La Fatwa d’un Tartuffe contre Faïza Soulé Youssouf
Le faux dévot appelle à la mort de la célèbre journaliste
Par ARM
Les Comores font revivre le nazisme («Un seul peuple, un seul pays, un seul chef»). Le Préambule de la «non-Constitution de la main coupée et de la mort» du 30 juillet 2018 commence par des accents nazis d’«un seul, une seule et une seule», donc par l’intolérance: «Le peuple comorien affirme solennellement sa volonté de: – cultiver une identité nationale basée sur un seul peuple, une seule religion (Islam Sunnite) et une seule langue; – promouvoir des pratiques religieuses et morales de nature à assurer une éducation qui renforce la conscience nationale […]. De facto, nos enfants nés à l’étranger, ne parlant pas le comorien et qui n’ont que la nationalité comorienne sont des apatrides. Imposer l’Islam, l’Islam sunnite, à tout Comorien porte atteinte à l’Islam et à la liberté. L’Islam étant la soumission consciente et volontaire à Dieu, chacun est libre d’être croyant, agnostique, athée ou polythéiste. L’Islam n’impose rien, comme on s’en aperçoit à la lecture du Coran:
«Point de contrainte en religion» (Coran, II, La Vache, 256).
Si un Comorien veut être Musulman, Musulman Sunnite, Musulman Chiite, c’est son droit. Voici donc Mme Faïza Soulé Youssouf, la journaliste dont la renommée est devenue mondiale, qui partage sans commentaire une citation du Pape François disant qu’il n’est pas nécessaire de croire en Dieu pour être une bonne personne. C’est alors qu’un homme portant un boubou blanc et une coiffure blanche et qui, visiblement, ne connaît pas l’Islam et semble n’avoir jamais lu le Coran, jette en pâture à l’opinion publique le nom de Mme Faïza Soulé Youssouf dans une Fatwa, exactement comme l’Ayatollah Rouhollah Khomeyni condamnant à mort Salman Rushdie «au nom de Dieu».
«Le Professeur» Saïd Mohamad Saïd Harouna pontifie sur «les commentaires suscités par l’écrit partagé par notre sœur comorienne, musulmane, qui s’appelle Faïza Soulé qui, dans son intelligence, a choisi de partager et diffuser ce que dit l’un des hommes qui dirigent le monde, à savoir le Pape. Or, vous savez que le Pape ne fait pas partie des Comoriens. Il ne pratique pas la même religion que les Comoriens. Il n’a ni une éducation comorienne, ni un raisonnement comorien. C’est un homme qui est sur un autre continent, qui pratique une autre religion, avec un autre raisonnement, une autre idéologie. Quand il a écrit ce qu’il a écrit, il n’a pas consulté les Comoriens». «Le Professeur» interdit le partage et la diffusion des idées du Pape, et prétend que le Comorien doit se limiter à l’Islam. Il prétend que «les Chrétiens et les Juifs veulent nous déshabiller», et que «les Chiites veulent suivre la même voie en faisant la promotion de la liberté religieuse». Mais, où est-il parti chercher tout ça?
Dans un incroyable gloubi-boulga, cet homme a cité des bouts de versets de Coran, qu’il sort de leur contexte. Or, il est contredit par le Coran, qui ne fait pas de différence entre les religions monothéistes, dont le Catholicisme, celle du Pape François:
«Le Prophète a cru à ce qui est descendu sur lui de la part de son Seigneur. Lui et les croyants; tous ont cru en Dieu, en Ses anges, en Ses Livres et en Ses Prophètes. Nous ne faisons pas de différences entre Ses Prophètes. Ils ont dit: “Nous avons entendu et nous avons obéiˮ. Ton pardon, notre Seigneur! Vers toi est le retour final!» (Coran, II, La Vache, 285).
Pourquoi alors Saïd Mohamad Saïd Harouna fait une différence là où Dieu nous demande de ne pas en faire? Qui lui a donné l’autorisation de faire dire à Dieu ce qu’Il n’a pas dit? Pourquoi prêche-t-il la haine là où Dieu appelle à la tolérance? En plus, dans la biographie du Prophète Mohammed la plus émouvante et la mieux écrite que j’ai eu à lire (et j’en ai lu des quantités, dont celles du regretté Muhammad Hamidullah), figurent ces mots sublimes qui contredisent totalement et définitivement Saïd Mohamad Saïd Harouna: «Mahomet, bien qu’il invite à l’Islam tous les hommes, en leur montrant que la juste voie est l’abandon à Dieu, comme l’a fait Abraham, n’exclut du paradis ni les Juifs ni les Chrétiens, ni même ceux qui trouvent Dieu par d’autres voies que les voies officielles. […]. Pour un fondateur de religion, c’est là une tolérance unique, que d’accepter au paradis les hommes des autres religions. La tolérance de Mahomet n’a été répétée dans l’Histoire par personne»: Virgil Gheorghiu: La vie de Mahomet, Librairie Plon, Presses Pocket, Paris, 1962, p. 206.
Ce sont des gens comme Saïd Mohamad Saïd Harouna qui donnent à l’Islam l’image négative que lui imposent les obscurantistes fanatiques. J’ai envie de lui faire lire les citations d’auteurs musulmans et non-musulmans figurant sur ma première de Thèse de Doctorat intitulée La Diplomatie en terre d’Islam, citations qui démontrent que les Musulmans n’avaient aucune tradition guerrière mais que, s’ils avaient pu, en un temps record, répandre l’Islam dans plusieurs pays du monde, c’est parce que leur tolérance religieuse et culturelle attirait les autres peuples, qui avaient souffert par le passé du fanatisme de conquérants qui les dominaient en les écrasant. Enfin, il faudra signaler à Saïd Mohamad Saïd Harouna que les Chiites sont des Musulmans.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Samedi 6 juin 2020.
