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Mohamed Abdou Madi «Mjamawé» peut-il parler?

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Même dans le négationnisme de séparatisme, il reste un homme

Par ARM

      Un administrateur de site Internet crédible n’est pas un gardien d’une prison médiévale. Il n’est pas un censeur. Il gère un espace de liberté et d’expression, et n’est pas un censeur. Dans le cas du site www.lemohelien.com, toutes sortes de sensibilités s’y expriment. Être ou ne pas être d’accord avec les opinions qui s’y expriment n’est pas une question qui se pose, la seule condition posée étant qu’il faut éviter les outrances, les excès, les injures et les menaces. Si on arrive à respecter cela, n’importe qui peut envoyer son article et le site www.lemohelien.com sera honoré de le publier. Cela étant, il est regrettable de recevoir des leçons de «civisme» chaque fois qu’un espace d’expression sera accordé à Djaanfar Salim Allaoui et à Mohamed Abdou Madi dit «Mjamawé», au prétexte qu’ils ont travaillé à Anjouan en pleine période séparatiste. Si les Comores ont des choses à reprocher à ces deux personnalités, qu’elles les jugent, mais laissent les administrateurs de blogs faire leur travail d’information, en donnant à chacun la possibilité de s’exprimer. De fait, la réédition de la très longue interview de Mohamed Abdou Madi était nécessaire, à un moment où le Colonel Mohamed Bacar s’apprête à rentrer dans son pays, les Comores. Pour autant, publier pour la seconde fois cette interview n’implique pas une approbation de son contenu. C’est un document historique devenu irremplaçable, même si Mohamed Abdou Madi, emporté par la vantardise, a pris la redoutable habitude de s’attribuer le rôle, de prendre trop de libertés avec la vérité, d’effacer les parties les plus insupportables de sa mémoire et de réécrire certaines pages de l’Histoire récente des Comores, dont il a été l’un des principaux acteurs.

      Il est impossible de «pactiser» avec l’un des plus controversés des acteurs politiques comoriens. Même sans l’avoir rencontré physiquement, je connais tout du parcours politique de Mohamed Abdou Madi depuis 1994. Je me souviens de son «Nous les effacerons!», lancé sans nuances sur Radio France Internationale (RFI), parlant des militaires des Forces Armées comoriennes (FAC), à mesure que s’approchait la date du 3 septembre 1997, celle du débarquement de 300 soldats comoriens à Anjouan. Fin février 2014, Mohamed Abdou Madi niait avoir eu un passé séparatiste. Il niait tout au téléphone d’un journaliste de La Gazette des Comores, avec une mauvaise foi à faire mourir de honte une hyène et un chacal réunis: «Comment me qualifier d’ex-séparatiste celui qui a initié la dynamique du dialogue inter-îles en 1997 entre Anjouan survoltée contre les autres îles, ouvert les portes à l’Union africaine pour conduire une médiation, lancé en novembre 1997 la proposition de l’autonomie la plus large possible mais à l’intérieur d’un Ensemble comorien, enfin celui qui a été le premier chef du Bureau du Comité de Suivi de l’Accord-cadre de Fomboni de 2001?». Même s’il ment, Mohamed Abdou Madi a droit à la parole. D’ailleurs, il reste sur son registre de négationnisme du séparatisme, un séparatisme dont il avait été l’un des principaux acteurs, lui que le Président Saïd Mohamed Djohar avait fait un Premier ministre auparavant: «Il y a eu des montages mensongers, haineux de la part de Sambi et alliés pour déclencher un ridicule et cruel débarquement contre les autorités anjouanaises dont ils ne pouvaient s’en débarrasser démocratiquement. Le débarquement de 2008 est un acte séparatiste des plus affreux, qui a coûté la vie de compatriotes, handicapés à vie d’autres...».

      Il peut raconter tous les mensonges qu’il veut, cela ne le privera jamais du droit de s’exprimer. Tout au plus, faudra-il confronter Mohamed Abdou Madi à ses propres déclarations de 1997, quand, après été le Premier ministre comorien, il dirigea le séparatisme sur son île natale. Pour ce faire, il a fallu sélectionner certaines de ses proclamations faites devant des journalistes de la presse française. Voici ce qu’il disait à l’époque: «Sous la tutelle de Moroni, c’était onze mois d’arriérés de salaires. Unis, on ne produisait rien. Désunis, on ne produira toujours rien»: Cité par Arnaud de la Grange: Anjouan: la victoire en déchantant, Le Figaro, 23 septembre 1997, p. 6.. Le même Mohamed Abdou Madi s’était cru obligé de dire que «les Anjouanais se révoltent d’abord contre l’inégalité de la répartition des richesses. Je vais vous donner un seul exemple: en matière de coopération, on ne reçoit que 18% des aides globales accordées aux Comores. C’est une proportion dérisoire! Le système politique, lui, est déséquilibré et illégitime. C’est vrai, le Premier ministre est anjouanais et il y a d’autres ministres originaires de chez nous, mais ils ne sont pas représentatifs». Le Premier ministre devenu chef séparatiste avait ajouté, toujours emporté par sa ferveur séparatiste: «On n’a même pas encore démarré, on patine! On a raté notre indépendance… Et la majorité des éléments de souveraineté des Comores est assurée par la France: la Défense, la monnaie, même la paie des fonctionnaires est distribuée grâce à des aides budgétaires! Nous voulons d’abord affirmer notre séparation de la Grande-Comore. Ensuite, nous étudierons les accords que nous pourrons signer avec la France»: Propos cités par Garance Le Caisne: Le porte-parole des séparatistes: «La France nous nourrit», L’Événement du jeudi, Paris, 14-20 août 1997, p. 29.

      «Tutelle de Moroni», «système politique illégitime», «notre séparation de la Grande-Comore», etc. Qui a prononcé ces mots malheureux? Mohamed Abdou Madi. À l’époque où il avait été nommé Premier ministre, on disait sur lui un tas de choses aussi désagréables les unes que les autres: «Il est malin et ne pardonne pas les sous», il est «intellectuellement limité», «tout chez lui n’est que verbiage et grandiloquence», «certains contestent son titre d’inspecteur des Finances obtenu par des voies contestables (mkarakara)», «les mauvaises langues affirment que durant son séjour algérien, il se serait livré à quelques activités illicites»: Aboubacar Mchangama: Portrait du nouveau Premier ministre, Mohamed Abdou Madi. Un choix contestable et contesté, L’Archipel n°117, Moroni, 21 janvier 1994, pp. 3-4. Les nouveaux mensonges que profère Mohamed Abdou Madi sur la crise séparatiste qui a sévi à Anjouan de février 1997 à mars 2008 obligent à exhumer les archives pour lui rappeler qu’il sera toujours poursuivi par ses propres actes et propos. On est toujours poursuivi par les crimes qu’on commet, et Mohamed Abdou Madi n’échappera jamais à cette dure réalité.

      Depuis février 2014, toute honte bue, il règle ses comptes avec Djaanfar Salim Allaoui par presse interposée. Mais, ce qui révolte le plus, c’est quand l’«effaceur» devenu négationniste de séparatisme nie avoir commis des actes de violence à Anjouan sous le séparatisme. Voici ce qu’il disait fin janvier 2014 au téléphone de Nabil Jaffar de La Gazette des Comores: «J’étais d’ailleurs tellement avec les négociations de paix à l’intérieur qu’à l’extérieur pour avoir le temps de m’occuper d’autres choses. Ce sont des machinations à travers des médias et organisations autoproclamés pour la circonstance. D’où le pourquoi d’évoluer vers un procès neutre entre équipe-Bacar et équipe-Sambi pour un arbitrage, un devoir de vérité aux Comoriens». Quand on lui parle du sabotage du système téléphonique à Anjouan, à l’époque où il y faisait la pluie et le mauvais temps, il lève les mains vers le ciel en signe de dénégation et de bonne foi, avant de lancer, toujours avec sa légendaire mauvaise foi et son irresponsabilité proverbiale: «Concernant le réseau téléphonique, comment tenir de tels propos à mon encontre? Sambi et équipe, qui avaient fermé les frontières d’Anjouan, décrété un embargo alimentaire, imposé un embargo des hydrocarbures, gelé les comptes bancaires de l’exécutif de l’île autonome d’Anjouan et de ses alliés, imposé un embargo contre les évacuations sanitaires, procédé au boycott des téléphones des membres de l’exécutif d’Anjouan et alliés, on ne les qualifie pas de tortionnaires. Quand l’exécutif d’Anjouan rétablit l’équilibre en suspendant aussi les téléphones de Sambi et alliés, on l’accuse de tous les maux. Et Abdou Madi, ministre des Télécoms, qui avait fait suspendre les lignes par les soins d’un technicien des Télécommunications évitant tout éventuel sabotage, Abdou Madi est tortionnaire». Mohamed Abdou Madi n’avait pas fait que bidouiller des fils de téléphone; il était partout où il y avait de mauvaises décisions à prendre, de mauvaises actions à entreprendre. Il fera quelques flâneries entre la République et le séparatisme, mais tout en restant le séparatiste le plus zélé: porte-parole de la Coordination anjouanaise.

      Que faire de Mohamed Abdou Madi quand il nie toutes les manœuvres dilatoires et irresponsables des autorités anjouanaises, qui avaient poussé la République des Comores à chasser les séparatistes du pouvoir le 25 mars 2008? Ce que dit Mohamed Abdou Madi sur ce débarquement relève du délire et de la fantasmagorie. Le négationniste, caché à Mayotte au lendemain du 25 mars 2008, n’exprime aucun regret sur ce qui s’est passé à Anjouan. Il se pose en victime innocente: «L’exil est une sérieuse contrainte. Comment s’imaginer l’existence du moindre sentiment de fierté pour celui qui est privé de sa patrie de naissance, de sa famille, de ses biens personnels? Une journée d’exil est déjà trop, six ans c’est une impasse». Il n’a pas volé les tuiles qui lui tombent sur la tête.

      Le chef séparatiste dit, s’agissant de Djaanfar Salim Allaoui: «Je n’ai rien de commun avec Djaanfar: flic de Bacar ou allié d’Ikililou». Or, les deux hommes ont le même discours sur ce qui avait conduit, selon eux, au débarquement militaire du 25 mars 2008. Comment peut-il qualifier de «ridicule et cruel» un débarquement qui a permis d’unir le pays? Comment les Comores pouvaient-elles se débarrasser «démocratiquement» de gens qui s’étaient spécialisés dans les manœuvres dilatoires? Que n’a-t-on pas fait pour inciter les bacaristes à s’engager dans un processus d’unité et de réunification des Comores? Toutes les voies avaient été explorées, et les chefs de l’île d’Anjouan avaient dédaigné les appels à la sagesse. On nous dit que de 1997 à 2008, à Anjouan, il n’y avait eu ni séparatisme, ni séparatistes, mais un débarquement pour rien, le 25 mars 2008. Cela dit, il ne sera interdit à personne de s’exprimer sur ce site, et chaque fois que la chose sera nécessaire, les collaborateurs de Mohamed Bacar seront sollicités pour qu’ils donnent leur point de vue, sans que cela ne signifie complicité et convergence de vues.

Par ARM

Le copier-coller tue la blogosphère comorienne. Cela étant, il est demandé amicalement aux administrateurs des sites Internet et blogs de ne pas reproduire sur leurs médias l’intégralité des articles du site www.lemohelien.com – Il s’agit d’une propriété intellectuelle.

© www.lemohelien.com – Mercredi 15 juillet 2015.


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