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Horreur! La carte des «Comores» sans Mayotte, et c’était en 1895. La géographie n’est pas synonyme de réalité historique et politique

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Horreur! La carte des «Comores» sans Mayotte, et c’était en 1895

La géographie n’est pas synonyme de réalité historique et politique

Par ARM

       Au secours! Au secours! Au feu! Au feu! À l’aide! À l’aide! Voici une carte des Comores datant de 1895. On n’y voit pas Mayotte. Mayotte ne s’y trouve pas. Or, il s’agit bien d’une carte des Comores. Et les chantres de la bien-pensance crient sur les toits jusqu’à la nausée: «Mayotte est comorienne et le restera à jamais». Il est donc demandé aux «bons et vrais Comoriens», aux «Comoricains» («experts» qui savent ce qu’ils ne savent pas), aux chantres de la réécriture de l’Histoire et  aux écrivains circonstanciels et accidentels de temps d’expliquer aux masses populaires pour que la chose soit claire dans les esprits pourquoi ce qu’ils appellent pompeusement «l’île comorienne de Mayotte» ne figure pas sur la carte des Comores en 1895. Comme ils vont répugner à le reconnaître, notons que la réponse à cette question est: en 1895, il n’existait au monde ni pays, ni État, ni nation ayant pour nom les Comores. C’est en 1912 que la France, par simple commodité administrative, créa les Comores, province de la colonie Madagascar. De 1912 au 6 juillet 1975, date de proclamation de leur indépendance, les Comores ont été une simple collectivité territoriale française et n’ont jamais exercé d’autorité à Mayotte en tant qu’État souverain. Il n’y a donc jamais eu de souveraineté des Comores sur Mayotte.

       L’idéologie historique dominante des Comores, les «bons et vrais Comoriens», les «Comoricains», les «experts» en déformation de l’Histoire et les écrivains circonstanciels et accidentels de temps n’aiment pas cette vérité. N’ont-ils pas tenté de créer «le Sultan des Comores», pour dire que l’État et la nation ont existé aux Comores avant la colonisation?

       En mai 2023, «les bons et vrais Comoriens» et l’idéologie historique dominante des Comores ont jeté avec violence sur Internet la lettre de «Protestation du Sultan des Isles Comores contre l’occupation de l’Isle de Mayotte par la France. En date du 9 Mars 1843», pour dire que «le Sultan des Comores» a existé un jour, que les 4 îles avaient constitué «le Sultanat des Comores», jadis gouverné par «le Sultan des Comores», «Sultan unique», qui aurait régné sur les 4 îles au même moment. Allons bon! La lettre de protestation est signée de «Seyd Hamza, fils de Seyd Abd Allah, Sultan des Iles Comores».

       On étouffe de rire en apprenant qui était le «Sultan des Comores». Cet usurpateur déchu anjouanais autoproclamé «Sultan des Comores» aurait dû commencer par s’assurer de sa légitimité sur sa propre île avant de s’autoproclamer sultan de 4 îles car «l’annonce du Traité [du 25 avril 1841 entre Mayotte et la France] soulève très vite de nombreuses protestations. Les premières viennent de Salim, sultan usurpateur d’Anjouan, et de Allaoui, légitime qui est alors réfugié à Maurice»: Thierry Flobert: Les Comores. Évolution juridique et socio-politique, Avant-propos de Louis Favoreu, Préface de Charles Debbasch, Travaux et Mémoires de la Faculté de Droit et de Science politique d’Aix-Marseille, Université de Droit, d’Économie et des Sciences d’Aix-Marseille, Centre d’Études et de Recherches sur les Sociétés de l’océan Indien, Aix, 1976, p. 61.

       L’usurpateur autoproclamé «Sultan des Comores», inexistant sur la liste des Sultans de Mayotte, de Mohéli, et celles (au pluriel) de Grande-Comore, avait attendu 2 ans après la signature du traité du 25 avril 1843 entre la France et Mayotte pour écrire au Roi des Français sa lettre de protestation ainsi rédigée: «[…] Ledit commandant [Passot]trompé, sans doute par les promesses mensongères de cet imposteur [le Sultan Andriantsoly de Mayotte], aurait conclu un traité avec lui, dont le but serait de mettre le gouvernement français en possession de notre île de Mayotte dont nous tenons la souveraineté de Dieu et de nos ancêtres. Les devoirs que nous avons à accomplir envers les peuples que Dieu et notre droit nous ont appelé à gouverner nous imposent l’obligation de protester, de toute la force de notre âme contre un acte que nous déclarons être nul, et sans la moindre valeur, puisqu’il tendrait à nous dépouiller de l’héritage de nos pères, ce qui serait une violation des principes les plus sacrés de la justice et du droit des nations. Signé Seyd Hamza, fils de Seyd Abd Allah, sultan des îles Comores».

       Comme toujours, sous les tropiques, Dieu a bon dos. Les imposteurs l’invoquent toujours pour dire qu’Il leur a attribué terres et pouvoir. Il est facile d’accuser les autres d’usurpation sans prouver sa propre légitimité! Il est facile de prétendre qu’on est propriétaire des terres des îles voisines parce que Dieu l’a voulu! Et les ancêtres, ces usurpateurs!

       L’affaire se complique pour «le Sultan des Comores»: l’historien Jean Martin a détruit d’un coup de plume tous ses mensonges, l’accusant, à juste titre, d’ignoble chantage sur la France, sur qui il espérait une extorsion de fonds, ayant appris que le Roi des Français accordait une rente viagère au Sultan Andriantsoly: «Saïd Hamza déclarait avoir appris l’acquisition de Mayotte qui, d’après lui, avait été cédée à des officiers français par un usurpateur aventurier n’ayant aucun droit d’aucune sorte. Il ne doutait pas que la bonne foi des plénipotentiaires avait été abusée par cet imposteur mais il espérait que la France, nation généreuse et magnanime, se hâterait de lui restituer un territoire dont il tenait la souveraineté de Dieu et de ses ancêtres – ou qu’à tout le moins elle lui verserait une indemnité pour le préjudice ainsi subi. Le gouverneur de Bourbon [la Réunion actuelle]n’eut pas grande difficulté à obtenir de Passot et de quelques autres connaisseurs des affaires du canal de Mozambique des renseignements sur ce chérif qui se faisait passer pour sultan en exil et vivait dans la grande tradition de parasitisme des princes anjouanais – aux frais de l’administration coloniale de Maurice.

       Dépossédé en octobre 1840 de la couronne d’Anjouan par son oncle Saïd Hassan dit Salim, le jeune sultan Alaoui M’titi s’était réfugié avec quelques fidèles à Mozambique. Il y resta sept mois puis trouva un passage pour l’Inde à bord d’un navire anglais. Il séjourna quelques jours à Calcutta, puis à Bombay [en Inde], sollicitant l’appui des officiers de la compagnie et de la marine pour être rétabli dans ses États en échange de promesses de concessions à l’Angleterre. Il n’avait obtenu que des réponses évasives de personnages qui, de toute évidence, ne s’intéressaient guère aux affaires du lointain canal de Mozambique. Lord Auckland, gouverneur général, lui avait fourni les moyens de gagner l’île Maurice où il vécut dans l’espoir d’une hypothétique intervention anglaise en sa faveur. Le lieutenant-général Sir Lionel Smith, successeur de Nicolay, l’avait accueilli avec bienveillance mais le jeune sultan, déjà très malade, ne devait jamais revoir les rivages d’Anjouan car il s’éteignait à Port-Louis au mois d’avril 1842», un an… avant d’avoir rédigé sa lettre de protestation au Roi des Français: Jean Martin: Comores: quatre îles entre pirates et planteurs. Tome 1. Razzias malgaches et rivalités internationales (fin XVIIIème – 1875),Éditions L’Harmattan, Paris, 1983, p. 163.

       Il est mort en 1842, est revenu de l’au-delà en 1843 pour écrire sa lettre de protestation!

       Tout est possible en Grande-Comore, où les mosquées se construisent seules, en une seule nuit, où le trône du Roi biblique Salomon (970-931) aurait péri lors d’une éruption du volcan Karthala, où on aurait retrouvé les traces de la Reine de Saba, où se serait réfugié le Prophète Mohammed à la grotte «Le Trou du Prophète». Pourtant, l’explorateur Théodore Monod avait prêché la vigilance et le sérieux: «Il ne faut pas confondre l’Histoire et les histoires». On connaît les fantasmes des «Sultans batailleurs» des Comores, dont chacun se disait Sultan sur son île «et dépendances», c’est-à-dire sur toutes les îles voisines. Ce que les écrivains circonstanciels et accidentels de temps, la bien-pensance, «les bons et vrais Comoriens» et l’idéologie historique dominante des Comores refusent d’admettre, c’est que ces prétentions ne valent rien en Droit et en Histoire. Ramanetaka, Sultan malgache de Mohéli, avait dominé Mayotte en 1833-1835, avait entrepris de conquérir Anjouan et voulait se lancer à la conquête de Madagascar (contre la Reine Ranavalona, son ennemie intime), mais n’en avait pas les moyens.

Par ARM

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