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«Azali Assoumani n’a été élu ni en 2002, ni en 2016»

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«Azali Assoumani n’a été élu ni en 2002, ni en 2016»

Interview de Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, leader du PCA

www.lemohelien.com: Des entrailles de la société comorienne, monte un cri de haine mortelle contre Azali Assoumani, Hamada Madi Boléro et leurs comparses. Comment expliquez-vous cela, vous qui prenez le pouls de la nation comorienne plusieurs fois par jour?

Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Les Comoriens maudissent les individus dont vous citez le nom ainsi que leurs acolytes parce qu’ils sont profondément déçus. Les Comoriens sont très déçus et meurtris pour trois raisons principales. Premièrement, Azali Assoumani n’a été élu ni en 2002, ni en 2016. Il ne se trouvait personne de sérieux pour souhaiter son élection en 2016. Personne ne s’attendait à son élection, impossible à l’issue d’une élection démocratique. Le Sultan Hachim Saïd-Hassane avait dit en 2015 que «même la mère qui a porté Azali Assoumani dans son ventre pendant 9 mois ne voterait pour lui», tant il est médiocre comme dirigeant. Donc, personne de sérieux ne voulait voir cet homme revenir au pouvoir. Dans des conditions démocratiques, cet homme ne serait jamais revenu au pouvoir. Les Comoriens maudissent donc Ikililou Dhoinine et Hamada Madi Boléro, qui ont volé l’élection reflétant le choix du peuple comorien pour l’attribuer scandaleusement et de la manière la plus arbitraire à ce putschiste nuisible. Les Comoriens sont d’autant plus en colère qu’ils savaient qu’Azali Assoumani ne ferait rien de positif pour leur pays. Deuxièmement, les Comoriens sont très déçus parce qu’ils savent qu’Azali Assoumani a été au pouvoir par la force et la fraude de 1999 à 2006, mais a une gouvernance qui est pire que celle des dirigeants qui n’ont jamais été Présidents avant. En la matière, même le piètre et pittoresque Ikililou Dhoinine faisait mieux que lui. Au surplus, si on disait qu’Ikililou Dhoinine avait un «régime politique insulaire», aujourd’hui, force est de constater qu’Azali Assoumani a un régime politique villageois, et s’est transformé en petit dictateur de village. Il est resté un petit chef de village comme je l’ai dit en d’autres circonstances. Troisièmement, les Comoriens sont déçus parce qu’Azali Assoumani a commencé son mandat illégitime comme s’il était en fin de règne, de sorte qu’ils voudraient le voir partir de la Présidence de la République le plus vite possible pour que des nouvelles élections soient organisées. De la sorte, les mauvais dirigeants actuels auraient déguerpi. En un mot, les Comoriens ont touché le fond du désespoir. Ils sont très en colère.

www.lemohelien.com: Ce n’est donc pas la joie des grands jours. De fait, croyez-vous que la situation économique du pays actuellement donne aux Comoriens des raisons d’espérer?

Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Venant de vous, cette question aux allures de provocation me fait rire parce que vous savez très bien que la situation économique des Comores actuellement est désastreuse et catastrophique. Pour tout dire, l’économie comorienne est en lambeaux. Azali Assoumani et ses hommes n’ont ni la volonté, ni la compétence pour relancer l’économie, mais savent dilapider les maigres ressources de l’État. Et, contrairement à Djaanfar Saïd Ahmed, qui prétendait que le régime politique actuel aurait hérité d’une situation économique grave et difficile, moi j’estime que le gouvernement précédent a laissé des milliards de francs comoriens dans les caisses de l’État. Je pense notamment aux fruits de la politique d’assainissement et de rigueur menée par le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, qui était également ministre de l’Économie et des Finances, politique qui avait incité l’Arabie Saoudite à nous accorder une importante aide budgétaire de 20 milliards de francs comoriens, suivie de la République populaire de Chine, qui avait octroyé une aide de 2,5 milliards de francs pour relancer le secteur de l’énergie. Je vais aller plus loin en rappelant que la gouvernance économique et financière du pays était tellement engagée dans la bonne voie que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) avaient constaté qu’au lieu de 2,6%, les Comores avaient la possibilité de réaliser une croissance de 3,6% en 2016, après avoir constaté la rigueur financière et monétaire des années 2011-2016. Ces prévisions ont été cassées et chamboulées par les dirigeants actuels, les champions de la mauvaise gouvernance. Les dirigeants actuels, médiocres par définition, se partagent l’argent public, licencient les enfants du pays, augmentent leurs propres salaires et indemnités, voyagent tout le temps pour obtenir des indemnités exorbitantes, mais n’investissent pas un centime, ne recrutent pas par des emplois réels, et ne diminuent pas leurs salaires pharaoniques. Il est temps de concevoir et de mettre en pratique d’autres politiques.

www.lemohelien.com: Quelles suggestions faites-vous alors?

Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Oui, comment faire? Il est possible et bénéfique de réintégrer à la Fonction publique toutes les victimes des licenciements abusifs et insensés d’Azali Assoumani. Ces cadres comoriens constituent pour notre pays une nécessité et un besoin. Ils ont été licenciés par ignorance, mauvaise foi et égoïsme par des dirigeants irresponsables. Nous devons renforcer l’Administration pour qu’elle soit présente sur toute l’étendue du territoire national. Nous avons besoin de ces cadres licenciés parce qu’ils sont utiles dans tous les secteurs de la vie étatique et sociale. Nous devons diminuer sensiblement les salaires et les indemnités des autorités qui grossissent pendant qu’elles imposent une injuste et stupide cure d’amaigrissement à notre peuple. Nous devons renforcer le contrôle sur l’usage qui est fait des fonds publics, en mettant fin au laxisme actuel. Nous devons renforcer le rôle de l’appareil judiciaire. Fahmi Saïd Ibrahim, en pleine période électorale de 2016, faisait beaucoup de tintamarre en prétendant qu’il allait réformer la Justice, mais n’a rien fait à ce jour. Son bilan est entièrement négatif. Et, il ne fera toujours rien parce qu’il ne sait pas comment faire et n’a aucune volonté réformatrice. En d’autres termes, il fait beaucoup de vacarme pour rien. Fahmi Saïd Ibrahim, qui rêvait en parlant d’une Justice réhabilitée, aurait gagné à créer un Tribunal spécial pour juger tous les voleurs d’argent public, dont certains sont ministres ou Directeurs d’entreprises publiques aujourd’hui. Qu’attend Fahmi Saïd Ibrahim pour réhabiliter la prison de Moroni, laissée dans un état lamentable, un bâtiment construit par la France depuis des décennies? Les prisonniers vivent dans des conditions inhumaines. C’est un scandale. Au lieu de brûler l’argent de l’État, ces gens-là doivent arrêter leurs voyages débiles aux quatre coins du monde. Par ailleurs, nous devons avoir un vrai Trésor public au lieu du machin actuel. Nous devons décentraliser le Trésor public et surtout le faire revivre parce qu’il a été littéralement tué à telle enseigne que la prétendue Banque centrale des Comores est devenue le Trésor public. Nous devons disposer d’une vrai Banque centrale. Nous devons nous préparer à quitter la zone franc car cela nous permettra de développer notre pays au lieu de le faire régresser comme c’est le cas actuellement. Au Tchad, Burkina Faso, Côte-d’Ivoire et Gabon, pays emblématiques du «pré carré» de la France en Afrique, le sujet n’est plus tabou. De toute manière, si nous ne quittons pas la zone franc, c’est elle qui nous quittera, puisqu’elle finira par devenir une coquille vide, quand les États membres commenceront à la quitter les uns après les autres. Nous avons accédé à l’indépendance sans la préparation appropriée. Avant de quitter la zone franc, nous devons nous y préparer. En quittant la zone franc, nous nous donnons les moyens de développer notre économie et nos finances publiques, notamment par la création de milliers d’emplois.

www.lemohelien.com: Et que pensez-vous de la politique extérieure des dirigeants actuels?

Cette politique extérieure est comme le reste: un échec scandaleux. On ne peut pas avoir une bonne politique extérieure quand la politique intérieure est un immense désastre. L’échec est partout. Cela étant, je regrette, déplore et dénonce la politique extérieure d’Azali Assoumani, surtout quand je constate qu’au lieu de rétablir les relations diplomatiques avec l’Iran, ce dernier s’acharne à mettre fin à toute forme de présence de l’Iran aux Comores. C’est regrettable et déplorable. Aujourd’hui, l’Iran ayant rétabli des relations normales avec les autres membres de la communauté internationale, notre pays a choisi de rompre avec ce pays. C’est illogique. La communauté internationale a accordé une bouffée d’oxygène à l’Iran, et nous choisissons ce moment pour aller à contrecourant. Tout le monde travaille avec l’Iran, y compris ses ennemis occidentaux. Est-ce le moment de rompre les relations officielles avec ce pays? Non et non! L’Iran représente tout de même 90 millions d’habitants et est, après Israël, la deuxième puissance militaire du Moyen-Orient. C’est le seul pays musulman qui travaille dans le domaine spatial. C’est le pays musulman le plus développé en matière de technologies modernes. Nous, au Parti Comores Alternatives, ne nous opposons pas à la coopération avec l’Arabie Saoudite, un pays riche et peuplé de 26 millions d’habitants, mais nous comparons les profits qu’il y a à coopérer avec chacun des deux pays en présence. Nous préférons la coopération la plus utile et la plus bénéfique, celle avec l’Iran. Un pays pauvre comme le nôtre ne pourra jamais se payer le luxe d’une politique extérieure sectaire et d’une diplomatie nihiliste, mais appliquer une politique extérieure et une diplomatie tous azimuts.

Propos recueillis par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 16 novembre 2016.


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