Caporalisation de la CÉNI et de la Cour par l’Armée?
L’immixtion de l’Armée dans les élections fait mauvais genre
Par ARM
Mais, qu’est-ce qui se passe encore aux Comores? Le pays est-il devenu une junte militaire ou est-ce que les institutions de la République sont devenues une basse-cour de l’Armée nationale de Développement (AND)? La question se pose parce que les Comoriens ont cessé de comprendre ce qui se passe dans leur propre pays. Quand le vendredi 15 avril 2016, le Grandissime Docteur Ahmed Mohamed Djaza, inimitable, inégalable et incomparable Tzar de la Commission électorale nationale «indépendante», baignant dans un océan de billets de 10.000 francs remis par ses maîtres, a proclamé les résultats provisoires de l’élection du chef l’État que le danseur de rue Azali Assoumani a pris pour un billet aller simple pour Beït-Salam, le lait qu’il tétait provenait du sein des Mohéliens de Beït-Salam et du Colonel Youssouf Idjihadi, chef d’État-major de l’AND. Ce jour-là, en effet, on vit le Colonel Youssouf Idjihadi, en tenue de combat, au Palais du Peuple, où certains Commissaires de la CÉNI s’étaient réunis pour demander à Dieu de leur dire ce qu’ils devront faire de tout l’argent qu’ils ont reçu de leurs maîtres pour faire ce qu’on sait. Médusés et scandalisés, les Comoriens virent des militaires armés jusqu’aux dents aux côtés du brave Ahmed Mohamed Djaza ce même jour, alors que personne aux Comores ne menaçait personne, sauf ceux qui se mêlaient de ce qui ne les regardait pas et qui se croyaient dans un souk de Samarkand. Et, les Mohéliens de Beït-Salam étaient bien présents aux côtés du Grandiose Ahmed Mohamed Djaza pour faire ce qu’on sait ce jour-là.
Naturellement, il a fallu chercher l’article du Code électoral qui dispose: «Les résultats des scrutins sont proclamés par le Président de la CÉNI sous la menace de l’Armée conduite par son chef d’État-major en tenue de combat». On ne trouve aucune disposition du Code électoral qui ressemble à cela. Soyons sérieux! Si au moins, les militaires avaient réagi face aux hommes du danseur de rue Azali Assoumani qui ont vandalisé à Anjouan les 23 bureaux de vote où doit avoir lieu l’élection partielle qui mettra fin aux espoirs insensés du même Azali Assoumani.
Par ailleurs, aux Comores, le Président de la République est le chef des Armées. De ce fait, il reçoit régulièrement les chefs de l’AND. Et pourtant, personne n’a jamais vu les militaires publier des communiqués pour dire de quoi ils ont parlé avec le Président de la République et pour dévoiler la teneur de leurs entretiens. Un système de Défense n’est tout de même pas la Place Jama El-Fna de Marrakech ou le marché de Volo-Volo! Et, alors que les Comoriens sont encore sous la colère provoquée par la caporalisation de la CÉNI par l’AND, ils découvrent avec stupeur le communiqué rendu public ce jeudi 21 avril 2016 par le Colonel Youssoufi Idjihadi, qui écrit doctement:
«Le Président de la République, chef suprême des Armées, a reçu cet après-midi au Palais de Beït-Salam, le haut commandement de l’Armée nationale de Développement, avec à sa tête, le chef d’État-major, en présence du Directeur du Cabinet du Président de la République chargé de la Défense.
Les institutions militaires sont venues témoigner de leur cohésion totale, de leur esprit républicain et de leur neutralité politique dans l’exécution de leurs missions.
Elles ont exprimé leur souhait premier, qui est celui du chef de l’État, de voir le processus électoral s’achever dans la paix et la légalité, permettre ainsi une passation de pouvoirs dans les délais constitutionnellement impartis, c’est-à-dire le 26 mai 2016».
Cette sortie de l’Armée est très malvenue et inopportune. Elle ressemble à une mise en demeure faite aux institutions républicaines. Ce n’était pas un souhait qu’elle exprimait, mais un ordre qu’il n’est pas difficile d’assimiler à une condamnation des élections partielles à venir, comme si ces dernières allaient provoquer une rupture de calendrier susceptible de retarder l’installation de Mohamed Ali Soilihi à la Présidence de la République quand seront officiellement dévoilées les magouilles du danseur de rue. La Cour constitutionnelle va annuler les bureaux de vote de la fraude, rétablir les comptes dans leur réalité et dire à Azali Assoumani que sa danse de rue était prématurée parce que les Comores et la communauté internationale ne sauraient cautionner ses combines et ses mascarades.
Au début du XXème siècle, un diplomate français avait écrit une correspondance au chef de la mission diplomatique dans laquelle il travaillait et avait signalé qu’il avait du tact. Et l’Ambassadeur avait écrit à la marge de son courrier: «En parler, c’est en manquer». C’est la raison pour laquelle les Comoriens s’interrogent sur les raisons spécifiques qui ont poussé le Colonel Youssoufi Idjihadi à parler, s’agissant des autorités militaires, de «leur cohésion totale, de leur esprit républicain et de leur neutralité politique dans l’exécution de leurs missions». Si les autorités militaires ont toutes ces vertus, pourquoi les étaler sur la place publique. Si les autorités militaires ont toutes ces vertus républicaines, ça finira par se savoir. En attendant, que l’AND abandonne sa tentative d’intimidation de la Cour constitutionnelle par caporalisation, après avoir fait de la CÉNI l’objet de la haine des Comoriens aimant leur pays. Les Comoriens sont tellement en colère contre les immixtions de l’Armée dans les affaires électorales qu’il leur arrive de dire que l’AND va prendre le pouvoir par la force.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Samedi 23 avril 2016.