Connaître deux réalités fondamentales sur la guerre
L’illégalité de l’agression en Droit international public
Par ARM
Un État souverain, la Russie, vient d’envahir un autre État souverain, l’Ukraine. La Russie et l’Ukraine faisaient partie l’ex-Union Soviétique. La Russie est un pays immense, traversée par 11 fuseaux horaires. Sa superficie est de 17.125.191 km² et sa population de 146 millions d’habitants. L’Ukraine a une superficie de 603.700 km² et une population de 45 millions d’habitants. Quelle différence! Deux réalités dont à souligner sur la guerre.
1.- Le Droit international public est contre toute agression d’un peuple par un autre
En effet, l’article 2 § 4 de la Charte de l’ONU dispose: «Les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies».
Selon l’article 1er de la résolution 3314 (XXIX) de l’Assemblée générale de l’ONU en date du 14 décembre 1974: «L’agression est l’emploi de la force armée par un État contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre État, ou de toute autre manière incompatible avec la Charte des Nations Unies, ainsi qu’il ressort de la présente Définition».
2.- La guerre caractérise durablement les relations entre les pays et les peuples
L’écrivain Victor Hugo est l’auteur de ces vers d’anthologie:
Depuis six mille ans la guerre
Plaît aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.
La guerre n’est pas imputable à Dieu, mais à l’Homme. Elle est une sale, abominable et récurrente habitude humaine: «La guerre est le phénomène social le plus constant. Elle est la plus importante des relations entre les peuples. Sur trois mille quatre cents ans d’histoire connue, il n’y a que deux cent cinquante ans de paix générale»: Maurice Torrelli: Droit international humanitaire, PUF, Collection «Que-sais-je?» n°2221, Paris, 1985, p. 3.
Horrible! On est définitivement dégoûté en apprenant ceci: «Si en effet un conflit mondial a pu être évité jusqu’ici, cela ne saurait faire oublier le nombre considérable de guerres “locales” que notre planète a connues depuis 1945. Assez souvent, à l’ombre de la dissuasion nucléaire réciproque, des formes de guerre ont proliféré, limitées par le nombre de leurs participants, par leur extension géographique et par la nature des moyens engagés. Tout se passe alors, dans ces cas, comme si les grandes puissances, au lieu de s’affronter directement, ce qui risquait d’embraser la planète entière, recouraient à des conflits locaux par petits États interposés. Ce type de relations internationales, s’il sauve l’humanité de l’anéantissement atomique, n’en constitue pas moins une forme peu acceptable de ces rapports. Les Instituts de polémologie font observer que le monde n’a connu que… 26 jours de paix depuis la Seconde Guerre mondiale. Si on adopte d’autres critères moins rigoureux de ce qu’est un jour sans guerre, on obtient, selon d’autres calculs, trois jours de paix totale par an dans le monde, ce qui n’est pas réjouissant»: Mohammed Bedjaoui: Article 1 (Commentaire général), in Jean-Pierre Cot, Alain Pellet et autres: La Charte des Nations Unies. Commentaire article par article (Collectif), Préface de Javier Perez de Cuellar, 2ème édition, Economica, Paris, 1991, p. 29.
Voilà la direction que la folie des hommes a imposée à l’humanité. Par malheur, certains ont la faiblesse de désigner les agresseurs par l’expression absolument folle de «grands stratèges».
Par ARM
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