Des indépendances en échec, des migrations dans la mort

Des indépendances en échec, des migrations dans la mort

Les migrants viennent toujours de pays dits indépendants

Par ARM

       On annonce encore que des Comoriens sont morts au large des îles Canaries, à la suite d’une tentative de migration vers l’Europe, l’Eldorado, la Terre Promise. Ces trois morts sont trois morts de trop. Il n’est pas normal de se sentir tellement mal dans son pays d’origine jusqu’à se jeter dans les bras de la Mort, soit dans le bras de mer et de la Mort entre Anjouan, aux Comores, et Mayotte, département français de l’océan Indien, soit aux portes de l’Europe.

       Triste et impitoyable ironie du sort. Les Comores voulaient l’indépendance, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, transformé, selon Mario Bettati, en «droit des mêmes à disposer de leurs peuples». En comorien, l’indépendance est appelée «Uhuru», et Julius K. Nyerere, grand pourfendeur du colonialisme, à l’époque où il était Président de la Tanzanie, avait ironisé sur «Uhuru Wa Bandria», «L’indépendance de drapeau»: des caricatures, carcans et carcasses se gargarisent des mots «État» et «indépendance» car ils ont des drapeaux. L’indépendance est également appelée «Ungwana», soit «liberté», «dignité», «honneur», «humanité», «honorabilité». Les pays africains ont revendiqué leur indépendance, parfois au prix d’une sanglante guerre de libération. Mais, ils sont tellement mal gouvernés que ces indépendances sont devenues des cimetières de rêves, d’espoirs et de vies.

       Aujourd’hui, selon l’ONU, le monde compte 258 millions de migrants, et j’en fais partie car je vis à l’étranger, risquant ma vie elle-même si je rentrais chez moi dans l’immédiat. En matière de migrations internationales, l’hypocrisie la plus mensongère et la plus démagogique prévaut. Les chantres de la bien-pensance et du droit-de-l’hommisme versent des larmes de crocodile parce que des migrants qui se savent en danger de mort en transitant notamment par la Libye y vont, subissant les deuils qu’ils savent dans ce pays sans État. Pis, les bien-pensants se répandent en discours démagogiques face à des États indépendants, qu’ils veulent obliger à accueillir des migrants. Or, personne ne va au siège de l’Union africaine exiger des comptes aux dictateurs africains sur leur échec en matière d’État de Droit, démocratie, gouvernance et développement économique, social et institutionnel, à l’origine des migrations internationales.

       Pourtant, le problème n’est pas dans les pays qui refusent les migrants, mais dans les États fantoches que fuient leurs propres citoyens. Alors, pourquoi les dictateurs d’Afrique ne se réunissent jamais pour reconnaître leur échec à travers les migrations? Pourquoi les chantres du droit-de-l’hommisme épargnent les dictatures en échec et accusent les pays de destination des migrants? Mesurent-ils les conséquences de leur discours si les pays occidentaux laissaient les migrants entrer sur leurs territoires respectifs sans retenue?

       Et les Comores dans tout ça? La chose fait rire. Les «Comoricains» et les «bons et vrais Comoriens» se gargarisent de faux discours sur leur «indépendance» et «l’humanité» ainsi que la «dignité» qui en découlent. Depuis des décennies, ils prennent les Mahorais de haut, les traitant de «colonisés». Les Comoriens, se croyant plus visionnaires et plus intelligents que les Mahorais, continuent à mépriser ces derniers. Or, Mayotte est devenue le plus grand refuge et même la plus grande cachette des cadres comoriens, surtout des plus prétentieux, des plus arrogants, des plus méprisants et des plus suffisants d’entre eux. On les voit dans tous les coins de rue à Grande Terre comme à Petite Terre. Dans les agences de transfert d’argent, on ne voit que les Comoriens envoyant de l’argent à leurs familles respectives aux Comores. Ha!

       On est donc en face de l’échec des indépendances, surtout en Afrique. Les gens migrent parce que leurs pays ont échoué, et leur indépendance est devenue un piège mortel. Ce sont les peuples qui ont eu l’intelligence de ne pas céder à la mode des indépendances factices qui vivent dans la dignité. À preuve, il n’y a aucun migrant venant de Mayotte, de la Réunion, de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie française, des Antilles françaises, de la Guyane ou de Saint-Pierre-et-Miquelon. Les migrants qu’on humilie et maltraite viennent tous de pays prétendument indépendants, indépendants dans une indépendance transformée en malédiction et en deuil au quotidien. Voilà les résultats des indépendances précipitées dans des pays entre les mains de dictateurs fous, inconscients, insouciants, corrompus et incompétents entourés de leurs familles de voleurs et de collaborateurs fous, inconscients, insouciants, corrompus et incompétents.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Vendredi 13 mai 2022.