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«Je le veux et je vais dans cette compétition pour ça»

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«Je le veux et je vais dans cette compétition pour ça»

Mohamed Ali Soilihi, à «L’invité du jour» sur Télésud

Par ARM

   En mission officielle à Paris du dimanche 17 au mercredi 20 janvier 2016, le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, candidat à l’élection présidentielle de février et avril 2016, a été reçu par Hamed Paraïso sur le plateau de «L’invité du jour» de la chaîne panafricaine Télésud. Ce fut l’occasion pour l’homme d’État comorien de parler de sa vision pour les Comores et de l’élection présidentielle en question. Au cours de cette interview de haute facture, le Vice-président Mohamed Ali Soilihi met en avant son attachement pour les Comores et explique avec brio et maestria les raisons qui l’ont conduit à déclarer sa candidature à ce scrutin majeur, 37 ans après son entrée dans le cœur de l’appareil d’État comorien. On y découvre l’homme du service public et de l’intérêt général, le visionnaire et surtout l’homme d’État qui refuse de faire des promesses qu’il sait irréalistes et irréalisables. C’est donc le grand commis de l’État maîtrisant parfaitement ses dossiers qui répond aux questions du journaliste Hamed Paraïso pendant 14 minutes et 43 secondes, au cours d’un échange à la fois digne d’intérêt et riche d’enseignements sur les Comores d’aujourd’hui et de demain. À l’écoute de certaines questions posées par Hamed Paraïso, on découvre en filigrane les mensonges haineux perfidement répandus par les ennemis du Vice-président, qui tordent le cou à la vérité, allant jusqu’à prétendre haineusement en France que l’État comorien disposerait d’un avion et que Mohamed Ali Soilihi, le candidat gênant parce que largement favori, l’utiliserait pour les besoins de sa campagne électorale. En même temps, Hamed Paraïso posera une question qui en dit long sur les certitudes au sujet de l’élection à venir de Mohamed Ali Soilihi: «Monsieur Soilihi, est-ce que c’est vrai que je suis assis dans cette émission devant le futur Président des Comores?».

Interview

Télésud: Bonsoir à tous. «L’entretien du jour» reçoit le Vice-président des Comores chargé de l’Économie, des Finances, du Budget et du Commerce extérieur, candidat à l’élection présidentielle qui devrait se tenir en mai prochain [Sic: février et avril 2016] dans son pays. Mohamed Ali Soilihi, bonsoir.

Mohamed Ali Soilihi: Bonsoir.

Télésud: Merci d’avoir accepté notre invitation. Votre venue ici, en France, coïncide avec la décision prise par votre pays de rompre vos relations diplomatiques avec l’Iran. Pourquoi une telle décision?

Mohamed Ali Soilihi: Pourquoi une telle décision? C’est une décision mûrement réfléchie et qui a des fondements, d’abord politiques, et ensuite diplomatiques. Politiques et même au-delà du politique, c’est-à-dire sociales. Nos relations avec l’Iran n’ont jamais été au beau fixe. Nos relations n’ont jamais été fructueuses. Et ça fait longtemps qu’il y a une représentation diplomatique, une ambassade d’Iran aux Comores, et je dois vous avouer qu’on n’a pas vu grand-chose dans cette communication. Même s’il y a des gens qui pensent que l’Iran a apporté quelque chose en matière de coopération, surtout l’aide au développement, il n’y a pas du tout le moindre signe d’une solidarité réelle avec le pays, avec le développement des Comores. Le fait est que sur le plan diplomatique, ce qui vient de se passer avec l’Arabie Saoudite, c’est quelque chose d’inacceptable, qui est contre une représentation diplomatique dans un pays et que les autorités du pays n’arrivaient pas à protéger quand même. C’est quand même la représentation diplomatique. Nous-mêmes, nous avons une ambassade en Iran et nous avons pensé que ça pourrait nous arriver demain.

Télésud: Du coup, vous avez pris position clairement pour l’Arabie Saoudite. Que répondez-vous à ceux qui pensent que c’est une décision opportuniste, parce qu’en prenant cette décision, votre pays fait d’une pierre deux coups: prendre d’abord position pour l’Arabie Saoudite, et ensuite, couper l’herbe sous les pieds de l’ex-Président Sambi?

Mohamed Ali Soilihi: Tant mieux si c’est ainsi que certains interprètent. Mais, pour nous, c’est l’ingérence d’un pays dans les affaires intérieures d’un autre pays qui est inacceptable.

Télésud: Ce n’est pas pour tirer sur un adversaire politique?

Mohamed Ali Soilihi: Non, pas du tout pour tirer sur l’adversaire politique qui serait l’ancien Président Sambi. Il a présidé le pays. Moi-même j’étais son ministre, j’étais ministre des Finances du Président Sambi. Il n’y a pas de raison pour qu’on tire sur les décisions qu’on a prises en rompant les relations diplomatiques avec l’Iran. C’est que, franchement, on était très gênés, très contrariés par l’acte qui a été posé par les populations iraniennes.

Télésud: On va parler de vous, parce que, je disais tout à l’heure, que vous êtes candidat à l’élection présidentielle dans votre pays. Vous me disiez juste avant le début de cette émission, rassurez-moi: vous n’êtes plus ministre des Finances.

Mohamed Ali Soilihi: Je n’exerce plus, je ne suis plus ministre des Finances parce que, comme vous le savez, je suis Vice-président. En Vice-président, d’après notre Constitution, je ne devais pas démissionner. Mais, malgré tout, sans démissionner, je me suis désengagé, mais à mon niveau, je suis Vice-président. Provisoirement, oui. Ce qui est important, c’est que je ne continue plus d’exercer mes fonctions de ministre des Finances pendant que je vais m’engager dans une campagne électorale

Télésud: «Vous en aviez marre de profiter des moyens de l’État pour faire campagne», comme le disent vos adversaires?

Mohamed Ali Soilihi: Comment j’ai profité des moyens de l’État pour faire campagne? La Constitution est là. La Constitution a bien dit «à partir de tel moment le candidat qui avait des fonctions ministérielles et autres doit abandonner ses fonctions, prendre congé même de ses fonctions pour être candidat, pour aller à la compétition». Jusqu’à présent, j’exerçais mes fonctions de ministre des Finances. Et, je ne peux pas arrêter parce que je vais aller présenter ma candidature. Même ceux qui le disent, il y a certains parmi ceux qui le disent et qui me font ce reproche, il y a certains qui ont exercé leurs fonctions pendant la campagne électorale.

Télésud: Donc, vous trouvez que c’était normal d’utiliser l’avion de votre État, d’utiliser les moyens de l’État des Comores pour pouvoir continuer à circuler et à vous montrer aux populations et aux futurs électeurs?

Mohamed Ali Soilihi: Non. Je continue à exercer mes fonctions de ministre des Finances jusqu’au moment où la Constitution me dit: «Il faut arrêter si vous allez à la compétition».

Télésud: Et vous avez donc arrêté?

Mohamed Ali Soilihi: J’ai arrêté.

Télésud: Et vous êtes candidat à la présidentielle?

Mohamed Ali Soilihi: Je suis candidat à la présidentielle.

Télésud: Il y a 25 candidatures validées par la Cour constitutionnelle de votre pays.

Mohamed Ali Soilihi: Oui.

Télésud: Comment expliquez-vous qu’il y ait autant d’appétit pour le pouvoir dans votre pays? 25 candidats pour un État comme le vôtre!

Mohamed Ali Soilihi: Ça montre tout simplement que la démocratie joue à plein, même si cela peut être vu comme un peu excessif. Mais, les choses étant ce qu’elles sont, la Constitution a posé des conditions qui sont très faciles à réaliser. Alors, il y a autant de candidatures que de gens qui ont des ambitions.

Télésud: Si vous êtes élu, est-ce que c’est quelque chose que vous pourriez réformer, ça?

Mohamed Ali Soilihi: Absolument. Réformer ça pour que, effectivement, on donne à la fonction de Président de la République – à tout prétendant à cette fonction – quand même, un certain profil, qui va forcer le respect, qui va quand même donner une image beaucoup moins vulgaire que celle qu’on donne aujourd’hui, malheureusement. D’autant plus que même pour les partis politiques, il y a trop de partis politiques dans mon pays.

Télésud: C’est une preuve de la vitalité de la démocratie, non, ça?

Mohamed Ali Soilihi: Peut-être. Mais, quand c’est excessif, ça peut donner l’impression – d’un peu – d’une anarchie.

Télésud: Monsieur Soilihi, est-ce que c’est vrai que je suis assis dans cette émission devant le futur Président des Comores?

Mohamed Ali Soilihi: Je le veux, je le prétends, je le veux et je vais dans cette compétition pour ça. Sinon, je vais demander à la population comorienne de me donner cette confiance.

Télésud: Qu’est-ce qui vous fait croire que vous serez le meilleur des 25 candidats? Qu’est-ce qui fait la différence? Vous êtes comptable, par exemple, du bilan du Président sortant. Est-ce que vous pensez que ça va vous pénaliser, le bilan du Président sortant, ou au contraire, c’est un formidable ascenseur pour pouvoir atteindre votre objectif?

Mohamed Ali Soilihi: D’abord, le bilan du Président, le Docteur Ikililou Dhoinine, n’est pas un bilan à faire baisser les yeux. C’est un bilan très défendable, et nous aurons à en parler pendant la campagne électorale. Il n’y a pas à se gêner de ce bilan. C’est un bilan qui est positif pour moi. Donc, je pourrai très bien en parler. Ensuite, dites-vous bien que j’ai une longue expérience, comme les gens d’ailleurs me reprochent ça, un long parcours de gestion ministérielle avec pratiquement tous les Présidents sauf un seul Président, pendant ces longues années, avec lequel je n’ai pas travaillé. Mais, avec tous les autres, j’ai travaillé, avec ces chefs d’État. Donc, aujourd’hui, j’aspire à être le principal décideur. C’est-à-dire que j’ai servi l’État. J’ai servi la nation en tant qu’expert, en tant que ministre, plusieurs fois ministre et puis, aujourd’hui, l’étape la plus importante qui me reste dans ce parcours, c’est l’étape de chef de l’État, parce que nous sommes dans un régime présidentiel et que la dernière décision appartient toujours au chef de l’État.

Télésud: C’est une étape qui vous paraît naturelle?

Mohamed Ali Soilihi: Elle est naturelle pour moi. Ça devait être naturel parce que c’est l’étape que je n’ai jamais encore assumée et je considère que les étapes que j’ai assumées jusqu’à présent, depuis le début, c’est-à-dire à la base de la hiérarchie en montant, je crois avoir réalisé des choses qui votent en ma faveur et qui vont alimenter le débat que je vais mener avec le peuple comorien. Pour ceux qui m’ont vu à l’œuvre, j’ai laissé partout où je suis passé des empreintes positives.

Télésud: On évoquait tout à l’heure le bilan du Président Dhoinine et vous disiez que c’est un bilan dont on ne peut se cacher, et qu’on peut l’assumer.

Mohamed Ali Soilihi: Absolument.

Télésud: Si vous étiez Président de la République – soyons dans la politique fiction, l’élection ne s’est pas encore déroulée – si vous devenez Président de la République demain, qu’est-ce qu’il y a aujourd’hui dans le bilan du Président Dhoinine que vous, vous feriez autrement?

Mohamed Ali Soilihi: Oui, ce que j’aurais fait autrement c’est quoi? J’aurais changé un comportement politique. Ça veut dire quoi? C’est faire en sorte qu’il y ait un système de mérite, et ce système de mérite n’a pas pu éclore. C’est-à-dire responsabiliser au niveau de l’administration comme à tous les niveaux de l’échiquier politique et de l’échiquier administratif et même des institutions politiques, en fonction des profils, en fonction des compétences. Ça, je regrette, c’est la seule chose, c’est une des choses, et c’est fondamental, qui n’a pas pu avoir sa place dans le régime que nous allons terminer. Et ça, c’est très important parce que je pense que la vraie richesse d’un pays comme les Comores, ce sont d’abord les ressources humaines. Ce sont les hommes.

Télésud: Dans votre projet de gouvernance, dans votre projet de campagne, qu’est-ce que vous mettez en avant et qu’est-ce que vous dites quel est le message que les Comoriens retiennent du candidat qui sera peut-être le futur Président de leur pays? La mission que vous portez, c’est quoi?

Mohamed Ali Soilihi: L’ambition que je porte, c’est de dire: «J’ai entamé tout le long de ma carrière, je ne fais que des réformes, des réformes économiques». Malheureusement, il y a eu des instabilités, des instabilités politiques que notre pays a connues pendant de longues années. Des instabilités institutionnelles aussi. Nous avons eu deux crises. Une crise politique, une crise institutionnelle. Et pendant toute cette période-là, les résultats de ces réformes-là n’ont pas pu donner les fruits attendus. Mais, ça fait quand même 15 ans depuis qu’on est dans ce système de présidence tournante. L’effet le plus positif qu’on a eu de ce système-là, c’est la stabilité. Alors, on n’a pas encore su profiter de cette stabilité parce qu’il y avait la fragilité encore, institutionnelle. Maintenant, je pense que la situation est suffisamment mûre pour qu’on continue les réformes. Moi, j’ai entamé beaucoup de réformes au niveau économique, au niveau financier surtout, pour l’assainissement du système financier, de la gestion financière, assainissement reconnu par la communauté internationale.

Télésud: Vous, Président, les Comores, c’est quoi? Ça sera ma dernière question.

Mohamed Ali Soilihi: Ça ressemblera à un pays qui se respecte, qui a une crédibilité aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Ça sera un pays sur le sentier du développement et qui se consolidera d’une façon à ce qu’il n’y ait pas de retour en arrière. C’est-à-dire, c’est un pays qui sera vraiment sur le sentier du développement et de façon irréversible.

Télésud: Mohamed Ali Soilihi, merci.

Mohamed Ali Soilihi: Merci beaucoup.

Télésud: Vice-président des Comores chargé de l’Économie, des Finances, du Budget et du Commerce extérieur, candidat à l’élection présidentielle, sans doute probable Président de la République au soir de l’élection. On suivra avec beaucoup d’attention la campagne électorale aux Comores et votre parcours dans ce combat électoral. Merci d’être venu.

Mohamed Ali Soilihi: Je vous remercie aussi.

Transcription intégrale faite par ARM

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© www.lemohelien.com – Dimanche 24 janvier 2016.


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