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Naufragés en Méditerranée: peine, folie et indécence

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Naufragés en Méditerranée: peine, folie et indécence

Dix Comoriens portés disparus pour toujours, à jamais

Par Soilih Mohamed Soilihi

        A-t-on le droit de se taire après avoir pris connaissance du communiqué criminel de Fakri Mahmoud Mradabi, suite à un énième naufrage en Méditerranée, entraînant vers les abîmes 10 Comoriens, qu’on dit «portés disparus», mais qui ont disparu pour toujours, à jamais? «À Dieu nous sommes, à Lui, nous retournons».

Oui, un drame de plus vient, malheureusement, allonger la liste macabre déjà longue des vies emportées dans la prime jeunesse, en mer Méditerranée comme sur le bras de mer entre l’île d’Anjouan et celle de Mayotte, ayant englouti des dizaines de milliers de nos forces vives. Qu’Allah Veuille bien leur accorder Son infinie Miséricorde et l’étendre aux familles endeuillées et ainsi plongées dans cette profonde double peine, celle des êtres chers disparus et celle des espoirs définitivement évanouis.

C’est une peine évidemment partagée, à chaque fois, par tout esprit humaniste et par des populations qui ne sauraient comprendre que des autorités comoriennes jugent opportun d’indexer les proches à la suite de la mort des leurs, au lieu d’oser s’interroger sur l’évolution d’une situation nationale devenue si cruellement insupportable qu’elle induit une telle désespérance et conduit consciemment ou non à de telles tragédies aussi coûteuses en vies humaines qu’en maigres ressources financières.

Ce, à un moment où l’on prétend inviter la Nation à une communion par un «dialogue national» portant sur l’organisation d’un chantier… électoral pour lequel, la fraude serait sanctifiée par les interprétations  fallacieuses d’un «Imam» éhonté!

Autant déduire que, décidemment, entre ceux d’en haut et ceux d’en bas, le fossé ne cesse de s’élargir, tant en termes de préoccupations quotidiennes que de projections du devenir. Comme si, sourds devant les cris de détresse et aveuglés par des semblants de fauteuils dans des bureaux si mal entretenus et ne générant que l’anarchie et les misères qui tenaillent un quotidien masqué par des traditions monétarisées et supportées par une diaspora essoufflée, ainsi que les injustices et les incapacités à y faire face, les détenteurs de l’appareil d’État ne pourraient puiser en eux-mêmes que des accusations, incantations et autoglorifications de mauvais aloi.

Comme si la gouvernance ne consiste qu’à user et abuser des ressources obtenues à l’arraché, par une fiscalité étouffante, dans des voyages budgétivores pour le plaisir d’une image sur des réseaux sociaux. Pour espérer ensuite se légitimer, en dilapidant les maigres deniers publics, à travers une campagne incessante menant à l’immersion par la répression et la corruption érigées en alpha et oméga du développement. Bien de milliards de francs comoriens au service de la parlotte. Ces milliards de francs auraient pu provoquer tout autant de vibrants applaudissements d’applaudimètres sur l’illusoire slogan «Un jeune, un emploi», en contribuant à moins de délestages, à des chantiers d’insertion par la rénovation d’écoles et de dispensaires à défaut du pharaonique Centre hospitalier dont on ne voit ni le commencement, ni la fin, mais sa noyade sous les boues et les eaux de pluie. Ou encore le réaménagement de marchés, ne serait-ce que pour la gestion des déchets, un peu de peinture sur les murs des aéroports secondaires, quelques véhicules pour la lutte contre les incendies et même la réhabilitation-humanisation des prisons, pour que les délinquants en tenues officielles puissent y entasser davantage le menu fretin de la criminalité avec les opposants et tout récalcitrant.

Pardieu ! Ne rajoutons donc point l’indécence à l’irresponsabilité!

Après tout, le monologue entre courtisans enthousiastes et dissidents préfabriqués pourrait toujours bien se clore par un cocktail dinatoire, sans nullement éprouver le besoin d’imaginer un mémorial à tant de victimes de cimetières marins. Il suffira alors de murmurer «À Dieu nous sommes, à Lui nous retournons», et continuer à danser au son de «Vive l’émergence à l’horizon 2030» !

Par Soilih Mohamed Soilihi

Président du Mouvement démocratique alternatif pour l’Innovation et l’Écologie – MDAIÉ

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© www.lemohelien.com – Jeudi 23 décembre 2021.


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