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Thani Mohamed Soilihi en guerre contre le droit du sol

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Thani Mohamed Soilihi en guerre contre le droit du sol

Le Sénateur de Mayotte en accord avec le Député de l’île

Par ARM

     Une fois de plus, il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que les Comoriens de tous âges qui meurent dans le bras de mer séparant Anjouan et Mayotte constituent un drame humain qui doit fouetter et secouer les consciences. C’est devenu un rituel macabre. Chaque semaine, on annonce des dizaines de morts dans le bras de mer séparant Anjouan de Mayotte. Dans le pire des cas, on annonce des décès, et dans «le meilleur des cas», on parle de «portés disparus». Sauf que les portés disparus sont des morts enfouis dans les eaux de l’océan Indien et dont on n’a pas retrouvé le corps. Or, ils sont bien morts. Une stupidité hypocrite veut que les «bons et vrais Comoriens» crient sur les toits qu’il faut que l’Union des Comores refuse d’accueillir les refoulés de Mayotte. Mais, par Dieu, cette péroraison règle quel problème de fond alors que le mal se situe dans la manière désastreuse par laquelle le pays est administré par des gens insouciants et inconscients du drame du peuple? La résine qui sert à la fabrication des embarcations de fortune vient de Madagascar en direction de Domoni, Anjouan. Les autorités le savent. Elles savent également qui fabrique ces embarcations de la mort. Mais, elles font quoi pour qu’un drame humain soit évité? Rien. Le bon Maître Ali Abdou El-Aniou, Président du prétendu «Comité Maoré», est toujours prompt à dénoncer les «collabos», c’est-à-dire ceux qui ne pensent pas comme lui. Mais, on ne l’a pas entendu faire des propositions révolutionnaires sur Mayotte…

     Regardez les images de ces corps de femmes, d’hommes et d’enfants flottant dans les eaux de l’océan Indien. Des femmes comoriennes enceintes jusqu’aux yeux tentent la traversée parce qu’elles veulent que leurs enfants naissent à Mayotte pour devenir Français un jour. Souvent, ces femmes n’arrivent jamais à destination. Elles meurent durant la traversée. Si aujourd’hui, on supprimait le droit du sol à Mayotte, cette île perdrait une partie de son attractivité, donc plus aucune femme ne perdrait la vie dans l’océan en voulant donner naissance à un enfant qui deviendrait des années plus tard un Français aux cheveux blonds et aux yeux verts, tout en étant le bébé né de parents noirs. Allons plus loin et constatons que même si aujourd’hui, la France, dans un grand élan de magnanimité, supprimait le visa pour les Comoriens voulant se rendre à Mayotte, les Comoriens ne prendraient pas tous l’avion ou le bateau répondant aux exigences de sécurité, et nombreux seraient ceux qui prendraient les embarcations de la mort. À un moment donné, les gens doivent arrêter l’hypocrisie.

     En tout cas, à quelques kilomètres de Domoni, d’où partent bon nombre d’embarcations de la mort, vit Thani Mohamed Soilihi, Sénateur de Mayotte qui, à Paris, mène une intense activité parlementaire pour une réforme du droit du sol. Il sait que la mission est très difficile parce que la même Loi doit s’appliquer sur l’ensemble du territoire français, mais ce n’est pas pour autant qu’il va baisser les bras. Il le dit, la langue droite et unie: «Je ne suis pas le premier à avoir soulevé la question. C’est Mansour Kamardine, alors Député, qui a en premier déposé un projet de loi. Mais, ce projet n’a pas pu dépasser le cap de son propre groupe. Pour ma part, j’ai toujours dit qu’il fallait un débat dépassionné ne subissant pas la pression des périodes électorales car le sujet est délicat. L’article 1er de la Constitution stipule que la France est une et indivisible, signifiant qu’il ne peut y avoir plusieurs modes d’attribution de la nationalité.

     En ce sens, Mayotte ne pourrait avoir un régime dérogatoire. Mais, mon avis sur la question n’est pas fermé, le sujet peut être paisiblement traité, et la solution pourrait être par exemple, si le Conseil d’État ne validait pas l’amendement du Député, l’expérimentation. À titre expérimental et pour une période donnée de 5, 10 ou 20 ans, ce tour de passe-passe juridique serait susceptible d’autoriser la réforme du droit du sol à Mayotte. Dans tous les cas, je suis d’accord avec la démarche entreprise par Ibrahim Aboubacar [Député de Mayotte] car il faut dire une bonne fois pour toutes aux gens ce qui est faisable et ce qui ne l’est pas. Mais, la réforme du droit du sol n’est pas la solution en soi. Il doit y en avoir plusieurs, sans doute des dizaines, et il serait une erreur de croire que tout se résoudra par cette réforme»: Cité par Samuel Boscher: «Le droit du sol ne saurait être la seule solution», France Mayotte Matin n°1409, Mamoudzou, vendredi 14 octobre 2016, p. 9.

     Soyons lucides. Toute la problématique sur la réforme du droit du sol à Mayotte a été ravivée au moment même où le «pouvoiriste» polygame Azali Assoumani était allé réciter son petit cours d’orthographe à Paris. Ce n’est pas un hasard. «À la décharge» du dictateur de Moroni, la question de Mayotte ne l’intéresse pas. Naturellement, devant micros et caméras, il s’oblige à faire bonne figure, mais, en réalité, il n’a aucune marge de manœuvre sur le sujet. Il n’était pas à Paris pour régler un problème qui le dépasse, mais pour donner des gages sur sa volonté à ne pas faire perdre du temps aux autorités françaises, qui ont d’autres sujets à traiter, surtout à quelques mois d’élections présidentielles et législatives qui agitent déjà la classe politique.

     Ne nous trompons pas. Élus mahorais de Droite et de Gauche ont la même approche sur le sujet de l’immigration des Comoriens à Mayotte, et donc sur le droit du sol. D’ailleurs, leur approche est très simple: «Mayotte n’est pas comorienne et le deviendra jamais», il faut mettre fin à la migration des autres îles de l’Archipel des Comores vers leur île et il faut que les enfants comoriens naissant à Mayotte ne deviennent pas ipso facto des Français comme tout autre enfant naissant sur le territoire français.

     Il est vrai qu’il y a des problèmes économiques et sociaux d’une grande gravité aux Comores. Pourtant, un minimum de dignité et de responsabilité devrait inciter les parents à ne pas jeter leurs enfants en bas âge munis des passeports de leurs cousins français dans des avions en direction de Paris. Les Comoriens doivent mettre un terme au lugubre spectacle de leurs enfants abandonnés dans les rues de Mayotte et dont la seule route semble être celle de la délinquance et de la criminalité. Ce n’est pas être un «collabo» (terme très cher à Maître Ali Abdou El-Aniou) que de dire qu’il est temps pour les autorités comoriennes d’arrêter leur criminalité et aux citoyens d’épargner à leurs familles des deuils interminables. Le reste ne relève que de la démagogie.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Samedi 15 octobre 2016.


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