Mohamed Bacar Dossar, ministre des paradis fiscaux
Le ministre de la diplomatie va retrouver les paradis fiscaux
Par ARM
Même s’il s’agit d’un discours qui n’est pas resté dans les mémoires, compte tenu de son manque total d’intérêt politique, certains Comoriens et étrangers s’intéressant aux Comores peuvent se souvenir des propos tenus à Marseille le 17 janvier 2016 par le candidat d’Ahmed Sambi. Dans ce discours, on retrouve le passage suivant: «Il s’agit du programme de la citoyenneté économique. On peut, d’un point de vue philosophique, refuser, en disant: “Je ne vois pas d’un bon œil le vote de cette loi”. On peut dire: “Je suis d’accord pour que cette loi soit votée”. Mais, dans un État, quand la Constitution est adoptée, il faut qu’elle soit respectée. […]. Cependant, quand la loi est adoptée, tout le monde la respecte. Aujourd’hui, aux Comores, la loi sur la citoyenneté a été adoptée. Elle est passée. Cette loi a généré beaucoup d’argent. Mais, aujourd’hui, la question qui se pose n’est pas celle de savoir si elle a été adoptée de manière conforme à la Constitution, la question difficile est celle relative à la gestion à laquelle nous avons assisté sur cet argent-là. Vous savez, honorables Comoriens, que l’argent qui est rentré dans les caisses de l’État comorien est de 200 millions de dollars, au titre du programme de la citoyenneté.
Quand nous avons quitté le pouvoir, le ministre des Finances, qui est le frère Dossar, qui est aujourd’hui mon vice-président, suite à un choix effectué par mon aîné Sambi, a laissé le témoignage qu’il y avait 11 milliards de francs dans les caisses. Entre 2011 et 2013, il y a eu près de 40 milliards de francs qui sont entrés dans les caisses de l’État. Qu’est-ce que le frère Mamadou a fait de cet argent? Je vous dis ce qu’il est advenu de cet argent».
Pourtant, Mohamed Bacar Dossar, présenté comme Dieu, dont la parole n’est susceptible d’aucune contestation, a des choses à dire aux Comoriens sur le dossier de la «citoyenneté économique». Déjà, quand, sous son cousin Ahmed Sambi, il était le ministre des Finances, du Budget et des Investissements, il avait reçu de la Banque centrale des Comores (BCC) un courrier en date du 17 février 2011 et intitulé «Résolution du Conseil d’Administration de la BCC. Transferts liés à la citoyenneté économique», dont le contenu est le suivant:
«Monsieur le ministre,
Permettez-moi de me référer à ma lettre du 17 janvier 2011, dans laquelle j’évoquais la résolution suivante du Conseil d’Administration de la BCC du 13 décembre 2010:
“Le Conseil, après avoir débattu des recouvrements des ressources de la citoyenneté économique, a demandé, compte tenu de l’importance des sommes énoncées dans ce programme et de la spécificité de ces opérations, que toutes les dispositions soient prises pour que, à partir de janvier 2011, tous les transferts soient réalisés directement de Banque centrale à Banque centrale”.
Un nouveau transfert vient de nous parvenir, mais par un circuit différent que celui demandé par le Conseil. En effet, les fonds sont en provenance du Belize, le donneur d’ordre étant une société “UOC Capital Investments”.
Ces fonds ont transité par la Banque de France qui, estimant suspects le circuit des fonds ainsi que le donneur d’ordre, nous a avertis qu’elle comptait émettre une “une déclaration de soupçon” sur ce transfert.
Il est difficile d’anticiper sur les conséquences de cette action, mais il est en tout état de cause important de veiller dorénavant à ce que le circuit des fonds ne puisse pas faire l’objet de soupçons.
Je rappelle que la Banque centrale est dans une situation délicate car, dans le cadre de son rôle au sein du Service de Renseignement financier (SRF), elle a le devoir elle aussi de signaler tout mouvement de fonds suspect.
Je me permets donc de rappeler la décision prise par le Conseil d’Administration de la Banque centrale et de renouveler ma demande instante de bien vouloir informer les autorités du pays d’origine des fonds concernant la citoyenneté économique de la nécessité de procéder au règlement de leur dette par l’intermédiaire de leur Banque centrale.
Compte tenu de cette résolution du Conseil d’Administration, si une prochaine opération devait être effectuée à nouveau sans passer par les Banques centrales étrangères, la Banque centrale des Comores serait dans l’obligation de procéder au rejet des fonds concernés».
Pourquoi donc cet acharnement à vouloir faire transiter les fonds de la «citoyenneté économique» par des circuits différents de ceux, officiels, demandés par la Banque centrale des Comores? Que cache cet acharnement? Pour le comprendre, il suffira de lire des passages très éloquents d’un rapport de la Cour des Comptes des Comores incriminant Ahmed Sambi, Mohamed Bacar Dossar et leurs intermédiaires étrangers: «De ce fait, la Cour constate que le Gouvernement de l’Union a démarré les opérations de vente de passeports comoriens avant l’adoption de la loi n°08-014/AU du 27 septembre 2008 relative à la citoyenneté économique en Union des Comores […]. Ces fonds publics ont été enregistrés au titre de “recettes exceptionnelles” de l’État et décaissés en marge des procédures budgétaires. Leur gestion continue de susciter beaucoup d’interrogations», «Le Président de l’Union a donné mandat à Monsieur Bashar Kiwan, Président Directeur général de la Société “Comoro Gulf Holding SA”, de négocier le Programme en lieu et place des autorités comoriennes et de le représenter dans les transactions. Cet homme d’affaires franco-syrien a joué un rôle décisif dans l’adoption par l’Assemblée de l’Union de la loi controversée et dans la mobilisation et la collecte des fonds auprès des autorités émiraties d’Abu Dhabi et des banques étrangères concernées par le transfert des fonds». «Monsieur Bashar Kiwan, Président de Comoro Gulf Holding (CGH) SA, a reconnu dans une convention datée du 1er avril 2011, que la CGH SA doit à l’Union des Comores 16.000.000 USD, soit 5.600.000.000 francs comoriens. Il apparaît clairement que l’homme d’affaires franco-syrien a perçu ces montants au nom de l’Union des Comores et qu’il ne les a jamais restitués à l’État».
Voilà la vérité, Mesdames et Messieurs. Voilà ce que faisaient Ahmed Sambi, Mohamed Bacar Dossar et leurs intermédiaires étrangers de l’argent de la «citoyenneté économique», ces mêmes personnes qui accusent les autres de malversations. Voilà la vérité. C’est la vérité sur un Mohamed Bacar Dossar ministre des paradis fiscaux qui, maintenant qu’il est devenu le «ministre des Affaires qui lui sont étrangères», va pouvoir récidiver. On l’aura compris: l’Union des Comores est en passe de redevenir un État voyou et délinquant. Son «ministre de la diplomatie» va pouvoir s’en occuper, surtout à un moment où cette hideuse «citoyenneté économique» comorienne va ressusciter du côté du Koweït. L’argent sale va couler à flots…
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Jeudi 2 juin 2016.