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«Nous n’avons besoin de la compassion de personne»

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«Nous n’avons besoin de la compassion de personne»

Interview exclusive de Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah

Président du Parti Comores Alternatives (PCA)

       www.lemohelien.com: Nous compatissons à vos malheurs, pleurs et pleurnicheries après qu’Azali Assoumani n’ait même pas pensé à vous nommer ministres – d’ailleurs, on ne voit pas pourquoi il allait perdre son temps sur et avec vous –, vous et vos amis Hassan Harouna, Achirafi Saïd Hachim, Hamada Abdallah, Houmed Msaïdié, Saïd Larifou et Abdou Souefou. Par quelle folie avez-vous cru que cet homme arrogant et suffisant avait besoin de vous? Qu’est-ce qui vous a poussé à une telle bassesse? La faim? La pauvreté?

       Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Je voudrai d’abord, vous remercier, vous et votre équipe pour avoir sollicité cette interview de clarification républicaine. Nous n’avons besoin de la compassion de personne, surtout de la vôtre. Nous n’avions pas de raison de pleurer et je peux vous assurer que rien ne me fait pleurer sauf l’émotion de la joie. Nous n’avons pas signé des accords avec Azali Assoumani.

www.lemohelien.com: Et votre fameuse lettre de soumission? Donc, si les Comoriens comprennent bien vos pleurnicheries larmoyantes de la semaine qui s’achève, vous pleuriez parce que vous aviez la joie de n’avoir pas été nommés, après avoir mendié et quémandé des nominations auprès d’un homme que vous tous combattiez? C’est émouvant!

       Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Si je pouvais savoir comment vous faites pour être toujours grinçant et méchant… Pour ne pas induire les Comoriens en erreur, car c’est ce que vous voulez, je dois préciser que nous avons juste informé Azali Assoumani de notre soutien dans son vœu de vouloir mettre notre pays au niveau des «pays émergents». Nous continuons à soutenir cette idée, du moment où c’est notre combat de tous les jours.

www.lemohelien.com: Comment faites-vous pour soutenir quelque chose qui n’existera jamais sous la présidence d’un homme qui est dans l’incantation et dans les slogans creux? Vous tous savez qu’Azali Assoumani ne sera jamais l’homme de l’émergence aux Comores, mais vous voulez manger parce que vous avez faim.

       Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Vous êtes insupportable et vous faites tout pour compliquer les choses. Ce n’est pas bien. Je vous redis encore une deuxième fois que proposer son service à son pays ne constitue pas une bassesse, ni un signe de faiblesse. Au contraire, cela constitue du courage. Nous sommes convaincus d’avoir des idées, des projets et une vision pour servir notre pays, et nous le faisons savoir en le proposant à la personne la mieux indiquée pour le moment. Nous avons décidé de faire de la politique, et elle ne peut se faire qu’en actions et d’une manière permanente.

www.lemohelien.com: Folie pour folie, aviez-vous cru vraiment, vous qui ne représentez rien sur le plan électoral, qu’Azali Assoumani allait vous nommer ministres? Mais, pour quelles raisons allait-il le faire, alors que vous ne valez rien sur le plan électoral?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Je ne sais pas ce que veut dire «rien sur le plan électoral», car je n’ai pas eu l’occasion, malgré tout ma volonté et ma disponibilité à le faire en 2016, de mesurer notre poids électoral en sachant que je suis issu de deux villes qui pèsent électoralement.

www.lemohelien.com: Et ces deux villes – Kourani-Sima et Vouvouni – sont votre propriété privée, votre chasse gardée et allaient vous faire élire Président, comme ça?

            Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Je n’ai pas dit cela, même si ces deux villes allaient voter massivement pour moi et me projeter au second tour si ma candidature n’avait pas été sciemment sabotée pour mes courageuses prises de position sur des sujets que d’autres évitent. Je vous signale que ceux qui prétendent avoir été évincés du gouvernement, même si cela n’a rien avoir le choix du chef de l’État de les nommer ministres en 2016, sont dans la réflexion.

www.lemohelien.com: Que vous inspire justement ce gouvernement qui vient d’être nommé, qui est qualifié de clanique et qui est maudit par l’ensemble des Comoriens?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Je constate qu’Azali Assoumani a rompu avec un de ses partenaires, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, qui l’avait soutenu pendant les élections présidentielles de 2016. Je constate également qu’il a préféré faire plus confiance à ses proches et aux membres de son parti. C’est son choix et c’est son droit. Par contre, je ne le maudis pas. Je souhaite bonne chance et succès à ce gouvernement afin qu’il agisse le mieux pour les intérêts de notre pays.

www.lemohelien.com: La nomination de ce gouvernement coïncide avec la publication et la circulation sur Internet d’une liste chaque jour étoffée de postes stratégiques attribués à des gens de Mitsoudjé, le village d’origine d’Azali Assoumani. Après avoir vu cette liste, allez-vous toujours, par mendicité et cupidité, continuer à soutenir la prétendue «émergence»?

       Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Vous faites comme si cela est nouveau dans notre pays. Je ne dis pas que c’est une bonne manière de diriger un pays, mais contrairement à d’autres personnes, je dis que j’ai vu pire aux Comores. N’ayons pas la mémoire courte et relisez l’histoire des gouvernements qui se sont succédé aux Comores. Ceci dit, nos engagements pour soutenir la politique de développement économique et social ne sont pas liés ou conditionnés aux différentes nominations effectuées par Azali Assoumani. Il est libre de nommer qui il veut, où il veut, et c’est son droit le plus absolu.

www.lemohelien.com: Pensez-vous donc? Parce que l’État est devenu sa propriété individuelle? Pour calmer son ami Houmed Msaïdié, Azali Assoumani lui dit que le gouvernement actuel est un machin de transition appelé à durer au maximum six mois. Placez-vous vos espoirs dans ce qui pourrait se passer ou ne pas se passer dans 6 mois?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Nous travaillons d’une manière continue pour faire connaître nos idées et nos projets aux Comoriens et pour nous faire connaître à l’intérieur et à l’extérieur de notre pays. Nous ne sommes pas condamnés à attendre pour agir, et nous n’avons jamais placé des espoirs sur des postes politiques. Si on nous propose des postes, nous le prendrons. Pour l’instant, nous attendons le jour où on nous proposera les postes politiques ou autres.

www.lemohelien.com: Il n’est pas interdit de rêver. Vous voilà donc, certains acteurs politiques grands-comoriens, satisfaits d’avoir obtenu d’Azali Assoumani l’organisation de vos assises de Grande-Comore pour empêcher les Anjouanais et les Mohéliens d’accéder à la Présidence de la République. Vous devez être très contents, non?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Vous devez faire attention à vos paroles et à vos écrits, surtout en tant que responsable d’un site d’information largement lu. Je ne supporte pas ce genre d’appellation insulaire, quoique réelle au niveau géographique et non humain.

www.lemohelien.com: Allez le dire aux Anjouanais et aux Mohéliens. Je ne fais que répéter ce qu’ils disent et ce que tout le monde sait, sauf vous peut-être.

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Nous sommes tous des Comoriens, et les assises sont pour tous les Comoriens y compris ceux de Mayotte, encore sous occupation française. L’idée des assises ne vient pas d’aujourd’hui, et vous le savez très bien, mais depuis la présidence du Docteur Ikililou Dhoinine.

www.lemohelien.com: Et pourquoi il n’y a que des politiciens de Grande-Comore qui en font une question de vie ou de mort?

       Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Comme toujours, vous exagérez. Notre parti politique, le Parti Comores Alternatives (PCA), a adhéré et a participé aux différentes réunions qui ont eu lieu à Moroni avant les élections présidentielles. Parmi les objectifs des membres de ces assises, il fallait convaincre le gouvernement et les instances internationales d’y assister et y participer. Le Président Ikililou Dhoinine et ses vice-présidents n’ont pas eu le courage et la sagesse de soutenir cette volonté de faire un bilan de la présidence tournante et des années d’indépendance. Aujourd’hui, Azali Assoumani et ses vice-présidents l’ont fait, et nous devons les saluer. Par ailleurs, il n’est pas de question de supprimer la présidence tournante, et vous connaissez notre position là-dessus. Par contre, c’est une opportunité de revoir ensemble plusieurs thématiques, dont:

–          Les thématiques politiques: Sur les institutions et la question de Mayotte. Nous pensons que nous ne pouvons pas avoir une Constitution hybride, unitaire et fédérale. La présidence tournante est une garantie donnée aux esprits insulaires. Nous devons avoir des institutions unitaires, avec la suppression des Gouverneurs des îles et leurs suites, en créant deux régions à Anjouan, deux à Mayotte, une à Mohéli et trois à la Grande-Comore, avec des Préfets dignes de ce nom, en ayant un Premier ministre issu de la majorité parlementaire, étant entendu que le Président de l’Union des Comores sera élu uniquement par les Comoriens de son île d’origine. Il ne faut pas que les autres îles puissent avoir une influence sur le choix du représentant insulaire.

–          Les thématiques économiques: Les assises doivent nous permettre de revoir les blocages économiques et sociaux afin de proposer une solution. Ceci peut concerner, par exemple, notre appartenance à la zone franc, et aussi le poids des coutumes et de la notabilité.

–          Les thématiques judiciaires: Il faudra que les assises parlent de l’état de notre système judiciaire afin de mettre en place un tribunal spécial pour juger les auteurs des différents détournements des deniers publics et des crimes non élucidés.

Vous voyez, il n’est pas question de supprimer la présidence tournante et je vous invite à y participer.

   www.lemohelien.com: Pourquoi continuez-vous à rêver? Sincèrement, me voyez-vous dans une mascarade pareille, avec toutes ces manipulations? Et ne me répétez pas ce qu’a dit votre chef Azali Assoumani, pour qui, de toute façon, il va passer de force si les sceptiques ne s’associent pas à sa manipulation malsaine, concoctée par certains «dinosaures» de Grande-Comore. Cette affaire ne concerne ni les Anjouanais, ni les Mohéliens. C’est votre affaire en Grande-Comore, et apprenez à nous ignorer s’il s’agit de ça.

       Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Vous êtes assommant. Vous voyez des complots partout. Nous sommes entre Comoriens. Vous ne pouvez pas vous marginaliser vous-même et continuer par la suite à cracher sur la soupe. Nous, on y est déjà et on vous attend afin de vous voir proposer vos idées et apporter votre contribution pour l’avenir de notre pays.

www.lemohelien.com: C’est une affaire qui ne nous concerne pas à Mohéli et à Anjouan. Mais, la Grande-Comore est-elle prête à assurer l’implosion de l’État comorien après la suppression de la présidence tournante?

       Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Vous avez oublié que c’est Azali Assoumani qui a introduit la Constitution instaurant la présidence tournante et qui est, selon vos termes, un Grand-Comorien.

www.lemohelien.com: Le 30 décembre 2015, j’ai assisté à son meeting à Fomboni, Mohéli. À la fin de son discours, nous avons même échangé quelques amabilités. J’ai l’enregistrement intégral de sa conférence de presse. Il a dit que la présidence tournante était une solution provisoire, semblable à un «garrot» qu’on pose sur une personne qui se blesse en brousse mais qui, une fois en ville, doit faire l’objet d’un vrai traitement. Alors, arrêtez de me prendre pour un fantoche.

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Pourquoi cet acharnement à vouloir à tout prix voir du mal de la part de la Grande Comore?

www.lemohelien.com: Arrêtez votre hypocrisie! Je ne parle pas de la Grande-Comore, mais de certains vieux vantards, prétentieux et gâteux qui se prennent pour Dieu et qui se posent en donneurs de leçons après avoir participé à la destruction du pays. Dites à vos pères et oncles que ce qu’ils font révulse les Mohéliens et les Anjouanais!

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Cette manière de stigmatiser une île par rapport à d’autres ne vous honore pas et ne favorise que les ennemis de notre jeune nation. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a des gens, voire une nation qui travaille et manipule pour favoriser l’implosion de notre jeune nation. Nous devons donner le maximum de nous-mêmes pour favoriser notre unité, la consolider afin de stabiliser notre pays et rassurer ceux qui veulent y investir. Au-delà de tous ceux-là, nous sommes des Musulmans, et le Prophète a condamné le clanisme, le tribalisme et le repli sur soi. Il a dit: «Celui qui appelle au sectarisme ne fait pas partie de nous».

www.lemohelien.com: Ce n’est pas aux Mohéliens et aux Anjouanais qu’il faut dire ça. Et puis, franchement, fallait-il que des vieux qui ont échoué hier dictent aujourd’hui un agenda politique aux Comores? Pourquoi ces gens-là ne font-ils pas leur propre bilan?

Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Je pense que c’est une chance pour nous d’associer nos aînés afin de trouver une solution à l’avenir de notre pays. C’est pourquoi, au niveau de notre parti politique, le Parti Comores Alternatives (PCA), nous proposons aussi la suppression des Conseillers des îles, en renforçant les Parlements, où chaque groupe de 7.000 Comoriens de de l’intérieur comme de l’extérieur aura droit à un élu, et la création d’un Sénat afin que nos aînés participent d’une manière digne et honorable aux affaires de la nation. Nous devons voir le côté positif de chaque chose et non rejeter et bannir tous ceux qui arrivent. Nous sommes convaincus qu’en associant toutes nos forces, nous y arriverons.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Dimanche 23 juillet 2017.


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