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Imposture et hypocrisie des satellites d’Ahmed Sambi

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Un mémorandum pour la caporalisation de la Constitution du pays

Par ARM

   Ils ont donc franchi un nouveau pas dans l’indécence? Ils ont donc décidé de se placer sous le signe de l’opprobre? Ils ont donc décidé de placer Ahmed Sambi au-dessus de la Loi du pays, estimant que leur interprétation de la Constitution comorienne vaut plus que celle de tous les Comoriens sauf eux? Le lundi 21 septembre 2015, le Conseil Paix et Sécurité de l’Union africaine a publié un communiqué dans lequel il stigmatise Ahmed Sambi sans le nommer, et «exprime sa préoccupation face aux tentatives de certains acteurs politiques comoriens de remettre en cause le principe de la présidence tournante, tel que consacré par la Constitution comorienne. Le Conseil met en garde contre ces tentatives et contre toute autre action de nature à créer des tensions et à compromettre les avancées enregistrées dans le processus de réconciliation et de stabilisation des Comores». Le même jour, dans un grand élan d’hypocrisie, imposture et irresponsabilité, le Parti Bidoche et ses satellites que sont le RIDJA, ADD Zam Zam, CADIM, PASOCO et PEC ainsi que des Députés minoritaires et des Conseillers minoritaires ont pondu un texte qu’ils ont cyniquement appelé «Mémorandum sur l’éligibilité de tout Comorien sans discrimination insulaire». La première remarque qui se dégage de la lecture de ce document insipide et de toutes les confusions, c’est que ses rédacteurs doivent commencer par faire des cours de Droit de Première Année à la Faculté. Ils en ont besoin parce que leur interprétation de l’article 13 de la Constitution comorienne prouve qu’ils n’ont strictement rien compris en Droit et qu’ils disent n’importe quoi, surtout des bêtises inacceptables. Les pauvres chéris!

   Pourquoi des gens qui écrivent un document pour défendre une cause perdue d’avance ne se donnent pas la peine de consulter de vrais juristes avant de se lancer dans des interprétations qui font honte à tout bon juriste? Pourquoi ces gens-là refusent-ils d’admettre une bonne fois pour toutes la première chose qu’on enseigne pendant les 5 premières minutes dans une Faculté de Droit, à savoir que la Loi est générale et impersonnelle, et qu’on ne peut pas tripatouiller et dévergonder les textes juridiques, y compris la Constitution, pour faire plaisir à un seul homme, Ahmed Sambi? Pour comprendre la bêtise que constitue ce «mémorandum» débile et de la honte, il suffit de lire son premier paragraphe, ainsi rédigé: «À quelques mois des élections présidentielles, la classe politique se mobilise pour présenter des candidats. Parmi les candidatures déclarées celle de l’ancien Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi est contestée par le pouvoir en place. Cette position est née des diverses interprétations de la Constitution et notamment de son article 13 qui institue une élection primaire organisée tour à tour dans chacune des îles de l’Union. Ceux qui se déclarent opposés à cette candidature estiment, sur la base de leur interprétation, que les candidatures à l’élection primaire sont réservées aux ressortissant de l’île à qui revient le tour de l’organiser. Quant à nous partis signataires jugeons que cette candidature est légale car s’il revient aux habitants des îles de voter à tour de rôle lors des primaires, il n’en reste pas moins que les candidatures sont ouvertes à tous les comoriens sans distinction de lieu de naissance».

   Déjà, ces gens-là doivent savoir qu’on écrit «aux ressortissants» et non «aux ressortissant» et «les Comoriens» et non les «comoriens». Comment des gens qui se prennent pour le centre du monde peuvent-ils commettre des fautes aussi graves? Et comment font-ils pour négliger la place des autres signes de ponctuation, et surtout celle de la virgule, dans leur truc? Messieurs, on n’écrit pas «liens de parentés», mais «lien de parenté». Quand ils écrivent «les comoriens originaires des différentes îles des Comores», ils voudraient que les Comoriens (n’oublions pas la majuscule) soient originaires de quelle planète située à 1.000 années-lumière de la Terre? Alors qu’on croyait que les Comores étaient un État-nation, ces gens-là nous disent le contraire et que «les Comores ont vocation à devenir un État-nation». Ah! La notion d’«un système de primaire tournante entre les îles» est inconnue de la Constitution comorienne. Ce n’est pas l’élection primaire qui est tournante, mais la présidence elle-même. On n’écrit pas «toute fois», mais «toutefois». On n’écrit pas «prennent racines», mais «prennent racine». Ces gens-là invoquent l’Accord de Fomboni du 17 février 2001 pour parler de la résidence tournante, alors qu’il n’en parle pas. L’Accord se limite aux objectifs et nécessités de réconciliation nationale, son but ultime. C’est la Constitution du 23 décembre 2001 qui pose le principe de la présidence tournante.

   Remarquez l’hypocrisie. Ces gens ont tellement peur des vrais mots qu’ils écrivent «chaque collectivité ait tour à tour ce privilège légal d’élire les trois candidats à la magistrature suprême» pour ne pas dire «chaque île», alors que ce n’est pas le mot «collectivité» qui est employé dans la Constitution, mais le mot «île». Hypocrisie et manipulation, donc. Et que signifie leur expression «identités infra-étatiques», qui n’existe nulle part dans la Constitution du pays? On n’écrit pas «l’ancien Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi rempli» mais «remplit». On n’écrit pas «va à contre sens» mais «à contresens» ou «à contre-sens».

   Revenons donc au premier paragraphe du «mémorandum» de la honte. Ses auteurs ont tort sur toute la ligne. Ce n’est pas le gouvernement qui est hors-sujet, mais les crypto-sambistes et leur prétendu «Rassemblement des Patriotes». En dépit de toute la logomachie de ces gens-là, il est de notoriété publique que l’expression «la présidence est tournante entre les îles» a une seule signification, au regard des conditions de l’introduction de la présidence tournante dans la Constitution: le 18 février 1997, éclatait une crise séparatiste à Anjouan parce que cette île estimait être placée en état de «marginalisation» depuis l’assassinat de l’Anjouanais Ahmed Abdallah Abderemane, qui a régné sur les Comores de 1978 à 1989. La présidence tournante a été instaurée à la demande des Mohéliens pour permettre à chaque île de placer l’un de ses enfants à la Présidence de la République, à un moment où, au cours de l’élection du chef de l’État en 1990 et en 1996, les 5 premiers candidats étaient tous Grands-Comoriens. C’est l’interprétation de tous les Comoriens sauf d’Ahmed Sambi et ses hommes. Or, on ne peut pas placer une poignée de desperados au-dessus de toute une nation. On ne peut pas placer une bande perroquets et de roquets au-dessus de tout un peuple. Et quand ces gens-là parlent de «travaux préparatoires», ils doivent savoir que ceux-ci sont contre leurs bêtises, dans la mesure où ils indiquent clairement pourquoi la présidence tournante a été instaurée.

   Tout le monde sait que la présidence tournante a été instaurée dans ce contexte de division et de séparatisme, et qu’elle a pour vocation, la réunification de tout un pays: rassurer les Mohéliens et les Anjouanais que leurs enfants peuvent diriger les Comores, eux aussi. Aujourd’hui, Ahmed Sambi et ses satellites en font un facteur de division et de «chaos». Pourquoi faut-il d’ailleurs que chaque fois qu’un événement divise les Comores, il faut qu’Ahmed Sambi en soit encore et toujours à l’origine? La démarche de ces gens-là est tellement débile et fourbe que les mêmes veulent faire admettre aux Comoriens qu’Ahmed Sambi peut violer la Constitution et insulter les Grands-Comoriens au seul motif que «les comoriens constituent un seul peuple, une seule nation cimentée par des origines, une langue, une culture, une religion communes et par des liens de parentés séculaires. Contrairement aux populations de différents pays, les comoriens sont étrangers aux notions de tribu et d’ethnie». C’est stupide. Donc, les Mahorais sont tellement fiers d’être Comoriens qu’ils ont préféré rester sous administration française? Est-ce que ces gens-là peuvent expliquer la relation entre Anjouanais Oikoni et Anjouanais citadins? Pourquoi ces gens-là oublient-ils les «Inya» de Grande-Comore et les «Dzoué» de Mohéli? Allez demander à quelqu’un qui n’est pas rattaché à une «Dzoué» de Mohéli, même s’il y vit depuis 1900, de célébrer un mariage avec une personne qui en fait partie. Essayez, Messieurs. Rendez-vous à Djoiezi, Mohéli, et demandez aux gens ce qui se passe quand on veut célébrer certains mariages entre personnes appartenant à des «Dzoué» différentes. Et puis, on est quand même étonné de voir que ces gens-là parlent d’unité entre Comoriens alors qu’en 2010, quand Ahmed Sambi ne voulait pas organiser l’élection du chef de l’État, Fahmi Ibrahim et Mohamed Bacar Dossar, deux des signataires du texte, n’avaient pas été avares en dénigrement et injures envers les Mohéliens. Et aujourd’hui, ils parlent de la «parenté séculaire» entre Comoriens? À un moment donné, il faut savoir ce qu’on veut, Messieurs. Vous insultez des personnes un jour pour leurs origines insulaires, et le lendemain, vous les proclamez vos égaux!

   Il y a trop de gallinacées dans ce texte, et surtout des considérations démagogiques qui ne présentent aucune pertinence juridique et sociologique. Pourtant, un fait demeure: en 2002, Ahmed Sambi n’a pas déposé sa candidature à la Grande-Comore et en 2010 à Mohéli. Il avait attendu 2006, le tour de son île, Anjouan. Qui est Anjouanais, Mohélien ou Grand-Comorien? Celui qui se veut Anjouanais, Mohéli et Grand-Comorien. Mais, quand on présente sa candidature en tant qu’Anjouanais, pourquoi faudra-t-il devenir le ressortissant d’une autre île par la suite? Des fois, on gagne à être décent. En 2002, le Prince Saïd-Ali Kemal, de père grand-comorien et de mère anjouanaise, s’était présenté à la Grande-Comore. En 2006, il voulait se présenter à Anjouan, mais comme il se sait Grand-Comorien, il a refusé de se ridiculiser. Ahmed Sambi et consorts devraient s’en inspirer.

   Et, dernière chose, ces gens-là disent souvent que la Constitution n’a pas précisé ceci ou cela. Un cours de Droit constitutionnel leur permettra de découvrir qu’«il se peut qu’une disposition constitutionnelle soit ambiguë. La pratique aura le mérite de lever l’incertitude», étant entendu que «la coutume peut se glisser dans les interstices du texte et réparer quelques oublis»: Jean et Jean-Éric Gicquel: Droit constitutionnel et institutions politiques, 20ème édition, Montchrestien, EJA, Paris, Collection «Domat – Droit public», Paris, 2005, p. 171. Sur le plan juridique, en 2002, tous les candidats étaient Grands-Comoriens, comme ils étaient tous Anjouanais en 2006 et tous Mohéliens en 2010. Logiquement, même si l’article 13 de la Constitution n’existait pas, cette répétition constante des faits constitue une pratique constitutionnelle ou coutume constitutionnelle, dont l’authenticité juridique ne saurait être contestée par un aucun juriste sérieux. Mais, si des charlatans veulent jouer avec un Droit qu’ils ne maîtrisent pas, libre à eux. Toutefois, comme l’a si bien dit le Khalife Ali Ibn Abî Talîb, «celui qui lutte contre la vérité est rapidement terrassé par elle»: Roger Pasquier: Découverte de l’Islam, Institut islamique de Genève et Éditions des Trois Continents, Genève (année?), p. 168.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Dimanche 27 septembre 2015.


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One Comment

  • moufid

    septembre 27, 2015 at 2:55

    A quand des analystes politiques dans les radios et télévisions comoriennes?
    çà fait mal de voir que toutes ces analyses ne seront pas connues par bon nombre de mes voisins qui n’ont les moyens de s’informer que via Radio Comores et TNC.
    Pire encore, chaque fois j’assiste aux moments où mes pauvres voisins écoutent les mensonges d’un homme d’Etat qui, d’ailleurs, aime faire savoir qu’il fût de tous les combats ( de la commission tripartie en 2000 au référendum “du Chef” en 2009).
    Le fait est que quand “Monsieur Le Combattant ” explique aux autres que c’est juste le pouvoir en place qui veut illégitimer la candidature de Sambi, j’ai l’impression que son assistance lui donne raison parce qu’ici la seule voix des juristes entendue par des gens ordinaires comme moi, est celle des gens du gouvernement (en référence à Msaidié et Boléro).

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