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La mort plane sur les vrais journalistes aux Comores

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La mort plane sur les vrais journalistes aux Comores

Abdillah Saandi Kemba, pour le musèlement et le bâton

Par ARM

       L’année 2023 a commencé dans l’horreur pour les journalistes, surtout en Afrique, où les espaces de liberté sont de plus en plus réduits. Le journaliste camerounais Martinez Zogo, qui travaillait sur des sujets «sensibles» pour une chaîne télévision privée, a été enlevé, atrocement torturé et mutilé avant d’être sauvagement assassiné par ses ravisseurs. Son corps pourrissait dans la nature. Au Rwanda, le journaliste John Williams Ntwali, sévère et à juste titre envers la dictature ethnique et sanguinaire tutsie du tyran tutsi Paul Kagame, a été tué le 18 janvier 2023 lors d’un «accident de moto»! Toute honte bue, ce lundi 6 février 2023, au bout de la plus courte procédure pénale de l’Histoire de l’humanité, son assassin «a été jugé» lors d’un procès à huis clos, comme s’il s’agissait d’une grave affaire de Défense nationale, et c’est la première fois dans l’Histoire de l’humanité que l’auteur d’un «accident» de circulation a été «jugé» à huis clos! «Il a reconnu les faits», a présenté des excuses, et a payé une amende de 838 euros en monnaie de singe locale. Ses commanditaires tutsis, au pouvoir ethnique tutsi à Kigali, ne voulaient pas de révélations, forcément gênantes.

Dans ce climat pourri, maudit et mortel pour la presse en Afrique, continent que va diriger le dictateur Assoumani Azali Boinaheri, la dictature de Mitsoudjé réactive ses journalistes de révérence pour tuer à la fois le journalisme et les journalistes. On le sait: lors de la présentation des vœux à la presse à Bête-Salam, Mme Andjouza Abouheir, Vice-présidente du Syndicat de la Presse comorienne et journaliste à La Gazette des Comores, avait interpellé le dictateur Assoumani Azali Boinaheri sur les harcèlements sexuels et la promotion canapé à l’ORTC, son «odieux-visuel» public, quand même les fœtus savent que l’impunité couvrira les coupables, forcément des protégés de la dictature de Mitsoudjé. Or, au lieu de poursuivre les auteurs des saletés, la dictature de Mitsoudjé s’acharne contre Abdallah Mzé Mbaba, très bon correspondant de Radio France Internationale (RFI) à Moroni, qui a fait état des interrogations de Mme Andjouza Abouheir, cette dernière et Toufé Maécha. Tout ceci arrive à un moment où Bellou Magochi, Délégué à la Défense à Bête-Salam et secrétaire général de la Confrérie des Renégats et des Criminels (CRC), «le parti unique monocéphale à têtes chercheuses», a sommé les journalistes d’Al-Watwan, propriété de la dictature du moment, de faire de la désinformation au profit de celle-ci.

Abdillah Saandi Kemba: Il en fait trop!

Dans son numéro 416, en date du lundi 6 février 2023, le journal Masiwa publie à la page 3 une interview accordée par Abdillah Saandi Kemba, journaliste à Al-Watwan. Celui-ci ne défend pas sa profession, mais la dictature. Nous allons nous intéresser à trois de ses prises de position sur la presse aux Comores.

1.- Sur l’interpellation du dictateur Assoumani Azali Boinaheri par Mme Andjouza Abouheir, il pare la dictature de Mitsoudjé des attributs d’une sereine et souriante démocratie scandinave, jurant qu’il faut faire confiance à une tyrannie atroce et sanguinaire basée sur la négation du Droit pour faire respecter le Droit, le tout parce que le dictateur de Mitsoudjé est de sacralité divine: «Moi, personnellement, j’ai été choqué par la tonalité du discours, car il y a un protocole à observer quand on s’adresse au président de la République. Oui, il y a eu une opposition. Je suis de ceux qui se sont opposés à cette manière de protester. On nous a parlé d’un problème d’attouchement présumé à l’ORTC. Et on vient l’exposer au chef de l’État alors qu’aucune enquête n’en a attesté la véracité. Il y a des instances à saisir et des étapes à franchir avant d’exposer une affaire pareille devant la plus haute représentation de la République. Il fallait d’abord saisir la direction de l’ORTC, demander l’ouverture d’une enquête interne pour identifier le coupable éventuel. Si cela n’aboutit pas, il fallait saisir le CNPA ou le ministère de tutelle. Si cela n’aboutit pas, porter plainte devant le parquet de la République. Et si cela ne mène à rien, impliquer la Commission nationale des droits de l’Homme. Et puis si malgré tout, cela n’aboutit pas, saisir le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, lui demander d’intervenir pour faire la lumière sur l’affaire. Et, peut-être, se tourner vers le chef de l’État si toutes les démarches restent infructueuses. Mais, aller se plaindre devant le président sur une histoire d’attouchement avant même qu’une enquête ne le prouve, c’est de la pure légèreté́. Le syndicat dit détenir des preuves, nous demandons au bureau de se constituer partie civile. Et, selon mes dernières informations, le syndicat n’a porté aucune plainte. C’est l’ORTC et la personne accusée qui ont saisi la justice. Les auditions sont en cours. Je pense que l’affaire doit aller jusqu’au bout». Ah bon? Et combien d’affaires ont-elles abouti par cette voie? Qu’il nous le dise pour que la chose soit claire dans les esprits.

2.- Visiblement, Abdillah Saandi Kemba aime la dictature. Il s’attaque personnellement à Mme Faïza Soulé Youssouf, Présidente du Syndicat de la Presse, journaliste chevronnée, consciencieuse et honnête à Al-Watwan, correspondante à Moroni d’importants médias internationaux, journaliste professionnelle présentant des qualités que personne ne reconnaît à Abdillah Saandi Kemba: une totale et entière indépendance de ton, l’engagement et la lutte pour l’État de Droit, la démocratie et leur corollaire parmi d’autres, la liberté de la presse.

Voici ce qu’il dit par jalousie et par haine contre Mme Faïza Soulé Youssouf, et ce, uniquement parce que cette dernière s’élève contre des pratiques odieuses et inacceptables: «La présidente du syndicat, Faïza Soulé Youssouf, a publié un texte sur son propre mur Facebook suite aux propos de Belou, c’est son compte privé. Elle est libre d’écrire ce qu’elle veut sur son mur. Mais c’est presque le même contenu utilisé dans le communiqué officiel du syndicat des journalistes comme si on doit suivre tout ce qu’elle pense. C’est un scandale. Les principes de transparence et d’objectivité doivent être de mise au sein d’un groupe. Le syndicat des journalistes n’appartient pas à Faïza Soulé Youssouf. Lorsqu’on est chef d’un groupe, il faut être à la hauteur des personnes qu’on représente, ne pas les mêler dans ses propres humeurs et surtout les respecter en restant digne et droit, et en ne confondant pas ses humeurs avec celles des autres. On passe sous silence les vrais problèmes des journalistes: problème de statut, problème de vie, problème de formation, problème de sécurité juridique, problème de salaires, problème de couverture sanitaire…».

       Personnellement, en tant que militant de l’État de Droit et de la démocratie, entre Mme Faïza Soulé Youssouf et Abdillah Saandi Kemba, je vote, les yeux fermés, pour la jeune femme qui a toujours eu le courage et l’honnêteté de défendre le Droit et la liberté, et non pour quelqu’un qui cherche à plaire à une dictature et à faire carrière, en attendant demain…

3.- Quand Bellou Magochi, dont le sens politique et les bonnes manières ne sont pas la qualités premières, si tant est qu’il en ai, dit que les journalistes d’Al-Watwan doivent être les perroquets suivistes et répétiteurs de la dictature, Abdillah Saandi Kemba se discrédite totalement en le soutenant: «Les propos du secrétaire général de la CRC sont discutables. C’est un responsable d’un parti politique qui a dit ce qu’il pensait sur le fonctionnement d’Al-Watwan. Mais est-ce qu’on était obligé de répondre? Il a lâché des mots qui peuvent heurter certaines sensibilités, je l’admets. Mais est-ce qu’on a pris le soin d’analyser le fond? C’est ce débat-là qui devrait nous intéresser. Il y avait une autre manière de réagir. On pouvait, par exemple, protester en saisissant officiellement le ministre de l’Information ou le président de la République sans que cela soit exposé à la place publique. Al-Watwan est un média de service public, c’est un organe d’État, financé par l’État, qui est sous les ordres d’un gouvernement. Il y a une évidence que certains ne veulent pas admettre. Plus de 80% du contenu parle de l’action gouvernementale. Et cela date depuis les années 1990. Mais certains ont un problème avec la vérité. Ce que nous devons faire, c’est de nous battre pour assurer la diversité des opinions, équilibrer l’information, permettre à toutes les autres tendances de s’exprimer».

Monsieur, en Occident, les médias du service public ne sont pas animés par des «chiens de garde». L’État finance ces médias, y fait passer ses propres messages, mais ne les dirige pas. Que de fois la ligne éditoriale de RFI, média public, contredit la position de la diplomatie française! Le gouvernement des États-Unis a même des maisons d’édition, dont certaines ont pignon sur rue en France (Les Éditions Nouveaux Horizons, à Paris, appartiennent de façon officielle au Département d’État des États-Unis), et publient des livres dont certains critiquent la politique intérieure et extérieure états-unienne. Les services du renseignement extérieur de telle grande puissance occidentale ont une maison d’édition, qui a même publié des dictateurs.

Abdillah Saandi Kemba a le droit d’avoir les idées philosophiques, idéologiques, civiques, religieuses et politiques qu’il veut. C’est son droit. Il a le droit de soutenir la dictature de Mitsoudjé. C’est son droit, à condition d’accepter d’en assumer demain les inévitables conséquences. Il a le droit de faire la transhumance politique, l’hermaphrodisme idéologique, l’œcuménisme politique et la prostitution intellectuelle. C’est son droit. Mais, il doit savoir qu’il y a des lignes rouges que personne ne lui pardonnera de franchir: l’humanité, l’État de Droit, la démocratie, les droits de l’Homme, la liberté de pensée et la liberté d’expression. Qu’on se le dise!

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 8 février 2023.


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