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Youssouf Saïd: Un homme aux fortes convictions civiques

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Youssouf Saïd: Un homme aux fortes convictions civiques

Intellectuel accompli, républicain dévoué, démocrate engagé

Par le Docteur Halidy

     Né en 1957 à Ntsaweni, chef-lieu du Mboudé (Ngazidja) et ville de Mtsamwendza reconnu comme étant le premier à être parti en Arabie à l’aube de l’Islam dans l’espoir de rencontrer le Prophète (la Paix et la Bénédiction de Dieu), Youssouf Saïd Soilihi a été à la fois un militant engagé et un homme de grande culture, avec un Doctorat en Économie obtenu à l’Université de Montpellier.

Investi parmi les responsables à l’échelle insulaire puis au niveau national des Comités de la Jeunesse Révolutionnaire, sous le régime d’Ali Soilihi (3 août 1975 – 13 mai 1978), il s’était décidé cependant par la suite à aller poursuivre ses études supérieures en Algérie. Il avait fait cela avant de s’installer en France, après la chute du «Mongozi» Ali Soilihi. Il était devenu alors le 1er responsable de l’Organisation de la Jeunesse Comorienne (OJC) en vue d’entretenir les idéaux soilihistes et de contribuer à la lutte contre le pouvoir mercenaire de Robert «Bob» Denard aux Comores.

Après l’assassinat du Président Ahmed Abdallah Abderemane dans un contexte international bouleversé à la fois par la fin de l’apartheid en Afrique du Sud et la chute du Mur de Berlin, Youssouf Saïd Soilihi était retourné aux Comores, soutenant l’expérience de démocratisation sous le Président Saïd Mohamed Djohar. Toutefois, professionnellement, il choisit alors une brève carrière internationale au sein du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) à Moroni et à l’Agence Internationale de la Francophonie, avec des nominations au Gabon et en Suisse.

À la mort du Président Mohamed Taki Abdoulkarim, il regagna encore une fois le pays, comme candidat du Parti Djawabu («Réponse», en comorien), qu’il a fondé, d’obédience soilihiste mais, avec un regard critique à la fois sur la politique agraire conçue sous la Révolution et sur l’attitude à l’égard du système social du Anda na Mila (La Grande Tradition), pour mieux épouser les pratiques démocratiques et les réalités socioculturelles comoriennes.

Durant la première décennie des années 2000, il fut successivement Vice-président de l’Assemblée nationale, Maire de Ntsaweni, secrétaire général de la Présidence de l’Île autonome de Ngazidja, alors dirigée par Mzé Soulé Elbak contre l’autoritarisme du putschiste Assoumani Azali et, ensuite, membre du Gouvernement de l’Île sous la Présidence de Mohamed Abdouloihabi, contre le centralisme du Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi.

Depuis 2016, tout en poursuivant sa carrière professionnelle, notamment comme enseignant à l’Université, il s’était engagé dans l’opposition, plus particulièrement en se mobilisant contre la dérive dangereuse contre l’État, le Droit et la Constitution, suite aux mascarades électorales du référendum en 2018 et des élections présidentielles anticipées qui n’ont même pas eu lieu en 2019, luttant contre une volonté manifeste de modifier la Constitution et à prolonger indéfiniment le mandat du Colonel putschiste multirécidiviste en fraudes électorales (2002, 2016, 2018, 2019 et 2020) Assoumani Azali.

Il a été donc jusqu’à son dernier souffle un membre éminent de la Résistance contre la dictature et un défenseur de l’unité nationale consacrée par l’Accord-cadre de réconciliation nationale du 17 février 2001, à travers la Présidence tournante et l’Autonomie des îles.

Patriote, combattant de la liberté, enseignant émérite et auteur, Youssouf Saïd Soilihi fut un homme d’État au service du peuple.

Dans l’action publique comme dans la vie privée, on le connaissait aussi pour son attitude humble et joviale, permettant à chacun, hommes et femmes, les notables comme les jeunes, de dialoguer avec lui, dans la promotion des principes et des valeurs, avec simplicité et respect de l’autre. Il a mené une vie durant laquelle, il mit un point d’honneur, en tant que parent à inciter ses 8 enfants à bien réussir dans leurs études de haut niveau et dans l’engagement sociopolitique.

Repose en paix, frère Youssouf. Qu’Allah veuille bien t’accorder Son infinie Miséricorde t’accueillir dans Son Paradis parmi les martyrs des causes nobles de l’humanité.

«Inna lillah wa inna ilayh rajiouna»: «À Dieu nous sommes, à Lui, nous retournons». Sincères condoléances attristées à la famille et à tous les proches. Paix aux âmes des Justes «Allahumma amine»!

Par le Docteur Halidy, Président de l’Appel de Paris pour l’État de Droit

Texte lu lors de la manifestation de l’Appel de Paris, Place de la République, ce dimanche 6 mars 2022, en hommage au cher patriote disparu.

© www.lemohelien.com – Lundi 7 mars 2022.


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