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Présidence tournante, méfiance, paranoïa interinsulaire

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La Vice-présidence «insulaire» au secours de la présidence tournante

Par ARM

      Pourquoi n’y avoir pas pensé avant? En effet, il fallait y penser avant et l’expliquer aux Comoriens. Mais, y penser pourquoi, alors que l’auteur de la malveillance la plus tenace n’est pas dans une logique de Droit, mais dans la zizanie, la haine, la détestation, le mensonge, la manipulation et la démagogie? Pourtant, comme il y a des Comoriens aimant leur pays à qui il faut expliquer en quels termes Ahmed Sambi ment, abordons le sujet entre personnes sérieuses. Le meilleur fait explicatif de l’instauration de la présidence tournante est incontestablement l’institution de la Vice-présidence par la Constitution du 23 décembre 2001, mais le fait est passé inaperçu. La Vice-présidence et la présidence tournante sont deux sœurs siamoises, tant elles sont intimement liées: elles sont le fruit de la peur et de la méfiance paranoïaque entre Comoriens. Elles ont été instaurées pour créer les conditions d’instauration de la confiance entre Comoriens et celles de l’équilibre entre les îles, mais dans la peur et la méfiance paranoïaque. Le Président originaire d’une île donnée est placé sous la surveillance de deux Vice-présidents originaires chacun d’une île d’où n’est pas originaire ce chef de l’État. Parallèlement, les îles elles-mêmes se surveillent à tour de rôle, du fait de la même peur et de la même méfiance, mais pour créer la confiance rompue entre Comoriens depuis l’éclatement de la crise séparatiste à Anjouan le 18 février 1997. Ahmed Sambi peut s’agiter comme un damné, se ngazidjatiser, ngazidjatiser le «bétail électoral» (le mot est de Laurent Gbagbo) qu’il ramasse à la pelle à Anjouan, se livrer à ses crapuleries exégétiques qu’il qualifie mensongèrement d’interprétation de l’article 13 de la Constitution, pourtant, un fait demeure: sans la présidence tournante, les 5 premiers candidats à une élection présidentielle comorienne continueront d’être des Grands-Comoriens, comme cela a été le cas en 1990 et en 1996, et malgré les mensonges qu’Ahmed Sambi se raconte à lui-même, ce poison national serait laminé par les électeurs de la Grande-Comore. C’est un fait.

      Cela étant, pour comprendre la raison d’être du caractère «tournant» de la présidence entre les îles comoriennes, il faut tout simplement chercher à savoir pourquoi la Vice-présidence est instaurée, pourquoi elle est basée sur l’insularité et pourquoi chaque île a son Vice-président. Parce que chaque île croit qu’elle ne sera mieux servie que par l’un de ses enfants. C’est tout. Lors de la crapulerie constitutionnelle et des dévergondages de la Loi fondamentale comorienne le 17 mai 2009, Ahmed Sambi a instauré un Vice-président même pour l’île d’origine du Président de la République. Donc, ce n’est pas pour alourdir davantage une Constitution déjà alambiquée, complexe et emberlificotée que toutes ces institutions ont été mises en place. Ces institutions ont été créées pour ramener la confiance entre Comoriens, pour que chaque île dirige le pays. On constatera par la suite des conflits de personnes entre Président et Vice-président, mais la chose n’est pas nouvelle.

      En effet, le Grand-Comorien Ali Soilihi avait fini par placer en résidence surveillée son Vice-président, le Mohélien Mohamed Hassanaly, qui ne sera libéré que par les mercenaires auteurs du putsch du 13 mai 1978. En octobre 1977, le même Ali Soilihi avait déporté une bonne partie de la classe politique mohélienne à la Grande-Comore, et parmi les déportés, il y avait des membres de la famille de son Vice-président, qui seront libérés le 13 mai 1978. Par la suite, au lendemain de ce coup d’État du 13 mai 1978, les Anjouanais Ahmed Abdallah et Mohamed Ahmed devinrent coprésidents du Directoire politico-militaire, avec comme Premier ministre l’Anjouanais Abdillah Mohamed, mais le premier écrasa le second de toute son autorité, voire de son autoritarisme, et l’élimina politiquement. La présidence tournante instaurée, le Vice-président Caambi El Yachouroutu d’Anjouan se désolidarisa à la dernière minute du Président Azali Assoumani Baba, de Grande-Comore, se présenta aux élections présidentielles de 2006 contre le candidat de ce dernier et se noya dès le premier tour et se ridiculisa dans une tasse des pistaches qu’il affectionne tant à l’Aéroport d’Ivato, Antananarivo. Ahmed Sambi et son Vice-président Idi Nadhoim, c’était chien et chat. Les Mohéliens Ikililou Dhoinine (Président) et Fouad Mohadji (Vice-président), c’est toujours l’œil et la fumée. Or, la fonction de Vice-président n’est pas instaurée pour des guérillas urbaines au sommet de l’État, notamment entre «compatriotes insulaires», mais pour que chaque île neutralise les autres, dans les mêmes termes que la neutralisation d’une île par les autres se fait dans le cadre de la présidence tournante. Les choses auraient été très simples s’il y avait des juristes chez les crypto-sambistes pour comprendre cela, mais où sont-ils? Nulle part. Les choses auraient été plus simples encore si ces gens-là voulaient et pouvaient comprendre, mais on sait ce qu’il en est. Ils ont trop tiré sur la corde de la Constitution, et quand celle-ci rompra, ils vont se retrouver dans une fange encore plus dégueulasse que celle dans laquelle ils sont actuellement avec leur irresponsabilité.

      Où est la réalité? Dans la méfiance. La présidence tournante et la Vice-présidence ont été instaurées parce que les Comoriens ont cessé de se faire confiance. La présidence tournante permet à chaque île de placer l’un de ses enfants à la tête du pays tous les 10 ans, et en attendant la fin du tour de piste d’une durée de 10 ans, deux îles surveillent celle dont l’enfant est installé à la tête du pays. Déjà, en 1994, Pierre Vérin avait écrit des lignes que ceux qui sont soucieux de vider la présidence tournante de toute sa substance gagneraient à lire pour éviter de se couvrir de ridicule: «Le royaume de Djombe Fatima, que s’étaient disputé un siècle auparavant la France et Zanzibar, était entré dans une léthargie et souffrait de ne disposer d’aucun ministre pour défendre ses intérêts, car aux Comores, autrefois comme aujourd’hui, on est d’abord insulaire avant que d’être patriote. Comme l’a bien dit Thierry Flobert, “ce que peut faire Moroni pour la petite île n’a pas d’importance aux yeux de ces habitants n’ayant aucune confiance dans les ministres des autres îles, et encore moins dans le président anjouanais (ou grand-comorien). Les Mohéliens considèrent la présence de l’un des leurs au gouvernement comme la seule garantie de protection de leurs intérêts”. Cette observation demeure encore actuelle. Alors, elle s’appliquait aussi à Mayotte, où Saïd Mohamed Cheikh ne nomma jamais un ministre mahorais»: Pierre Vérin: Les Comores, Éditions Karthala, Collection «Méridiens», Paris, 1994, p. 12.

      C’est parce que les sentiments décrits prévalent que la présidence tournante et la Vice-présidence ont été instaurées. Vouloir expliquer autre chose aux Comoriens pour les intérêts d’Ahmed Sambi, en parlant d’«élection primaire qui tourne et non les hommes» et d’autres bêtises, voilà qui n’aidera jamais les crypto-sambistes à défendre une cause perdue. Cela étant, tous les 5 ans aux Comores, les seuls candidats qui pourront briguer la magistrature suprême seront les enfants de l’île qui organise le premier tour de l’élection présidentielle. Demander aux habitants de Mohéli de prendre part à leur «tournante» pour qu’un Anjouanais ou un Grand-Comorien devienne chef d’État à la place d’un Mohélien, voilà qui ne risque pas d’arriver: la «tournante grande-comorienne» sera à vie grande-comorienne, la «tournante mohélienne» sera à vie mohélienne, et la «tournante anjouanaise» sera à vie anjouanaise.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Jeudi 1er octobre 2015.


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