Banalisation d’un démagogue devenu un banal provocateur de foire
Par ARM
Quand Ahmed Sambi a fait son retour sur la scène politique dans la perspective de l’élection présidentielle de 2006, après une piteuse aventure à l’Assemblée fédérale et après la période où il rédigeait «la Constitution» de «l’État indépendant d’Anjouan», il s’était avant tout fait connaître comme un radoteur de mosquée affublé du titre d’«Ayatollah», donc de théologien. Il remettait en cause toute la pratique comorienne de l’Islam dès son retour aux Comores en 1981 ou 1982 en provenance d’on ne sait quel pays (Arabie Saoudite et Iran, dit-on), alors que personne ne l’a entendu un jour tenir un discours religieux cohérent, et personne n’a constaté qu’il était capable de traduire et interpréter le moindre verset du Coran. Son retour en politique en 2004-2006 a donc été placé sous le signe du mensonge légal, légalisé et institutionnel, mais aussi de la manipulation des esprits et de l’exploitation de la crédulité des crédules et de la naïveté des naïfs. Personne n’a jamais vu un intellectuel l’approuver ou se mettre à ses côtés. Personne n’a vu un homme intelligent durer à ses côtés. Pour ce qui est des pique-assiettes, quémandeurs, solliciteurs d’argent et prébendes et courtisans huileux et obséquieux, c’est autre chose. En réalité, il doit son élection en 2006 à un homme qui n’est pas l’enfant dont les Comores peuvent se féliciter et s’enorgueillir le plus: Azali Assoumani Baba. Comme du mauvais naît toujours le pire, du mauvais Azali Assoumani Baba naquit le pire Ahmed Sambi. Deux raisons expliquent cette paternité politique de l’enfer: d’une part, la présidence diabolique d’Azali Assoumani Baba a engendré la présidence monstrueuse d’Ahmed Sambi parce que le bilan du putschiste est resté lamentable, et Ahmed Sambi l’a instrumentalisé et a surfé sur lui pour en faire un tremplin pour la Présidence de la République. D’autre part, habitué à perdre des guerres qu’il a même peur de commencer, Azali Assoumani Baba avait fait d’Ahmed Sambi son «candidat naturel» en 2006 dès la rencontre entre les deux hommes à l’Hôtel El Amal de Mutsamudu en octobre 2005. Après cette rencontre de toutes les compromissions, Azali Assoumani Baba appela son entourage à voter pour l’individu. Hamada Madi Boléro et Houmed Msaïdié lui avaient demandé si sa santé mentale était vraiment bonne, avant de lui exprimer leur refus catégorique et définitif de le suivre dans son projet fou.
Pour se faire élire Président de la République en 2006, Ahmed Sambi avait promis. Il avait tout promis. La seule chose qu’il n’avait pas promise aux Comoriens était sa capacité à prendre le téléphone pour appeler directement Dieu et régler n’importe quel problème terrestre et de l’au-delà, notamment la construction de villas huppées et climatisées au Paradis. Et même ça, il l’a fait parce que, quand il invoque Dieu devant les Comoriens et quand il prétend prier avec eux, il dit à la fin de la prétendue prière: «Là, c’est bon. Dieu vous a entendus et a déjà accepté ce que vous lui avez demandé». Comment le sait-il et comment l’aurait-il su s’il n’était relié à Dieu par un téléphone portable? Chaque fois que les Comoriens dressent la liste de ses promesses électorales de 2006, ils se rendent compte que cet homme-là n’en a tenu aucune. Aucune! Pourtant, il n’a pas déçu parce qu’on ne peut rien attendre d’un homme qui n’a aucune formation connue et reconnue, et qui ne sait même pas ce qu’est l’État, même s’il s’acharne à se poser en sauveur des Comores. Il ne faut rien exiger de cet homme-là parce qu’il ne sait rien sur les affaires étatiques. Il ne faut jamais exiger d’un homme ce qu’il ne peut pas faire. D’ailleurs, dans le Coran, on retrouve ce verset:
«Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. Elle sera récompensée du bien qu’elle aura fait, punie du mal qu’elle aura fait. Seigneur, ne nous châtie pas s’il nous arrive d’oublier ou de commettre une erreur. Seigneur! Ne nous charge pas d’un fardeau lourd comme Tu as chargé ceux qui vécurent avant nous. Seigneur! Ne nous impose pas ce que nous ne pouvons supporter, efface nos fautes, pardonne-nous et fais nous miséricorde. Tu es Notre Maître, accorde-nous donc la victoire sur les peuples infidèles».
(Coran, II, La Vache, 286).
Pour autant, toute honte bue, Ahmed Sambi continue à s’enfoncer dans les mensonges politiques, notamment dans les plus abracadabrantesques. Pour preuve, le samedi 11 mai 2014, à Épinay-sur-Seine, en région parisienne, on l’a entendu tenir des propos que ne tiendrait un ivrogne drogué à mort: «Mes frères et sœurs, vous savez que le Karthala, Gloire à Dieu, est, dans le monde, comme on le dit, c’est-à-dire que le Karthala est le plus grand. Il y a des gens qui aimeraient y accéder et l’escalader. Il y a des gens qui viendraient tout spécialement pour lui. Alors, parmi mes illusions et mes rêves, je l’ai dit, et certains dirigeants le savent, les gens peuvent aller à Anjouan. J’ai également dit que nous pourrions construire des tunnels, et parmi les choses que j’avais dites et qui avaient donné lieu à des études, il y a les voitures volantes, ces voitures qui, au lieu de rouler sur terre, volent sur les routes aériennes. Tout ceci fait partie des rêves qu’a ou avait Sambi. Je souhaite vous dire, frères et sœurs que nous avons de la richesse pour transformer notre pays et en faire un vrai pays touristique». Comment peut-on se déplacer pour aller écouter des bêtises pareilles? Comment un adulte peut-il tenir des propos aussi décousus, même dans leur formulation, même dans leur ordonnancement logique, même dans l’enchaînement de leurs «idées»?
Aujourd’hui, que reste-t-il d’Ahmed Sambi? Un homme pathétique, ridicule et qui révulse. Il ne reste de lui qu’un homme animé d’une sourde haine et d’une volonté obsessionnelle de revenir au pouvoir. Cette obsession pathologique lui fait perdre la raison, lui dicte les actes les plus insensés et lui fait tenir les plus insensés des discours. Ahmed Sambi est devenu un simple et vulgaire chef de milice de quartier à Moroni, dont la seule activité se limite à la provocation verbale, aux excès de langage et de comportement, à une interprétation personnelle et erronée des textes juridiques, qu’il ne maîtrise pas puisque non seulement il ne connaît rien en Droit et en autre chose, mais en plus, refuse-t-il de recourir à la compétence des experts. Qu’a gagné cet homme-là le 6 juillet 2014, quand, à Moroni, il s’est présenté à la célébration du 39ème anniversaire de l’indépendance des Comores dans une voiture à toit ouvrant et ouvert comme s’il était encore Président, en se faisant acclamer par ses clochards anjouanais vivant à Moroni, qu’il avait «oublié» de payer ce jour-là et qui étaient partis chez lui réclamer leur argent dans un vacarme de fin du monde? C’est un homme, ça? Est-ce l’attitude d’un homme qui a dirigé un État et qui est prêt à provoquer un bain de sang pour redevenir Président? Déjà à l’époque, Houmed Msaïdié avait dénoncé cette attitude infantile de la manière la plus vigoureuse. Que gagne Ahmed Sambi en payant des badauds anjouanais squattant les environs du Café du Port de Moroni pour qu’ils aillent conspuer le Président Ikililou Dhoinine et le Vice-président Mohamed Ali Soilihi dans une mosquée de Moroni, en début de mois sacré de Ramadan, le mois du pardon et de la paix par excellence, le mois correspondant à l’ancienne trêve sacrée? Ces badauds et clochards ont profané une mosquée dans laquelle l’ancien ministre Ahmed Hassan El Barwane, naguère très respecté, a failli tuer un jeune homme de Magoudjou pour faire plaisir à son chef Ahmed Sambi.
Ce lundi 6 juillet 2015, le démagogue devenu un vulgaire provocateur de rues va se rendre Place de l’Indépendance, à Moroni, pour essayer de faire un nouveau pied de nez au gouvernement. Payés à l’avance pour éviter la crapulerie du 6 juillet 2014, les clochards anjouanais de Moroni l’y procéderont prétendument pour l’acclamer. Pourquoi? Parce que le gouvernement ne fait rien pour remettre à sa place cet Ahmed Sambi-là. Dans d’autres pays d’Afrique, il aurait été fusillé sur la place publique et jeté aux chiens. Il a de la chance d’être aux Comores. Il croit donc qu’il est intouchable, inviolable, sacré, saint et même céleste et divin. Pourtant, cet homme ne doit pas se croire au-dessus de la Loi. Ce qui causera la perte d’Ahmed Sambi est sa conviction que l’Armée nationale de Développement (AND) est sa propriété personnelle, qu’il contrôle celle-ci et qu’il peut en faire ce qu’il veut. Tous les crypto-sambistes de la terre étrennent et brandissent cette menace. Mais, qu’attendent-ils pour faire un coup d’État et instaurer un régime politique appelé à durer 1.000 ans comme le IIIème Reich d’Adolf Hitler? En tout cas, il doit expliquer une chose aux Comoriens et à la communauté internationale: puisque l’Armée est sa chose personnelle, pourquoi avait-il peur d’elle au point de se faire protéger par des mercenaires de Mouammar El Kadhafi en 2010-2011, quand il ne voulait pas quitter le pouvoir?
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Mercredi 24 juin 2015.
