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«Les yeux dans les yeux»: Secrets d’une tragédie

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La nébuleuse sambiste et la tragédie comorienne

Par Djaanfar Salim Allaoui

   Nous avons bouclé la précédente chronique sur un portrait sommaire du personnage d’Ahmed Sambi. Quoi de plus normal pour un ancien locataire de Beït-Salam qui veut tout faire pour refaire le match? En effet, élu en 2006 dans des circonstances troubles, je m’avance sans état d’âme, sur le sujet et dire que jusque-là, j’ai toujours soutenu le contraire sur son élection. Mais de forts indices profondément avérés m’obligent à revoir ma copie. Oui, je fais du rétropédalage sur la crédibilité et la sincérité de l’élection d’Ahmed Sambi de 2006. En s’obstinant à revenir au pouvoir à tout prix au mépris et en violation des lois et règlements dans la République et au risque et péril de la stabilité constitutionnelle de notre pays, Ahmed Sambi ne mérite ni égards, ni respect. Sur les trois acquis majeurs de l’Accord fondateur de Fomboni sur la Réconciliation nationale aux Comores, à savoir la Présidence tournante, l’Autonomie pleine et entière des Iles comoriennes et l’unité et la solidarité du Nouvel Ensemble comorien, Sambi a fait voler en éclats l’autonomie des Iles de Mwali, Ngazidja et de Ndzouani et aujourd’hui dans sa folle aventure, il veut se donner les moyens d’un come-back pour finir le job et faire sauter le dernier verrou de la Présidence tournante. Le Nouvel Ensemble comorien (NEC), en dépit de ses légers dysfonctionnements, nous aura épargné de la période noire de coups d’État aux Comores, NON et NON… «KARI TSO KIRI», «Nous ne serons pas d’accord», et nous ne le laisserons pas faire cet homme dangereux. Ahmed Sambi fait partie des grandes tragédies des trajectoires comoriennes. Certes, d’autres avant lui traînent des drames en série, plongeant dans les ténèbres notre pays. Seulement, notre amnésie patente et notre égo nous interdisent lâchement de reconnaître nos torts et nos erreurs et de chercher à corriger pour espérer conjurer le mal. À titre personnel, je ne me suis jamais laissé tenter par les envolées lyriques du prétendu «prédicateur» bien qu’originaire de la même île et de surcroît de la même la ville que lui. En clair, c’est tout ce qui nous rapproche et je ne m’en plains pas. Je ne m’en glorifie pas, non plus. Je l’ai vu grandir avec ses ambitions essentiellement destinées à conquérir toutes formes de chefferie. Insidieusement, sans coup férir, il tissait lentement mais surement la toile dans laquelle il allait prendre au piège la population comorienne, toutes couches confondues, les acteurs politiques en tête.

   Il fut le premier à avoir su et osé utiliser à des fins politiques la religion; d’où l’engouement contagieux des Comoriens, Musulmans conservateurs en leur corps et âme. Les gens, en vérité, furent séduits et convaincus par le prétendu «prédicateur» plutôt que par l’homme politique. Les Comoriens, en l’élisant, peut-être ont plutôt plébiscité un homme de Dieu. C’est en la religion, en la foi de Dieu que les Comoriens ont remis leur destin. En aucun instant, ils n’avaient pensé que cet homme, ce «Foundi», ce «maître d’école coranique», oserait se servir de Dieu pour faire du mensonge un mode de gouvernement servi par un culte de la personnalité de mauvais goût. Mais qui n’aurait pas été envouté par ses prêches enflammées à connotation politico-religieuse, des prêches qui inspiraient la pitié, le désespoir et l’amour du prochain. Il a su habilement adapter son discours en l’orientant sur le terroir de la misère et de la pauvreté noire de la population.

   Faut-il le rappeler, si besoin est, que les prêcheurs en puissance dans les foyers où ils prospèrent, ont toujours ciblé comme terrain de chasse le dénuement et la précarité! Sachons lui reconnaître ce «mérite». Fasse Dieu que les Comores soit préservées d’un basculement vers les pays dits de «l’axe du mal». Pour illustrer mon propos et mieux appréhender le personnage controversé d’Ahmed Sambi, je vous livre un témoignage inédit et me propose de vous offrir un visite guidée sur les dessous et les non-dits de la crise anjouanaise dont le but avoué de ma démarche est de restaurer la vérité afin de réparer les erreurs d’appréciation, je l’espère, sur les évènements douloureux que traverse la population comorienne prise dans un engrenage des plus éprouvants. J’estime, en mon âme et conscience, qu’il est de mon devoir de politicien de lever le voile par ma modeste contribution aux drames politiques, sociaux, économiques et institutionnels qui ont frappé et qui frappent encore les Comoriens. En effet, la crise anjouanaise, d’ordre essentiellement électoral, commandait-elle un règlement militaire en lieu et place d’un règlement politique? Anjouan, quoi que dans son plein droit, a subi injustement les foudres d’une volonté politique démesurée, empreinte d’un unilatéralisme et d’un mépris affichés.

   Tout a été fait pour faire en sorte d’étouffer les textes en vigueur sans avoir pris le soin de les abolir au préalable. D’autant plus que le recours à la force contre Anjouan a fait plonger cette île de 300.000 habitants environ dans un enfer fait de misères jamais égalées aux Comores. Tout le monde ou presque a fini par rallier aujourd’hui les positions d’Anjouan et s’accorde à se demander comment expliquer la démarche belliqueuse d’Ahmed Sambi contre Anjouan, dont le but était de ménager les caprices du Président enturbanné sans aucun programme d’accompagnement et de suivi pour épargner Anjouan et le reste de l’archipel de sombrer dans le désordre. En vérité, dans cette affaire floue, rien n’a été transparent et, personnellement j’invite chacun à s’éveiller aux réalités d’un marché de dupes aux allures de gros scandale dont seul Ahmed Sambi détient le secret de cette énième tragédie et en porte en même temps la responsabilité.

Par Djaanfar Salim Allaoui

Ancien vice-Premier ministre des Comores

Ancien ministre de l’Intérieur de l’Ile autonome d’Anjouan

Secrétaire général et porte-parole de GNEC Rénové

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© www.lemohelien.com – Vendredi 19 juin 2015.


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