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Le Président Ikililou Dhoinine: efficacité et discrétion

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Le Président Ikililou Dhoinine: efficacité et discrétion

Un chef d’État africain pressé de quitter le pouvoir en douce

Par ARM

     Secrétaire générale l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Mme Michaëlle Jean n’en croyait pas ses oreilles. Pourtant, elle ne rêvait pas. La scène se passait dans les locaux de l’ONU, à New York, en septembre 2015. Mme Michaëlle Jean était aux côtés du Président Ikililou Dhoinine, accompagné de l’Ambassadeur Soilih Mohamed Soilih, et de Mme Dlamini Nkosazana Zuma, Présidente la Commission de l’Union africaine. Le chef de l’État comorien expliquait aux personnes présentes une chose complètement surréaliste venant d’un chef d’État africain: il voulait qu’on l’aide à quitter le pouvoir au terme de son mandat. Il voulait qu’on l’aide à appliquer la Constitution pour qu’il puisse quitter la Présidence des Comores en paix, et surtout au terme constitutionnel de son mandat. Naturellement, dans une Afrique où les dictateurs, même sortis des urnes et à plus forte raison, nés des armes, s’accrochent au pouvoir par des tripatouillages et des interprétations volontairement erronées de la Constitution, la chose «fait désordre». Mme Michaëlle Jean expliqua alors qu’elle ne connaît pas l’ensemble du dossier comorien, mais que si le Président Ikililou Dhoinine souhaitait l’appui de la communauté internationale non pas pour s’éterniser au pouvoir mais pour s’en aller au terme constitutionnel de son mandat, alors il était «le meilleur Président d’Afrique». Superlatif laudateur? Que nenni! C’est juste la reconnaissance d’une attitude hautement positive et responsable.

     Examinons la carte politique de l’Afrique aujourd’hui. On voit de nombreux chefs d’État qui se moquent ouvertement de leurs peuples et de la communauté internationale, et dans certains cas tel celui du Burundi, les gens meurent à cause de l’entêtement d’un homme assoiffé de pouvoir. Mais, sans aller plus loin, aux Comores, en 2006, il avait fallu que des étrangers disent à Azali Assoumani, «si tu ne veux pas mourir, respecte la Constitution, organise les élections de manière démocratique et cède la place à ton successeur» pour qu’il s’en aille. En 2010, Ahmed Sambi avait multiplié les plus malsaines des manœuvres dilatoires pour rester au pouvoir. Il devait avoir quitté la Présidence le 26 mai 2010, mais n’organisa les élections, sous la pression de la classe politique mohélienne et grande-comorienne et de la communauté internationale, que sur le tard, le deuxième tour ayant eu lieu le 26 décembre 2010. Et, au lieu de quitter le pouvoir une semaine ou un mois après l’élection du nouveau Président, il y resta pendant 6 mois (un record mondial inégalé!), s’accordant une année supplémentaire au pouvoir, en toute inconstitutionnalité, en toute illégitimité, en méprisant tous les Comoriens. Aujourd’hui, les Comores ont un Président qui dit ne pas vouloir passer un seul jour supplémentaire au pouvoir après le 26 mai 2016, date de la fin de son mandat.

     Donc, pour la première fois dans l’Histoire des Comores, un Président veut quitter le pouvoir sans être poussé vers la sortie, mais tout simplement en respectant la Constitution, et cela change les Comoriens des mauvaises manières d’un Azali Assoumani convaincu qu’il est «le Général De Gaulle des Comores» et d’un Ahmed Sambi persuadé qu’il est Dieu lui-même. Pour empêcher l’organisation du premier tour de l’élection présidentielle, «Messieurs les bons démocrates» avaient sorti sous le chapeau les «assises nationales sur le 40 ans d’indépendance». Le premier tour du scrutin a pourtant eu lieu. Pour empêcher le second tour, les mauvais perdants du premier tour ont inventé le recomptage des bulletins de vote à vie et pour l’éternité. Pourtant, le deuxième tour de l’élection va avoir lieu le dimanche 10 avril 2016.

     La volonté manifestée par le Président Ikililou Dhoinine de quitter le pouvoir en temps et en heure n’est pas la seule chose à mettre à son actif, bien au contraire. Il a été le Président qui a stabilisé les relations entre le gouvernement de l’Union et les Gouvernorats alors que ces relations étaient pourries du mandat d’Azali Assoumani à celui d’Ahmed Sambi. En termes d’infrastructures, le gouvernement qu’il dirige a fait plus que tous les autres, même si le félon Mouigni Baraka Saïd Soilihi s’attribuera la construction de routes à la Grande-Comore, alors que même pour ses voyages extravagants et inutiles à l’étranger, il allait pleurer sur l’épaule du Vice-président Mohamed Ali Soilihi. Pour la première fois de l’Histoire des Comores indépendantes, un gouvernement s’en ira sans laisser des arriérés de salaires. Et même si l’Arabie Saoudite y est pour quelque chose, c’est parce que le Président de la République et le candidat qu’il soutient pour l’élection présidentielle, Mohamed Ali Soilihi, en l’occurrence, ont donné les preuves de leur sérieux et de leur crédibilité. Lors de cette Présidence qui s’achève dans deux mois, on a vu comment le dynamisme et la crédibilité personnelle du Vice-président Mohamed Ali Soilihi ont payé: la communauté financière internationale a repris ses relations avec les Comores, après les aventures ubuesques, infantiles et irresponsables et après l’incompétence criminelle d’un Azali Assoumani et d’un Ahmed Sambi, qu’on devra traduire en Justice un jour, notamment pour haute trahison. Or, par l’une de ses malhonnêtetés, et sans la moindre vergogne, Ahmed Sambi s’est attribué à Mohéli fin 2015 la paternité du retour de la communauté financière internationale aux Comores. C’est de l’escroquerie!

     Ahmed Sambi dit partout avoir restauré la crédibilité internationale des Comores, lui qui l’avait ramenée au niveau zéro. En réalité, c’est la présidence d’Ikililou Dhoinine qui a permis cette restauration. Un diplomate maghrébin me disait qu’Ahmed Sambi «était le visage de la mendicité dans les conférences internationales». Un autre diplomate maghrébin m’appelait depuis son pays pour me demander pourquoi Ahmed Sambi n’arrêtait pas de débiter des bêtises lors de la conférence arabe au cours de laquelle il avait qualifié le Président génocidaire soudanais Hassan Omar El-Béchir d’«homme de paix méritant le Prix Nobel de Paix», le jour où il avait également déclaré que l’Arabie Saoudite ne représentait aucun leadership au sein du monde arabe, puisque dans sa tête traversée par les courants d’air, ce leadership était aux mains du Qatar. Vous imaginez? Un diplomate qui appelle du Maghreb pour dire qu’Ahmed Sambi le soûlait sur la chaîne de télévision Al-Jazeera par un interminable discours fait de billevesées et d’incongruités malsaines! Il me demandait si je connaissais quelqu’un qui pouvait lui demander de se taire, enfin!

     Le Président Ikililou Dhoinine a élargi la carte diplomatique et consulaire des Comores et a chassé de la représentation des Comores à l’UNESCO les étrangers qui y avaient été installés par Ahmed Sambi et sa diplomatie du tambour et du tamtam. Alors que l’Ambassade des Comores à Paris allait s’écrouler, le Président Ikililou Dhoinine et le Vice-président Mohamed Ali Soilihi ont écouté l’Ambassadeur Ahmed Bourhane, qui tenait à trois dossiers essentiels: que la résidence sise rue Alphand à Paris ne soit pas mise en vente comme cela avait été décidé sous Ahmed Sambi, que les locaux propriétés de l’État des Comores à Paris ne soient pas vendus aux enchères et que l’Ambassade elle-même soit sauvée de l’écroulement.

     Pour autant, l’heure du bilan pour le mandat du Président Ikililou Dhoinine n’a pas encore sonné. Ce bilan sera fait quand viendra le temps de le faire. Il sera fait pour l’Histoire, pour que chacun sache ce qu’il en est réellement. Pour l’instant, nous allons nous limiter à un douloureux constat: le régime politique actuel a eu une grande carence en matière de communication. Il n’a jamais été en mesure de valoriser ses propres réalisations, et c’est la raison pour laquelle un Ahmed Sambi peut se les approprier rétroactivement et frauduleusement, et un Mouigni Baraka Saïd Soilihi par pure filouterie de rufian. La communication gouvernementale s’est limitée pendant 4 ans à la lecture des communiqués de sortie du Conseil des ministres le mercredi. Houmed Msaïdié avait redonné des couleurs à cette communication gouvernementale, mais en se limitant délicieusement et joliment à ses joutes oratoires à des attaques en règle contre la candidature scélérate et criminelle de l’Anjouanais Ahmed Sambi à une élection ouverte aux seuls Grands-Comoriens.

     L’autre problème de la présidence qui s’achève est relatif au sabotage du travail du chef de l’État par ses collaborateurs, comme cela a été constaté lors du report du début de la campagne électorale pour le second tour du scrutin présidentiel du lundi 14 au jeudi 17 mars 2015. C’était du sabotage. C’est une trahison parce que le but visé était d’escamoter les élections en cours afin de donner raison aux apprentis mamelouks et pour plonger le pays dans une guerre civile. De la même manière, voir un Ambassadeur des Comores en Arabie Saoudite quitter son poste pour se présenter contre le candidat du régime politique en place à une élection présidentielle où il fut classé 10ème avec 1,84% des suffrages exprimés, voilà qui témoigne d’un mauvais choix des hommes. Il en est de même pour l’ancien Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense (2011-2012) avant de devenir le Conseiller privé du Président (2012-2016), qui avait accepté de devenir le colistier pour la Grande-Comore d’un candidat qui n’était pas celui du pouvoir. Mais, Dieu reconnaîtra les siens car, comme on sait, «le sein ne peut être mordu que par le bébé qui y tète», et «le pou qui pique un être humain est celui qui vit sur le corps de cet être humain». En ces temps de faux frères et de vrais ennemis, que cela serve de leçon.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Samedi 26 mars 2016.


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