La Fin du Grand Méchant Dimku

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La Fin du Grand Méchant Dimku

L’actualité à la lumière de nos contes

Par Abdourahmane Mahamoud

     Il était une fois, dans un petit pays lointain, un monstre cannibale, sa femme, ses fils et sa famille. Ils s’adonnaient à des atrocités contre le petit peuple de ce pays. Le méchant Dimku cannibale torturait, emprisonnait, tuait tous ceux qui osaient s’opposer à sa barbarie, avant de les rôtir pour les manger lors d’un grand festin qu’il organisait régulièrement avec ses compères.

Les sages de ce pays ont envoyé une délégation de braves pour aller demander au Dimku de cesser ses atrocités. Le grand méchant Dimku, parce qu’il est le plus fort, ne leur a répondu que par un gros pet. Un pet si bruyant, qui sentait si mauvais que même les puanteurs de l’enfer en auraient été jalouses. Il les avait menacés: la prochaine fois qu’ils oseraient critiquer sa famille, il les rôtirait et les mangerait.

Un ancien chef du village qui, dans le temps, avait donné le gîte et le couvert au Dimku, quand il avait pris les apparences d’un être humain, pour tromper tout le monde, fit des prières pendant 7 mois lunaires, une année dans le calendrier Nayruz. Cet ancien chef du village, une des premières victimes du Dimku, était torturé dans les caves souterraines du Grand méchant Dimku, qui avait repris ses apparences de monstre cannibale sitôt arrivé au pouvoir. On le tuait à petit feu, tout comme les autres qui osaient dire qu’ils souffraient, ceux qui osaient dire qu’ils avaient faim, tous ceux qui osaient exprimer leur mécontentement.

Allah le Tout-Puissant écouta ses prières, et les malheurs du peuple.

Puis, un jour, un petit M’na Shifwi Shifwi s’en alla rendre visite à l’ancien chef du village. Ce dernier lui donna un gri-gri (Photo) après l’avoir béni d’une prière de protection, et lui dit d’aller rassembler le peuple.

Allah le Tout-Puissant écouta ses prières et les malheurs du peuple.

M’na Shifwi Shifwi n’était pas considéré comme dangereux par le grand méchant Dimku parce qu’il était plus petit et plus chétif que Kirikou. Il passait inaperçu. Et, de maison en maison, le petit M’na Shifwi Shifwi poursuivait sa mission, en sensibilisant le peuple petit à petit, en lui redonnant confiance et espoir. Le peuple commençait à se réveiller, à abandonner la peur, et à se mobiliser pour chasser le grand méchant Dimku, et se libérer.

Lorsque le monstre cannibale se rendit compte que c’est le petit M’na Shifwi Shifwi qui était en train de conscientiser le peuple, il décida de le zigouiller, pour le rôtir et le manger. Il envoya ses soldats cannibales, mais M’na Shifwi Shifwi réussit à s’échapper. Le grand méchant Dimku ourdit des pièges, envoya ses fils, mais M’na Shifwi Shifwi réussit encore à se sauver.

Et le peuple sortait de jour en jour de sa torpeur et de la peur. De jour en jour, le peuple secouait le joug de la terreur et commençait à oser réclamer sa libération.

Alors, le grand méchant Dimku fit appel à tous ses semblables, les Dimku des pays voisins et les invita pour un grand festin. Il avait décidé de tuer tout le monde pour le rôtir et le manger, avec ses amis Dimku. Le grand méchant Dimku se transforma en être humain, et mit un boubou et un parfum ensorceleur. Il porta un chapeau au lieu d’un kofia [Coiffure traditionnelle des Comoriens], pour cacher ses cornes. Car il avait des cornes comme Iblis [Satan]. Il se rendit à la place publique du village et appela tout le monde pour leur annoncer une bonne nouvelle.

Il cria avec une voix douce qu’il était envoyé pour emmener le peuple vers un nouveau pays où il faisait bon vivre, un paradis sur terre qui s’appelait Émergence Mdjini, la Cité de l’Émergence. Les gens qui commençaient à se rendre à la place centrale du village se sont mis à rêver de ce nouveau pays. Ils étaient maraboutés et sitôt hypnotisés. Le grand méchant Dimku les mettait dans son grand méchant sac.

Et il ricanait de plus belle, car les misérables tombaient dans son piège. Et le grand méchant sac gonflait. Malgré les alertes de M’na Shifwi Shifwi, qui avait compris le piège, certains continuaient à se rendre à la place, et jusqu’à ce qu’Ibunaswiya arriva dans le village.

Le père Ibunaswiya vint lui aussi alerter le peuple. Car, Allah écoutait les malheurs du peuple.

Le grand méchant Dimku n’avait pas fait attention à Ibunaswiya, car, il croyait qu’il était du pays des Dimku. Et, il est vrai qu’Ibunaswiya avait trompé le trompeur en prenant des allures de Dimku. Le temps que le grand méchant Dimku se rende compte de la ruse d’Ibunaswiya, il était trop tard. Le peuple commençait à gronder. La rumeur de la révolte se propageait partout. M’na Shifwi Shifwi continuait à rassembler le peuple pour marcher ensemble vers la place centrale du village, et chasser le grand méchant Dimku et sa famille. Pendant ce temps, Ibunaswiya, de son côté, s’appliquait à désensorceler ceux qui étaient maraboutés et sitôt hypnotisés.

Le grand méchant Dimku entendait au loin monter la colère du peuple longtemps brimé, longtemps torturé, longtemps méprisé, longtemps affamé, longtemps tué, longtemps malmené, longtemps intimidé, longtemps menacé, longtemps violé, longtemps déshumanisé. Une clameur de huées s’élevait. Gonflait. Devenait plus fort que le tonnerre.

Et le grand méchant Dimku et sa famille se mirent à paniquer. Le peuple se libérait avec un rare sursaut de dignité.

Allah le Tout-Puissant écoute toujours les malheurs et les souffrances du peuple.

Par Abdourahmane Mahamoud

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© www.lemohelien.com – Mardi 19 mars 2019.


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