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Rifki, Charikane Bouchrane et Abiamri Mahmoudou

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L’«Ouléma» défroqué, président du Directoire de Comores Télécom

Par ARM

   Incorrigible, Saïd Abdallah Rifki! S’il n’existait pas, il aurait fallu l’inventer tant il est tout mignon. On le dit sucré et délicieux par ses manières. Un homme bon, ce Saïd Abdallah Rifki-là. Ce qu’il y a de remarquable en lui, c’est qu’il a de la suite dans les idées. L’homme de Gnandombouéni, égaré par sa cupidité, sa vénalité et sa propension à mélanger les genres, a compris depuis très longtemps le réalisme mohélien symbolisé par le mot affreux et douloureux selon lequel «il faut planter ses ongles là où il y a du sang à tirer». L’horrible garçon! Et avant de se noyer dans un tonneau de bière et de whisky en janvier 2013, il avait jeté son dévolu sur l’entreprise publique Comores Télécom, dont il était devenu, par la force des choses et avec l’aide de son ami Ahmed Sambi, le Président d’un Directoire inexistant dans les textes juridiques, mais également, son occulte Président du Conseil d’administration. Il avait posé sur le voleur Charikane Bouchrane, l’ancien Directeur de l’entreprise, des mains de propriétaire, et percevait de lui une dîme de bordelier qui avait fait de lui le protecteur d’un brigand honni des Comoriens et des partenaires internationaux des Comores. Longtemps, il bénéficia des largesses du terrible voleur, lui-même protégé d’Ahmed Sambi et Consorts. Sous Charikane Bouchrane, il plaça sur les listes des fonctionnaires et agents de Comores Télécom, une flopée de protégés dont la liste est la plus longue et la plus scandaleuse des Comores. Aussi, sous la présidence d’Ahmed Sambi, quand apprit-il que le Vice-président Ikililou Dhoinine, alors ministre des Finances, du Budget et de l’Entreprenariat féminin, allait virer ce voleur, qui refusait la concurrence dans le secteur des télécommunications, pour le remplacer par un autre voleur culotté et sans scrupules, Abiamri Mahmoudou, alors Directeur administratif et financier de Comores Télécom, son sang ne fit qu’un tour dans ses veines, et il constitua une délégation de notables pour aller protester auprès du Vice-président Ikililou Dhoinine parce qu’il voulait que de son protégé Charikane Bouchrane, ça soit «pas touche à mes intérêts!», «touche pas à mon pote!», «touche pas à ma tirelire!». L’admirable et vertueux grand homme! Seulement, le Vice-président Ikililou Dhoinine lui dit d’aller se faire cuire un œuf et de se faire des omelettes sans même casser les œufs, en attendant le jour où, installé à Beït-Salam, il renvoya le voyou. Il ne pouvait pas le faire avant parce que le Charikane Bouchrane était une plante vénéneuse dans le jardin secret et privé d’Ahmed Sambi et Consorts.

   Bien évidemment, pour avoir Charikane Bouchrane et Abiamri Mahmoudou sous sa botte, Saïd Abdallah Rifki avait eu recours à l’envoûtement. Il avait convaincu les deux lascars que tant qu’ils étaient sous sa «protection», et lui dans leurs petits papiers, rien de méchant ne leur arriverait. «Avec moi, pas de bobo», répétait-il à l’envi. Il lisait sur eux les fameuses «prières» qu’on sait. Pourtant, l’un après l’autre, les deux voyous sont tombés du tomatier. Dans le cas de Sa Glorieuse Majesté Monsieur Abiamri Mahmoudou, la vox populi a prétendu qu’il s’agissait d’un règlement de comptes à caractère politique, puisque la Première Dame, surnommée Maman depuis qu’elle est candidate aux élections gubernatoriales de Mohéli, allait devenir la concurrente de l’ancien Directeur de Comores Télécom. C’est faux. Il n’y a pas de règlement de comptes à caractère politique. Le Président Ikililou Dhoinine n’a aucune animosité personnelle à l’égard de l’homme de Mbatsé, mais a dû tirer les conclusions logiques qui s’imposaient: Abiamri Mahmoudou a fait tellement de mal qu’il ne pouvait plus prétendre rester à la tête de Comores Télécom. C’est tout. Il n’y a rien d’autre, et les Comoriens sont témoins de leur propre haine envers cet homme foncièrement mauvais et malfaisant. Le Président de la République a souvent rappelé à l’ordre Abiamri Mahmoudou, qui était arrivé à se convaincre lui-même qu’il était devenu indispensable, incontournable et indéboulonnable. Plus d’une fois, le Président de la République lui demanda de démissionner parce que sa manière de gérer la première entreprise publique du pays relevait du scandale pur et simple.

   Pourtant, sûr de son «bon droit» de Mohélien, le brave Abiamri Mahmoudou a toujours choisi d’ignorer dédaigneusement les mises en garde du chef de l’État. N’oublions pas que le protégé de Saïd Abdallah Rifki a allégrement multiplié par 3 le personnel déjà pléthorique de Comores Télécom, alors que la société d’État, devenue bancale à défaut d’être bancable, n’arrivait pas à satisfaire la clientèle, même sur des services tombés dans la banalité dans les autres pays, pendant que les services que peut offrir Comores Télécom restent les plus chers de tout l’océan Indien et de l’Afrique de l’Est. Mais, ce qui a fait tout casser, c’est lorsque Abiamri Mahmoudou a crânement refusé d’apposer sa royale signature sur un document essentiel portant sur des réformes structurelles contenues dans le programme signé par les Comores, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, notamment en ce qui concerne le situation technique des télécommunications, eu égard à l’octroi, par appel d’offres international, d’une seconde licence d’exploitation par une autre entreprise de télécommunications. La position de l’entêté couvé et protégé par Saïd Abdallah Rifki est d’autant plus incompréhensible que lors d’une réunion entre le gouvernement et Comores Télécom, en présence Mohamed Hassane Alfeine, patron de l’Autorité nationale de Réglementation des Technologies de l’Information et des Communications (ANRTIC), c’est le même Abiamri Mahmoudou qui disait que l’Union internationale des Télécommunications (UIT) avait prévu de lourdes sanctions contre les pays qui refusaient la concurrence en la matière, puisque sur le marché des télécommunications, il doit y avoir au moins deux sociétés. Cherchez l’erreur!

   Excédée par les mauvaises manières, la mauvaise foi, l’irresponsabilité, la cupidité malsaine et la corruption indécente ayant rongé Abiamri Mahmoudou, la ministre Bahiat Massoundi a proposé le limogeage déguisé en «suspension» du mauvais garçon, et le Président de la République lui a dit: «C’est de ta responsabilité». Et Abiamri Mahmoudou a été éjecté. Il a des ambitions pour le Gouvernorat de Mohéli, et se verrait même, horreur des horreurs de l’enfer, le colistier pour Mohéli, du futur candidat Mohamed Ali Soilihi, qui souhaite prendre sa retraite politique avec le titre de Président de la République. Mais, Abiamri Mahmoudou doit compter sur son pire ennemi du moment, un homme aux dents très longues et très acérées: Saïd-Mohamed Ali Saïd, secrétaire général du gouvernement, petit frère de l’irascible Gouverneur Mohamed Ali Saïd de Mohéli, et l’un des hommes les plus arrogants, les plus cassants et les plus méprisants des Comores. Le gourmand Saïd-Mohamed Ali Saïd lui-même doit compter sur plus ambitieux, plus arrogant, plus cassant et plus méprisant que lui-même: l’ancien ministre Abdou Nassur Madi, qui a signé un arrêté s’appliquant à lui-même pour se désigner l’homme le plus digne pour diriger le ministère de l’Économie et des Finances. Il y a quelques jours, l’un de ses proches, un garçon très correct, disait sans aucune forme de méchanceté: «Chaque jour, Abdou Nassur gagne en arrogance». Comment toute cette gymnastique va finir? Seul Dieu le sait. En tout cas, il y aura du sang et des larmes.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Samedi 26 septembre 2015.


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