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Où va la risible et folklorique diplomatie comorienne?

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Où va la pathétique et folklorique diplomatie comorienne?

Les louanges de Momo sur Mohamed Elamine Soeuf attigent

Par ARM

      Il s’appelle Mohamed Soilihi dit Momo. Beaucoup de gens le détestent aux Comores et au sein de la communauté comorienne vivant en France. Ses amis et obligés le disent crédible même auprès des autorités françaises. Ses ennemis, nombreux à Foumbouni, le traitent de pur charlatan doublé d’un mégalomane qui se vante souvent d’avoir ses entrées auprès des plus hautes autorités françaises. On lui doit le bain de foule de François Hollande en Grande-Comore en août 2014, et ses ennemis l’accusent de kidnapping de chef d’État étranger ce jour-là. Pour tout dire, Momo en fait trop, et cela le conduit des fois à des accusations de démagogie et de mensonges.

Momo est très industrieux et «capable». Il vient de trouver un nouveau filon, qui va lui permettre de prospérer. Ce filon s’appelle Mohamed Elamine Soeuf. Les louanges de Momo au ministre des Affaires étranges qui lui sont étrangères sont cousues de fil blanc. Voici l’une ses perles: «Nous vivons dans un monde globalisé, et pour réussir il faut un renouveau diplomatique, il fallait naturellement placer à sa tête un diplomate de “la meilleure eau”. Et Amine Soeuf est de ceux-là. Il est à la fois francophone et arabisant, et subtil connaisseur des rouages des institutions internationales parfaitement inséré au système des Nations Unies. Il sera un collaborateur de la plus grande efficacité». Et là, Momo donne à ses nombreux ennemis une occasion supplémentaire de le haïr et de le mépriser, notamment quand il crâne et pérore en ces termes, parlant de sa nouvelle coqueluche, Mohamed Elamine Soeuf: «C’est l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, le moment qu’il faut». Sacré Momo!

      Naturellement, Momo se trompe, et il se trompe lourdement. S’il avait fait des études en Diplomatie et appris les qualités requises pour être un bon diplomate, il aurait traité son idole de charlatan pour maquignons. Remontons à quelques siècles, pour voir comment l’homme d’État iranien, Nizam Al-Moulk (1018-1092), collaborateur des sultans turcs seldjoukides, détaillait les qualités du diplomate, qualités qui manquent toutes à un Mohamed Elamine Soeuf: la connaissance du Coran dans son intégralité, la prévoyance, une bonne présentation physique (Dieu du Ciel!), la sagesse, la loyauté (en 2013-2014, Mohamed Elamine Soeuf était pour Houmed Msaïdié Mdahoma contre le «ventriote» Azali Assoumani Boinaheri, son cousin), la discrétion (Oh là!), la hardiesse, la connaissance parfaite du monde, l’érudition (le «Doctorat» sans le DEUG), l’expérience et la sagesse apportées par l’âge, la confiance qu’inspire l’envoyé au roi, le courage, la bravoure et la noblesse (Tut, tut, tut).

En effet, pour Nizam Al-Moulk, les princes, «quand ils sont intelligents et avisés, amendent leur caractère, adoptent une conduite sage, choisissent des hommes éprouvés et loyaux pour leur confier la conduite des affaires, et mettent tous leurs soins à ce que personne ne puisse leur adresser des critiques. On confiera la charge d’ambassadeur à un homme ayant l’habitude de servir les princes, hardi, sachant retenir sa langue, ayant parcouru le monde, possédant des connaissances dans toutes les sciences, sachant le Qoran par cœur, prévoyant et ayant une bonne tournure et une heureuse physionomie. Il est préférable qu’il soit âgé et instruit. Si le prince confie une mission à un de ses familiers, cela ne pourra qu’augmenter la confiance que l’on accordera à celui-ci, et s’il envoie un homme brave, courageux, bon cavalier et guerrier renommé, cela sera parfait. Le roi semblera montrer par là que tous ses sujets ressemblent à ce hardi champion. Il vaut encore mieux qu’il soit d’une noble race, car sa noblesse lui fera attribuer un rang plus élevé et augmentera sa considération»: Nizam Al-Moulk: Traité de gouvernement. Traité du gouvernement (Siyaset-Name), Traduit du persan et annoté par Charles Schefer, Éditions Sindbad, Paris, 1984, pp. 167-168 (Première édition en français, École des Langues orientales vivantes, Paris, 1893).

Toujours selon Nizam Al-Mulk, le diplomate doit bien connaître le pays étranger visité: état des défilés et des voies de communications, le réseau hydraulique, le ravitaillement des Forces Armées, la satisfaction ou l’insatisfaction de l’Armée, la capacité militaire du pays visité, le style de vie du prince, «des informations sur sa table, sur ses réunions intimes, sur l’organisation de sa Cour et sur ses habitudes», ses loisirs, «sa manière d’être, ses largesses, sa mine, sa générosité, sa tyrannie ou son équité», son âge, son niveau d’instruction, sa richesse ou sa pauvreté, son avarice ou sa générosité, «s’il est religieux et d’une bonne conduite, si ses Généraux sont expérimentés, si ses courtisans sont savants, intelligents ou non», ce qu’il aime et ce qu’il déteste, «savoir s’il est expansif et gai quand il s’est livré au plaisir du vin», sa propension ou non à la compassion, «si son penchant l’entraîne plus vers l’amour et les propos lestes, ou vers les mignons ou les femmes»; le système de recueil de l’information n’a qu’un but: «De la sorte que s’ils veulent, à un moment donné, l’attaquer, s’opposer à ses projets ou critiquer ses défauts, comme ils sont fixés sur tout ce qui le concerne, ils peuvent réfléchir aux mesures à prendre dans ces circonstances. Ils connaissent les qualités et les vices du prince et agissent en conséquence»: Nizam Al-Moulk: Traité de gouvernement. Traité du gouvernement (Siyaset-Name), op. cit., pp. 164-165.

Nous savons tous que Mohamed Elamine Soeuf se contente de remplir ses poches et son gros ventre, et qu’il n’est pas connu pour sa capacité de réflexion et de travail organisé. En ce début de XXIème siècle, les mots suivants de Dominique de Villepin pourraient lui être d’une grande utilité, s’il sait lire: «À force de scruter les visages, le diplomate connaît toutes les ruses de l’âme humaine. Dans le Dictionnaire des synonymes, Condillac entendait le réduire au statut d’espion “autorisé par le droit des gens”. Or le diplomate est savant, archéologue ou grammairien quand il déchiffre l’énigme des motivations politiques. Il s’improvise géographe pour dessiner des cartes et décider du sort de populations entières. Il devient parfois prophète lorsqu’il ne s’accommode pas des injustices faites à une nation. Il est l’éternel écrivain du roman national et de l’épopée internationale. Il défend avec passion les idées et les convictions qui ont fait battre son cœur. À commencer par l’obsession de l’équilibre contre le chaos, identitaire ou mondial, et, si celui-ci advient, l’acharnement à trouver le salut dans le mouvement »: Dominique de Villepin: Présentation, in Françoise Autrand, Lucien Bély, Philippe Contamine et Thierry Lentz: Histoire de la diplomatie française. Tome I. Du Moyen-âge à l’Empire, Éditions Perrin, Collection «Tempus», 2ème édition, Paris, 2007, p. 9.

Cher Momo, flagorneries mises à part, vois-tu ton ami Mohamed Elamine Soeuf remplir ces conditions? Naturellement, non! Mais, en ces temps de mendicité politique, où le débat politique national tourne autour de Houmed Msaïdié Mdahoma, nouveau créateur du nouveau souverain de Droit divin, dont «la parole a force de Loi», et de Saïd Larifou, grand organisateur des conférences de presse de la mendicité au nom de «l’émergence verbale et dansante», plus rien n’étonne les Comoriens. Ils sont juste indignés. Momo veut-il égaler ou dépasser ces gens-là, ou les a-t-il déjà surpassés?

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Jeudi 24 août 2017.


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