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«Je n’ai rien à vous reprocher. J’obéis au ministre»

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«Je n’ai rien à vous reprocher. J’obéis au ministre»

Chamsoudine Soulé et les autres prisonniers politiques

Par ARM

     C’est dans un soupir à rendre l’âme pour de bon que l’Impératrice Ambari, première épouse du «pouvoiriste» polygame Azali Assoumani, a fait le terrible aveu à cette femme d’Itsandra, et ledit aveu concerne son chéri, le triple usurpateur, l’homme qui fait les coups d’État même dans les verres d’eau, dans les cuillères de riz de bas de gamme et dans les partis politiques: «Je ne le reconnais plus. On lui fait signer les pires insanités, et il accepte de signer. On lui fait prendre les pires décisions et il accepte tout. On lui demande de nommer ce que le pays a de pire, et il nomme». Ce témoignage n’est pas sans rappeler le cri d’indignation lancé par la cousine de l’Impératrice Ambari, qui crachait et vomissait sur le fait que l’usurpateur Azali Assoumani ne fait pas tout ce que le clan de l’éternelle première Madame Ambari lui demande comme il faisait avant qu’il ne plonge dans les eaux boueuses de la polygamie. Et alors que la «nouvelle politique “familiale et clanique» de l’ingrat de Mitsoudjé suscite les critiques les plus vertes au sein de son sérail, on apprend que «son» Djaafar Saïd Ahmed Hassani a choisi de ne commettre aucune faute envers la «familia». En effet, le juriste médiocre et corrompu, devenu subitement devenu «économiste» lors de la nomination de ce qui tient lieu de «gouvernement» le 31 mai 2016, et désormais surnommé David Ricardo (du nom du célèbre économiste), ne nomme que les siens, tout comme il licencie par charrettes des gens qui n’ont rien fait de mal, à qui il n’a rien à reprocher et qu’il ne connaît même pas, dans le cas de certains. Oui, Djaafar Saïd Ahmed Hassani a «le sens de la famille», «l’esprit de corps» ou encore la «solidarité tribale», la fameuse «Assabiya» chère à l’érudit tunisien Abderrahmane Ibn Khaldoun (1332-1406).

     Pendant que les nouveaux maîtres des Comores règlent leurs affaires sur le dos de l’État et de la population des Comores, Chamsoudine Soulé et les autres prisonniers, dont le seul tort est d’avoir soutenu la candidature de Mohamed Ali Soilihi, ont été présentés au juge ce mardi 30 août 2016. Et là, dans une voix d’outre-tombe donnant l’impression qu’il mâchait du gravier de Mbangani, à Mohéli, le juge leur a fait un terrible aveu: «Du point de vue du Droit et des règles de la comptabilité publique, je n’ai rien à vous reprocher. J’obéis au ministre. Il ne veut même pas entendre parler de libération sous caution. Tout cela relève de l’arbitraire, je sais, mais, je n’y peux rien. Il y a une hiérarchie à respecter, et je suis soumis à elle, même si elle n’est pas dans la légalité».

     Chamsoudine Soulé et les autres prisonniers politiques ne sont pas des criminels. Aucun d’entre eux n’a un casier judiciaire. Aucun d’entre eux n’a un passé de délinquant. Aucun d’entre eux n’accepte un traitement politique de cette affaire dans laquelle sont en jeu l’honneur et la dignité de ces cadres de Comores Télécom qui ont été jetés dans une cellule puante et dégueulasse de 20 personnes, vivant dans une promiscuité de rats et de cafards.

     Dans cette lugubre affaire, la présomption d’innocence n’a pas été respectée puisqu’un ministre sans connaissance des règles élémentaires de la Procédure pénale a fait emprisonner des personnes dont la culpabilité n’a jamais été prononcée par un juge. Pis, cela fait plus de deux mois que ces citoyens comoriens sont embastillés sans qu’il ne leur soit signifiée la moindre charge qui aurait été retenue contre eux. En Droit, cela ne se fait jamais. Et si les Comores sont devenues le nouveau goulag de la terre, qu’on le dise aux Comoriens et à la communauté internationale.

     S’agit-il d’une garde à vue? Du point de vue politique, on ne sait pas, mais du point de vue juridique, ça fait pschitt: une garde à vue dure 24 heures, et ne peut être prolongée que de 24 heures, soit au total 48 heures. Or, dans l’affaire, on a dépassé non plus 60 heures, mais 60 jours. C’est une attitude criminelle, et il paraît que même le «pouvoiriste» polygame Azali Assoumani est dépassé par l’affaire, impuissant face à ses propres monstres à la Frankenstein. La créature échappe au contrôle du créateur. En termes simples, l’Impératrice Ambari a raison de dire que son chéri est devenu la créature de ses propres créatures, qui lui font faire des choses innommables.

     On est obligé de rire parce que le jour de l’arrestation des prisonniers politiques, la presse aux ordres avait parlé de mandat de dépôt. Aux Comores, on adore cette expression. Le 23 mai 2011, El-Amine Ali Mbaraka dit Abdoul-Khaïr ou Embargo disait en public à Moroni qu’Ikililou Dhoinine n’était pas élu dans des conditions normales le 26 décembre 2010. Sans être présenté à un juge et sans la moindre condamnation par un Tribunal, on l’avait jeté dans une prison pendant une semaine, et on avait parlé de «mandat de dépôt». Quelle connerie!

     Et, dans l’affaire de Chamsoudine Soulé et des autres prisonniers politiques, les autorités ont eu à parler de «mandat de dépôt». Et se trompent lourdement. En effet, quand on parle de mandat de dépôt, cela suppose qu’il y a eu un jugement. Il s’agit en fait d’un acte juridique par lequel une juridiction de jugement ou un juge des libertés et de la détention demande au chef d’un établissement pénitentiaire de détenir une personne. Le mandat de dépôt obéit à des règles strictes: 1.- Il n’est pas permis au juge d’instruction de le décerner, or au stade actuel, Chamsoudine Soulé et les autres prisonniers politiques sont devant le juge d’instruction. 2.- Quand il est décidé par le juge des libertés et de la détention, cela suppose que le mandat de dépôt fait suite à une ordonnance d’incarcération provisoire, que personne n’a vue à ce jour. 3.- Quand il est décidé par un Tribunal correctionnel, il faudrait qu’une peine de prison soit déjà prononcée et qu’elle soit supérieure à une année, ce qui n’est pas le cas. 4.- La Cour d’assises peut décider d’un mandat de dépôt, à condition que l’accusé soit déclaré coupable d’un crime ou d’un crime connexe. Or, Chamsoudine Soulé et les autres prisonniers politiques de Comores Télécom ne rentrent dans aucune de ces cases. De fait, juridiquement, la petite cabale stupide, haineuse et criminelle du ministre relève d’une immense foutaise.

     Une fois de plus, nous arrivons au péché mignon du ministre: l’ignorance. L’ignorance du Droit, et celle-ci n’est assortie d’aucune excuse. En Droit, on ne peut pas dire: «Je ne savais pas». Sa Hautesse Monsieur le ministre n’a jamais été capable de parler de Droit. Chaque fois qu’il prend position sur une question de Droit, il dérape et scandalise les Comoriens, qui trouvent une nouvelle raison de le mépriser. Il ne veut toujours pas admettre que le Droit s’apprend et quand on ne l’apprend pas, il est prudent de ne pas s’en prévaloir. Il a décidé d’être «le plus grand juriste comorien de Droit privé de tous les temps» (le fugitif international Hamada Madi Boléro s’étant déjà autoproclamé «le plus grand juriste comorien de Droit privé – qu’il n’a jamais étudié – et de Droit public de tous les temps»). Sa Hautesse oublie une chose: quand on est un bon juriste, on ne le dit pas soi-même: cela se voit à travers des actes concrets, les actes de l’expertise et de la compétence. Le ministre instrumentalise la Justice pour régler ses propres comptes politiques, mais oublie qu’avant lui, d’autres coqs avaient redressé la crête, mais ont été jetés dans le cimetière des coqs de manière prématurée.

     En tout état de cause, quand l’ignorance devient l’alliée du narcissisme arrogant, cela fait vraiment mauvais genre. L’ignorant qui connaît ses propres limites et qui adopte un profil bas est un savant, le meilleur des savants, le plus instruit des savants. «Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien», dixit le grand Socrate (-470 – -399).

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mardi 30 août 2016.


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