Interview exclusive d’Adam Mohamed Soilihi, originaire de Mbéni
www.lemohelien.com: Vous êtes natif de Mbéni et vous résidez en France. Avez-vous suivi dès le début l’interdiction de la tenue de la réunion publique d’Ahmed Sambi à Mbéni, le lundi 14 septembre 2015?
Adam Mohamed Soilihi: Merci, M. Abdelaziz Riziki Mohamed de m’offrir l’opportunité médiatique de parler de Mbéni, une ville si chère pour nous tous, je le crois. C’est une ville paisible, mais dont certains essaient de changer l’image à leurs fins politiciennes inavouées et inavouables. Ce qui est franchement honteux. C’est une cité jamais en conflits graves avec ses voisines, ni de près, ni de loin, malgré quelquefois des provocations délibérées. C’est une ville avec une population accueillante, malgré ce que veut montrer mon frère aîné et ami Mohamed Chanfiou Mohamed. Tout cela est reconnu dans tout le pays: Mbéni est une ville pétrie de tradition d’hospitalité et d’accueil. C’est une ville où il y a des hommes et des femmes qui s’intéressent beaucoup à la politique, même si Mohamed Chanfiou Mohamed croit qu’ils sont tout le temps manipulés. C’est de la paranoïa aiguë. Pour répondre à votre question, non je n’ai pas suivi le déroulement de l’événement dès le début. J’ai cherché à savoir exactement ce qui s’est passé, après avoir lu un article paru le 15 septembre 2015 dans un blog sur lequel mon frère Mohamed Chafioun Mohamed s’exprime souvent. J’ai été sidéré par les accusations et les interprétations faites par Mohamed Chanfiou Mohamed dans son article, qui appelle à la haine et même à la mort. Nous aimons notre pays, nos régions, nos villes et nos quartiers. Je suis allergique aux critiques sur une ville ou un village. C’est irresponsable et antidémocratique. La démocratie, c’est avant tout un état d’esprit. On peut critiquer une personnalité, une minorité ou même une majorité de gens d’une ville, mais irresponsable de diffamer toute une ville entière. Et ce n’est pas la première fois que notre ami parle de Mbéni publiquement pour créer la zizanie et la haine dans la ville. Englober toute une ville, ce n’est pas digne, surtout quand il s’agit de la manipulation et de la désinformation pour des raisons haineuses et politiciennes.
www.lemohelien.com: C’est très grave ce que vous dites. Pouvez-vous être plus précis?
Adam Mohamed Soilihi: Certains notables de Mbéni (vous voyez, je dis bien «certains») ont appris tardivement et officieusement qu’Ahmed Sambi viendrait le lundi 14 septembre 2015 faire une réunion publique à Mbéni. Ils se dirent d’abord qu’ils n’étaient pas avertis comme à l’accoutumée. Deuxièmement, la campagne présidentielle n’a pas commencé et, de ce fait, pas de réunion publique pour parler de politique. Troisièmement, il n’y a pas eu d’autorisation administrative pour effectuer cette réunion. Ils ont propagé partout à Mbéni que la réunion peut se faire en privé comme cela se fait pour les autres candidats dans toutes les localités. Ça, ce sont les faits et, bien sûr, le Droit. Les partisans d’Ahmed Sambi ont organisé paisiblement leur réunion en privé comme, je me répète, Azali Assoumani à Foumbouni, Ahmed Sambi chez lui à Anjouan et à Moroni. Si demain, le Vice-président Mohamed Ali Soilihi veut organiser une réunion sur la place publique pour raisons électorales, il doit demander des autorisations administratives et solliciter les autorisations des gestionnaires des places publiques. Il n’y pas à polémiquer. Revenir en 1974 ou en 1975, c’est beau, mais les choses avancent comme les gens argumentent. Mon analyse peut aussi faire penser que certaines personnes ont profité de l’occasion pour se venger contre Ahmed Sambi quand ses partisans ont organisé les huées à l’endroit du Vice-président Mohamed Ali Soilihi dans une mosquée de Moroni, alors qu’il était en compagnie du Président de la République. Peut-être, peut-on huer un responsable politique, mais pas de cette façon, à la mosquée, la maison de Dieu, ouvert à tout le monde, en payant les badauds. Ça a été fait contre Mohamed Taki Abdoulkarim, en tant que Président de la République, dans cette même mosquée, à Moroni. Trop, c’est trop. Aucune personne de Mbéni n’a hué Ahmed Sambi. Il faut appliquer le Droit, rien que le Droit. Mohamed Taki Abdoulkarim a été interdit de lire un «Hitma» à la place Badjani, à Moroni, et Mohamed Chanfiou Mohamed n’a pas insulté les Moroniens, et tant mieux! À l’époque, mon aîné n’avait pas 15 ans, il avait plus de 15 ans. À l’époque, il n’y avait pas de blogs, peut-être! Il peut toujours nous dire que il avait vécu et même pris part à tous les événements politico-sociaux du pays quand il avait 5 ans, 7 ans, 15 ans jusqu’aujourd’hui, mais il ne réagit pas que pour ceux qui l’intéressent. Qu’est-ce qui l’intéresse? Tout ce qui peut mettre la polémique, la zizanie jusqu’à humilier sa propre ville, car il veut atteindre et attaquer Mohamed Ali Soilihi, le Docteur Hamidou Karihila, Mohamed Chatur, le Docteur Abdoulhakim Mohamed et bien d’autres pour des motifs politiques. Ce n’est pas digne d’un gentleman. C’est de la mesquinerie. Ça manque de classe et d’intelligence.
www.lemohelien.com: D’après vous, quel est le lien entre cet événement et toutes les personnes citées dans l’article de Mohamed Chanfiou Mohamed?
Adam Mohamed Soilihi: Avant de répondre, permettez-moi de revenir un peu sur le lien que Mohamed Chanfiou Mohamed fait entre Ali Soilihi et le massacre de septembre 1975 à Mbéni. Selon lui, Ali Soilihi est venu larguer des bombes à Mbéni car ce dernier a été interdit de réunion en 1974. Quelle affabulation! Rappelons-nous que les partisans de Mohamed Taki Abdoulkarim, ministre de l’Intérieur avant le coup d’État du 3 août 1975, ont essayé de résister au putsch d’Ali Soilihi et ont séquestre des voitures (Land Rover) de l’administration à Mbéni. Pour Ali Soilihi, il allait de soi que Mohamed Taki Abdoulkarim et ses partisans se préparaient à Mbéni pour reprendre le pouvoir. Ali Soilihi a préparé et a ordonné l’assaut: il y a eu 7 morts. C’est la leçon donnée aux Mbéniens et à laquelle Mohamed Chanfiou Mohamed fait allusion. Il dit donc: «Bien fait pour eux!». Une semaine plus tard, les militaires d’Ali Soilihi ont assiégé Mbéni et étaient aidés par les mercenaires, dont Bob Denard. C’est la leçon faite aux Mbéniens et qui réjouit Mohamed Chanfiou Mohamed. Donc mon frère Mohamed Chafioun Mohamed a compris qu’il ne fallait pas résister aux coups d’État. C’est pourquoi, peut être, il avait rallié Mohamed Taki Abdoulkarim et ses partisans pour accueillir Bob Denard à Mbéni en héros après le coup d’état du 13 mai 1978. J’étais présent le jour où Mohamed Chanfiou Mohamed prononça le discours en français à l’accueil de Bob Denard à Mbéni après le 13 mai 1978. Il a dit textuellement: «Moustoifa Mhadjou est un ange, c’est un héros, ici à Mbéni. Vous êtes chez vous, ici». Il a été l’auteur d’autres éloges du même goût. Maintenant, pour répondre exactement votre question, il se trouve qu’à Mbéni, les personnalités politiques qui sont le plus en vue actuellement sont Mohamed Ali Soilihi, Mohamed Chatur, Hamidou Karihila, etc. Il n’a parlé pas de Mohamed Wadaane et de Moinaécha Youssouf Djalali car ce ne sont pas ses principaux adversaires politiques de la cité. Pour lui, c’est toujours diviser pour mettre la polémique au centre des discussions. Il s’attribue toujours le beau rôle, et vous pouvez lire ses articles et vous le verrez. La preuve: sur son dernier article, il s’autoproclame démocrate, défenseur de la liberté d’expression, sauf le jour où il avait accueilli Bob Denard à la place du marché de Mbéni en lui faisant une belle déclaration d’amour. Nous étions jeunes, mais nous nous en rappelons. Je finis de répondre à la question pour dire aux cadres comoriens qui ne connaissent pas mon frère Mohamed Chanfiou Mohamed de se méfier de ses articles, de ses discours et tapages médiatiques car il est tout sauf un patriote comme il le prétend l’être. Il a soutenu le mercenariat, en dehors des cadres de Mbéni que je viens de citer. Pourtant, cela lui suffit pour s’autoproclamer démocrate et patriote de premier rang.
www.lemohelien.com: Pourquoi adresse-t-il son article au Vice-président Mohamed Ali Soilihi, dont j’ai du mal à voir le rôle dans cette affaire de meeting? Sincèrement, je ne vois pas ce que vient faire le Vice-président dans cette affaire. Je ne le vois pas se rabaisser à un certain niveau quand même, et ce n’est pas son style. Est-ce que je me trompe?
Adam Mohamed Soilihi: Ah! Vous ne vous trompez pas. C’est une vieille histoire de haine. Mohamed Chanfiou Mohamed ne manquera jamais une occasion de cogner sur le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, qu’il accuse de tout ce qui lui passe par la tête. Par pure haine. Il parle de Mohamed Ali Soilihi même si l’événement ne concerne pas Mohamed Ali Soilihi. C’est obsessionnel et pathologique. Cette histoire d’interdiction d’Ahmed Sambi de faire la réunion à Mbéni ne procède pas d’une intervention du Vice-président Mohamed Ali Soilihi, qui déteste les petites combines politiciennes de bas niveau. Mais c’est Mohamed Chanfiou Mohamed qui veut toujours lui attribuer un rôle comme un cinéaste qui sort son film des écrans. Rappelez-vous l’histoire autour du crash de l’avion Yemenia, qu’il a inventée de toutes pièces sans preuves, juste pour faire du mal aux autres. Ce qui m’a choqué c’est de le voir l’humilier chaque fois à Mbéni sans que personne ne lève le petit doigt. Le moment viendra pour faire le bilan de chacun, comme il promet que la campagne présidentielle sera rude. Mais chacun doit prendre ses responsabilités, même si on n’est pas candidat. Et d’ailleurs, s’il est courageux, il doit être candidat ou colistier. Il faut accepter d’être critiqué. La politique est définie dans le dictionnaire comme la gestion de la cité. On peut assimiler la cité comme étant une association, un établissement ou tout simplement un groupement de personnes. C’est très facile de faire le bilan imaginaire et fallacieux des autres. Qui vivra verra.
Propos recueillis par ARM
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© www.lemohelien.com – Mercredi 16 septembre 2015.
