Créer un imbroglio politico-institutionnel pour diviser les Comoriens
Par le Docteur Ali Abdou Mdahoma
Le 21 septembre 2015, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine (UA), après avoir examiné, au cours de sa 545ème réunion, la situation aux Comores, a rendu public un communiqué de la plus haute importance, dans lequel il «exprime sa préoccupation face aux tentatives de certains acteurs politiques comoriens de remettre en cause le principe de la présidence tournante, tel que consacré par la Constitution comorienne. Le Conseil met en garde contre ces tentatives et contre toute autre action de nature à créer des tensions et à compromettre les avancées enregistrées dans le processus de réconciliation et de stabilisation des Comores». Depuis la publication de ce communiqué, les langues se délient pour constater que toute tentative de déstabilisation des Comores lors du scrutin présidentiel de 2016 sera sévèrement châtiée parce qu’on ne veut pas de désordre aux Comores. La communauté internationale et les Comoriens épris de paix et d’amour pour leur pays veulent qu’en 2016, les élections se déroulent sans anicroche, ni larmes, ni sang, ni discorde au sein de la population.
La présidence tournante comme on l’appelle fut une mesure palliative pour calmer les esprits et trouver enfin une solution à la crise séparatiste qui avait secoué et affecté l’île sœur d’Anjouan du 18 février 1997 aux assises de Fomboni en février 2001, Assises qui ont débouché sur l’Accord-cadre de réconciliation national du 17 février 2001. Le séparatisme couvait parce que des Anjouanais estimaient que l’équilibre entre les îles était rompu, et la boîte de pandore avait révélé son contenu maudit à cette date ô tristement célèbre du 3 août 1997, quand Abdallah Ibrahim hissa le drapeau tricolore pour demander la recolonisation de l’île d’Anjouan par la France, après avoir proclamé l’indépendance de cette île par rapport à la République fédérale islamique des Comores.
Qu’est ce qui s’est réellement passé pour en arriver là? Les deux autres îles sœurs frustrées du fait que la quasi-totalité des Présidents des Comores depuis l’abandon du monolithisme politique et de la candidature unique émanaient d’une seule île (Ngazidja) voulaient en finir et instaurer un système équitable susceptible de donner la chance aux cadres des autres îles. Mais, les partisans du séparatiste Mohamed Bacar encouragés par plusieurs Anjouanais ont signé et persisté sur la présidence tournante, la demande de cette présidence étant présentée initialement par les Mohéliens. Après moult débats houleux suivis de l’indignation de certains intellectuels visionnaires qui stigmatisaient ce système, on a abouti à cette présidence tournante, instaurée pour que le Président comorien ne soit pas originaire de la seule île de la Grande-Comore. Mais, comme par hasard, Ahmed Sambi, un de ceux-là même qui ont dit «la tournante ou rien», veut mystérieusement revenir à la décision nationale car selon lui et ses hommes, ce n’est pas un bon système. Où allons-nous?
J’ai été très choqué d’entendre un Vice-président de la République en la personne de Fouad Mohadji, de tenir des propos injurieux et irresponsables à l’égard de son collègue Mohamed Ali Soilihi. En effet, il incrimine le Vice-président Mohamed Ali Soilihi d’être né à Madagascar comme s’il était la seule autorité politique comorienne née à l’étranger, alors qu’à Madagascar sont nés également Omar Tamou, les Présidents Ali Soilihi et Saïd Mohamed Djohar, Saïd Ibrahim, Ali Mlahaïli, le Docteur Youssouf Saïd Soilihi, le Général Salimou Mohamed Amiri, Mme Moinaécha Youssouf Djalali, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, etc. Les enfants comoriens nés en France et ailleurs sont donc exclus et stigmatisés par les propos du Vice-président Fouad Mohadji. Ce n’est pas digne d’un responsable politique de haut niveau comme Fouad Mohadji de se pencher tellement du côté d’Ahmed Sambi jusqu’à indexer les Comoriens nés à l’étranger. Cela étant, je déplore et condamne fermement l’attitude adoptée par ce Vice-président. Le débat contradictoire et constructif est banni dans les antennes de l’ORTC par les acolytes d’Ahmed Sambi, dont il se réclame, des acolytes qui perdent leur sang-froid chaque fois qu’ils sont de passage sur les plateaux de la télévision nationale. Les attaques personnelles qui visent la personne physique dans un État démocratique et donc un État de Droit sont à bannir car c’est une diffamation mais le Vice-président Mohamed Ali Soilihi n’est pas quelqu’un d’agressif et de désagréable. Heureusement, d’ailleurs. Heureusement.
Un membre très influent du Parti Juwa s’est permis, sans tenir compte de la Constitution, de dire que ce sont les îles qui tournent oubliant au passage qu’une île n’est une que lorsqu’elle est peuplée et qu’en démocratie, c’est le peuple qui est souverain. Le peuple d’Anjouan s’est exprimé en 2006 et celui de Mohéli en en 2010 en choisissant respectivement Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine lors des élections primaires. Le bal a été ouvert en 2002 par les Grands-Comoriens. Aujourd’hui le peuple de Ngazidja veut, à son tour, s’exprimer et, ma foi, laissez le tranquille! Les Grands-Comoriens et les Comoriens des autres îles veulent qu’on les laisse en paix. Personne n’intimidera les Grands-Comoriens. Les Grands-Comoriens et seulement les Grands-Comoriens iront aux urnes pour choisir trois Grands-Comoriens aux élections primaires de 2016. Les zozos qui veulent brûler des étapes parce qu’assoiffés du pouvoir doivent prendre leur mal en patience car on ne badine pas avec le pouvoir de l’État. Les Comores ne sont pas la Somaliland. Les Grands-Comoriens ont patienté pendant 10 ans sans coup férir, pourquoi aujourd’hui les impatients veulent amuser la galerie et le tapis en rotant comme des taureaux sauvages? De même des nostalgiques veulent organiser des assises qu’ils veulent faire déboucher sur un gouvernement d’union nationale ou de transition, alors qu’aucune urgence ne l’exige. Décidemment ceux-ci stigmatisent le bilan de 40 ans d’indépendance ont du pain sur la planche. Les Azalistes, eux, implorent le retour à Anjouan du tristement, honteusement réputé Mohamed Bacar avec ses disciples, pour se donner bonne conscience. En réalité, quel est le problème avec la présidence tournante? La présidence tournante est une affaire très simple que veulent compliquer les pires des Comoriens. Mais, nous les regardons et ne les laisserons pas faire pour détruire notre pays.
Par le Docteur Ali Abdou Mdahoma
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© www.lemohelien.com – Samedi 3 octobre 2015.