«Mieux vaut sous une dictature tuer père et mère que mal penser»
On dirait que François Mitterrand parlait d’Assoumani Azali Boinaheri
Par ARM
Pour paraphraser Gilles Perrault quand il fustigeait la dictature de Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie, on constate, la mort dans l’âme, que les Comores sont tombées dans «la médiocrité d’une sous-préfecture». Il n’y existe ni Droit, ni droits de l’Homme, ni libertés fondamentales, ni Justice. Les Comoriens sont privés de tout: privés de vie, privés de Droit, privés de droits, privés de libertés, privés de Justice. Ils n’ont qu’un seul droit: mourir, et en silence, pour ne pas mourir une seconde fois, assassinés de manière bruyante.
En 1969, François Mitterrand a écrit un pamphlet contre la Vème République en France: Le Coup d’État permanent. En réalité, plusieurs passages de son brûlot à l’acide sulfurique sont d’une portée universelle. Nous avons choisi de vous présenter l’extrait suivant tant il fait penser aux méthodes inhumaines du dictateur Assoumani Azali Boinaheri de la dictature de Mitsoudjé: «Cette vérité n’est pas d’aujourd’hui: mieux vaut sous une dictature tuer père et mère que mal penser. Parler, écrire, agir contre le pouvoir personnel constituent un crime majeur dont le jugement ne peut qu’être expéditif et le châtiment exemplaire. Le parricide enfreint la plus évidente règle morale de la société des hommes, mais, hors le geste inconsidéré qui consiste à se rendre soi-même orphelin, rien n’autorise à considérer a priori le parricide comme un mauvais citoyen. Infiniment plus grave est le cas du frondeur, du comploteur ou plus simplement de l’opposant assez systématique pour ne point donner son agrément aux actes, même supportables, d’un régime insupportable.
Tandis qu’un régime solidement établi sur le consentement général n’a pas besoin de forcer les enthousiastes soit par des prouesses sans cesse renouvelées, soit par le bombardement continu d’une propagande totalitaire, soit par la menace de la terreur policière, et ne peut s’offrir le luxe de confier à ses lois ordinaires le soin d’assurer sa protection, la dictature, elle, ne dispose pas d’une marge de sécurité suffisante pour s’accommoder de la compagnie des trublions, ou se contenter de les punir selon les règles du droit commun. Ils doivent cesser de nuire ou bien elle périra. Tenir en respect ses adversaires par une rigueur exactement appropriée au risque couru convient au dictateur. Il n’a pas le temps de s’attarder aux rendez-vous de la Justice. Où irait-il s’il devait se soucier des intentions du suspect, s’empêtrer dans le glu des garanties de la défense, se mêler d’individualiser ces notions incertaines qui font qu’un homme est coupable ou innocent?»: François Mitterrand: Le Coup d’État permanent, Fayard, 1969, réédition, François Mitterrand. Œuvre. Tome II, Les Belles Lettres, Collection «Le goût des idées – Hors série», Paris, 2016, p. 194.
Pensons à cette citation. Pensons à la mise à mort du Droit, des droits, des libertés et de la Justice par le dictateur Assoumani Azali Boinaheri de la dictature de Mitsoudjé, qui punit par la prison, l’exil et l’assassinat même le simple fait d’avoir une pensée.
Par ARM
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