 1 mètre, mais devant montrer un homme qui est dans l’au-delà. Donc, forcément, il y a un grand problème entre le Président Ali Soilihi et ceux qui se réclament de lui sur le tard, dans un esprit de manipulation malsaine et dont toute l’activité politique a été une grave injure à sa personne quand il était vivant, et une insupportable insulte à sa mémoire depuis son assassinat par un politicien grand-comorien le 29 mai 1978.

   On pourrait dire beaucoup de choses de ces «soilihistes» qui se sont ruinés dans les dépenses somptuaires de leur Grand Mariage, que combattait Ali Soilihi. On pourrait dire beaucoup de choses de ces prétendus soilihistes qui rampent devant le charlatan enturbanné et ultraconservateur qu’est Ahmed Sambi, qui représente tout ce qu’Ali Soilihi combattait et rejetait, et qui veulent récupérer la mémoire du chef de la Révolution pour le chef du Juwa. L’incongruité de la situation est d’autant plus réelle que ceux qui se réclament de l’héritage d’Ali Soilihi ne s’entendent que pour ne jamais s’entendre. Et quand on pose à cet ancien collaborateur du chef de la Révolution comorienne la question sur cette mésentente historique entre soilihistes réels et autoproclamés, son jugement devient un véritable laser: «Ces gens qui se disent hypocritement soilihistes n’arriveront jamais à s’unir parce qu’ils ne connaissent même pas Ali Soilihi et ils ne méritent pas de se réclamer de lui. Ils ont détourné l’argent par lequel Ali Soilihi avait mandaté Yves Lebret pour acheter un avion en Italie. Ils ont collaboré avec ceux qui ont renversé Ali Soilihi. Ils ont ouvert les portes aux mercenaires le 13 mai 1978. Ils ont vendu les meubles des bâtiments des “Moudiria”. Ils ont trahi Ali Soilihi aux Nations Unies et dans les autres enceintes internationales. Ali Soilihi a été trahi par ceux qui, aujourd’hui, se réclament de lui. La honte suprême provient du fait qu’Ahmed Sambi, un ultraconservateur fasciste, est en train de récupérer la mémoire d’Ali Soilihi, en envoyant au charbon Fahmi Saïd Ibrahim et Bourhane Hamidou, tous deux candidats à l’élection présidentielle de 2016. Ce sont ces deux sambistes devenus soilihistes de circonstance et en cachette qui orchestrent toute la mascarade autour de la mémoire d’Ali Soilihi. Depuis qu’ils assistent à un regain d’intérêt autour du nom et de l’œuvre d’Ali Soilihi, ils y ont vu un filon politique. Ils ont constaté que partout à Moroni, les discours d’Ali Soilihi font recette, même dans les taxis. Ils sont en train de tuer ce pauvre Ali Soilihi une seconde fois. Honte à nous tous!». Que ceux qui doutent de l’authenticité de ce témoignage appellent mon ami Ahmed Youssouf dit Alley, à Cergy. Depuis qu’on lui a dit tout ça, il est devenu un homme brisé.

   Celui qui parle ainsi est un homme amer, qui estime qu’il y a un détournement honteux et inacceptable de la mémoire d’Ali Soilihi de la part de ceux qui ont décidé d’en faire un fonds de commerce électoral. En d’autres termes, les «puristes» du soilihisme observent avec mépris les «traîtres» et parlent d’eux avec dédain. Les «puristes» estiment que les «traîtres» y ont été pour beaucoup dans le renversement et dans l’assassinat d’Ali Soilihi.

   D’ailleurs, alors que Mouzaoir Abdallah, ministre des Affaires étrangères d’Ali Soilihi, est associé à la mascarade du 3 août 2015, on lit sous la plume d’Alain Deschamps, Ambassadeur de France à Moroni de 1983 à 1987: «Mouzaoir Abdallah, ancien président de la Chambre des Députés, passait pour le Comorien politicien le plus subtil de tout l’archipel. Il est vrai qu’il avait trahi Saïd Ibrahim puis Ahmed Abdallah et que, ministre des Affaires étrangères d’Ali Soilihi, il avait, aux Nations Unies, défendu si mollement la cause de ce dernier qu’on avait pu le croire, sans doute à tort, stipendié par les services français», in Alain Deschamps: Les Comores d’Ahmed Abdallah. Mercenaires, révolutionnaires et cœlacanthe, Karthala, Collection «Tropiques», Paris, 2005, p. 76. N’est-ce pas pour avoir constaté que Mouzaoir Abdallah n’était loyal envers le régime politique dont il était la vitrine extérieure que ce jeune de Djoiezi, de retour de New York dans la délégation du ministre, a refusé de rentrer aux Comores, constatant que trahir Ali Soilihi signifiait trahir les Comores? Le Djoiezien fit défection et resta en France jusqu’à son départ à la retraite en 2009.

   L’hypocrisie des soilihistes autoproclamés ouvre la voie à une grave crise mémorielle, et il arrivera un jour où on devra chercher à savoir qui doit parler au nom de la mémoire d’Ali Soilihi et qui doit se taire quand son nom sera prononcé. En réalité, le comportement de nombreux soilihistes autoproclamés pose problème parce qu’on sait que leur cœur n’y est pas. Depuis la fin de la décennie 1980, on a assisté à l’agonie de l’idéal révolutionnaire et progressiste. Les soilihistes sincères se recrutent plus hors du soilihisme institutionnel qu’en son sein. D’ailleurs, la chose n’est pas nouvelle et on a pu le constater dès la tentative de libéralisation du régime politique comorien par le Président Saïd Mohamed Djohar, quand les soilihistes créèrent nombre de carcasses d’hyènes et autres carcans pompeusement baptisés «partis politiques», pour ne pas s’unir entre gens censés avoir la même direction politique.

   Naturellement, ceux qui admirent de loin l’action de ceux qui veulent maintenir en vie le souvenir d’Ali Soilihi et qui découvrent avec effarement que tout n’est que mensonge et manipulation sont effondrés et se disent trahis, en plus d’avoir à vivre avec le deuil d’un Ali Soilihi qu’on continue à trahir même au-delà de la mort, dans la tombe. Les mêmes traîtres ont déjà fait la fiesta au-dessus de sa tombe. Cette trahison de plus rouvre les plaies non cicatrisées dans l’âme de ceux qui ne comprennent pas comment cet homme qui aimait passionnément et sincèrement les Comores a été trahi par son Premier ministre, son ministre des Affaires étrangères et par d’autres. Abdillah Mohamed, le Premier ministre, passait son temps à demander aux pays arabes de ne pas aider les Comores, justement pour ne pas aider «l’athée» Ali Soilihi et son régime politique. Il devint Premier ministre d’Ahmed Abdallah, au lendemain même du coup d’État du 13 mai 1978, qui renversa Ali Soilihi! Faut-il une preuve supplémentaire de ses sentiments envers Ali Soilihi? Depuis, la trahison n’a pas cessé, la plus morbide et la plus inacceptable étant la tentative de récupération de la mémoire d’Ali Soilihi par Ahmed Sambi et ses crypto-sambistes pour se faire élire.

   Le mardi 3 février 2015, le sujet sur le soilihisme des soilihistes du 3 août 2015 a été abordé en présence de l’Inspecteur Ahamada, qui se pose de lancinantes questions sur la chose. Le vrai soilihiste qu’est le Grand Docteur Youssouf Saïd Soilihi, Président du Parti Djawabu, disait ceci au cours d’une interview qu’il nous avait accordée le vendredi 22 novembre 2013: «Notre idéologie est celle prônée jadis par le Président Ali Soilihi. Or, je constate que beaucoup de partis politiques comoriens n’ont pas d’ancrage idéologique et font dans le flou. Nous voulons réunir tous ceux qui se reconnaissent en Ali Soilihi. Au risque de me répéter, il faut une structure partisane unique pour les soilihistes».

   Aujourd’hui, une chose est certaine: Ali Soilihi n’a pas encore trouvé des héritiers à la mesure de son talent et de son incommensurable amour pour les Comores. Et rien n’est plus choquant que de voir des gens qui ne sont pas fidèles à son idéal de justice économique et sociale le tuer une seconde fois, en se réclamant de lui de la façon la plus hypocrite et la plus éhontée. Ils utilisent la lampe-torche du garçon à la plage de Djoiezi pour tenter d’éclairer ce qui est hors de portée de la lumière inexistante de la lampe en question. Et si, faute d’héritiers sincères, on laissait Ali Soilihi tranquille dans sa tombe au lieu de faire de ce lieu de recueillement une salle de fêtes et de danses?

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Dimanche 12 juillet 2015.


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