Mohéli accuse Anjouan de faire la «comédie» pour 2021
Les Mohéliens sont les plus sceptiques sur Anjouan-2021
Par ARM
Dans leur belle chanson mohélienne, les virtuoses Soubi et «Bob» de Nioumachioi ont un échange. Soubi dit: «Je les plains et je les méprise». Son compère «Bob» lui demande: «Qui sont-ils?». Soubi répond avec mépris: «Ces porteurs de stylos-là». Son rire sarcastique est très méprisant. Les Mohéliens, peuple pacifique et détestant le sang qui coule, ont un passé régicide. Au XIXème siècle, ils ont égorgé un de leurs Sultans, découpant même les cordes du lit sur lequel il a été surpris pendant son sommeil. Sur l’endroit où, aux environs de l’actuelle Place de l’Indépendance, à Fomboni, le complot a été ourdi, l’herbe refuse de pousser. Elle a peur des Mohéliens. Elle a peur de cet endroit où les Mohéliens avaient crié leur colère, leur ras-le-bol et leur volonté d’en finir avec un Sultan qui leur pourrissait la vie.
Les Mohéliens sont terre-à-terre et n’aiment ni les blablas, ni les bavardages de ces «porteurs de stylos-là». Ils aiment l’action et détestent les papiers sur lesquels les politiciens écrivent des choses. Ils préfèrent se réfugier dans un «détachement apparent» (Louis Sanmarco) et dans un fatalisme faussement résigné ayant donné naissance à leur fameux «Mlichétou», «Laisse-le, il verra», qui finit toujours par emporter celui à qui il est adressé.
En 2010, quand ils réclamaient l’élection d’un Mohélien ou d’une Mohélienne chef d’État, les Mohéliens n’écrivaient rien. Ils étaient présents sur les rues, barraient les routes, protestaient, défiaient l’Armée, brûlaient la Pharmacie du Vice-président Ikililou Dhoinine pour obliger celui-ci à faire des pressions sur le Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, brûlaient les drapeaux comoriens, hissaient des drapeaux français, se réunissaient sur place à Mohéli, arboraient des banderoles proclamant qu’entre leur peuple et le Président de la République, quelqu’un doit mourir («Mpaka Mmodja Nguéfo»), envoyaient des délégations à l’Union africaine. Ils ont fini par obtenir «leur» scrutin, et un Mohélien a été élu Président.
Aujourd’hui, les Mohéliens accusent les Anjouanais des pires desseins. Ce candidat au scrutin présidentiel de 2010 ne fait pas dans la dentelle, et accuse: «Les Anjouanais veulent le pouvoir de manière manquant de sincérité. Qu’ils ne viennent pas nous impliquer dans des histoires, nous autres Mohéliens, parce que nous sommes fatigués de nous battre pour défendre des gens qui ne s’étaient pas mobilisés pour notre Mohéli en 2010. On n’est pas des outils. Que les Anjouanais se lèvent en premier, et on verra comment les accompagner!».
Cette militante de la première heure originaire de Fomboni est catégorique: «L’acteur politique le mieux implanté à Anjouan et chez les Anjouanais est Sambi. Mais, Sambi a des adversaires anjouanais qui sont jaloux de ses succès et de sa notoriété. Ses adversaires sont en train de commettre la pire des folies en soutenant une dictature travaillant à sa mort, croyant que la mort de Sambi fera d’eux des vrais politiciens. Ici, à Mohéli, certains politiciens ne sont pas convaincus de la sincérité de l’engagement des Anjouanais pour leur tour de la présidence tournante. Il y a trop de parlotes et de palabres, mais zéro action. Si les Anjouanais ne se lèvent pas et ne se battent pas en première ligne à Anjouan, le Mohélien ne mourra pas pour Anjouan-2021. Le combat est national, mais à connotation anjouanaise. Je fais partie des Mohéliens accusant les Anjouanais de tiédeur et de comédie. Le jour où les Anjouanais vont s’engager sincèrement dans le combat, les Mohéliens se mobiliseront. Si aucun Mohélien n’a fui Mohéli pour Mayotte comme les Anjouanais et pour Paris comme les Grands-Comoriens, c’est que nous, à Mohéli, nous avons des engagements sincères».
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Vendredi 24 juillet 2020.
