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Entrée prématurée de Mohéli en campagne électorale

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Entrée prématurée de Mohéli en campagne électorale

Les acteurs politiques sillonnent les quartiers et les villages

Par ARM

     Volontairement moqueur et corrosif, le mot est de feu le Djoiezien Ibrahim Hassan, paix à son âme: «En période électorale, je vois toujours défiler chez moi des politiciens qui viennent me demander s’ils peuvent goûter à ma banane bouillie accompagnée d’un misérable piment, le niveau le plus bas en matière de nourriture. Après avoir goûté à ma banane au piment, ils remuent la tête en signe d’appréciation et disent que je suis un homme très chanceux parce que j’ai l’honneur de manger de la banane au piment. Ils mentent et se moquent ouvertement de moi, mais je me tais. Dès que l’élection prend fin, je ne les vois plus. Seulement, la prochaine fois, je ne les laisserai pas franchir le seuil de ma porte. On m’a assez menti comme ça». Pourtant, les politiciens mangeurs de banane au piment chez les autres sont plus actifs que jamais à Mohéli. De manière prématurée. Ils sont tous lancés derrière les électeurs. On l’aura compris: à Mohéli, personne ne veut attendre le lancement officiel de la campagne électorale pour taquiner l’électeur. Et la chose provoque des situations inattendues. Pour preuve, ce candidat qui était du côté de Mouzdalifa, à Fomboni, avant d’avoir pu ouvrir la bouche pour parler de sa candidature aux habitants, a entendu ces derniers lui dire: «Écoute. Ici, nous sommes des gens gentils et pacifiques. Cependant, tu dois comprendre que nous avons passé notre vie à entendre des mensonges des politiciens. Nos oreilles sont pleines de mensonges de politiciens. Tu veux que nous t’écoutions? Bien. Alors, commence par quelques camions de sable et de matériau pour la construction de cette route qui nous tue depuis des années. Tu viendras nous parler quand tu auras construit cette petite route».

     Ces derniers temps, il n’y a pas un politicien mohélien qui n’a pas été vu à Ndrondroni et à Hoani. Et comme les Mohéliens sont des gens qui peuvent être volontairement très cruels, les scènes les plus assassines se succèdent à un rythme diabolique. Il faut connaître la mentalité mohélienne pour comprendre ce qui se passe. Exemple, quand les habitants voient un candidat et après l’avoir bien identifié, ils font semblant de ne pas le connaître et le prennent pour un autre: «Si vous êtes venus pour tel candidat, déguerpissez tout de suite. C’est un menteur mal éduqué et nous ne l’aimons pas chez nous, ici». Et les autres de répondre: «Naturellement, ce candidat est un vaurien, et vous avez raison de dénoncer ses crapuleries. Seulement, nous n’avons aucune relation avec cette canaille. Vous avez raison de vouloir le chasser le jour où il osera passer chez vous, et il faudra le chasser. Chassez ce bandit et ses hommes de chez vous. C’est un menteur qui n’a pas de respect pour les autres». C’est du mohélien tout craché.

     Pourtant, il faudra se résoudre à reconnaître une vérité: la star des acteurs politiques mohéliens actuellement n’est autre qu’Abdallah Saïd Sarouma dit Chabouhane, Baguiri ou Gris-gris. Sa spécialité? Pasticher les autres politiciens. Il faut l’entendre imiter Ahmed Sambi quand il apprit que sa candidature scélérate au scrutin présidentiel de 2016 a été invalidée. La chose fait rire à mort. Très fort et réussi. Et Abdallah Saïd Sarouma a quelque chose que n’a aucun autre acteur politique à Mohéli: ce sont les habitants qui aiment l’inviter chez eux. D’ailleurs, quand à Salamani, Fomboni, dans la matinée de ce samedi 26 décembre 2015, il imitait Ahmed Sambi dans ses malheurs, on entendit du «mon frère, il faudra que tu sois à Djoiezi ce soir», et du «j’y serai, mon frère». Qu’on se le dise! Dans tous les meetings où Abdallah Saïd Sarouma prend la parole avec d’autres, on n’y va que pour l’écouter. Quand il prend la parole, et dès qu’il finit son discours, les gens s’en vont, quelle que soit l’identité de celui qui doit parler après lui. Quand il pastiche les autres, il fait toujours un malheur, et les Mohéliens ont encore en mémoire ses grands moments de l’élection présidentielle de 2010. Pendant que le peuple riait aux éclats, ses adversaires lui vouaient une solide détestation car il les tuait politiquement sans les insulter. Apparemment, il s’apprête à reprendre du service, et il n’est pas rare de le voir dans des lieux spéciaux de Fomboni et de Djoiezi où, officiellement, il ne fait pas de la politique, mais rencontre des «frères» qu’il aime et respecte et qui l’aiment et le respectent, pour des échanges de vues sur divers sujets de la vie courante à Mohéli et ailleurs aux Comores.

     Il faudra qu’on se dise la vérité. Les slogans électoraux ont commencé à fleurir à Fomboni comme jardin au printemps. Les affiches aussi. C’est d’une hypocrisie… Chacun accuse l’autre de ne pas respecter la date officielle de l’ouverture de la campagne électorale, mais tout le monde fait comme tout le monde. D’ailleurs, dès que la nouvelle de l’arrivée de la Première Dame à Mohéli ce lundi 28 décembre 2015 a été propagée, ses partisans ont commencé à se mobiliser pour une petite démonstration à l’Aéroport de Bandar-Es-Salam. Quand les adversaires parlent de «campagne électorale avant la campagne électorale», les partisans de Maman crient à la haine gratuite et à l’acharnement, estimant qu’«à Mohéli, il n’a jamais été interdit d’aller accueillir un membre de sa famille à l’aéroport avec les honneurs». Ça aussi, c’est du pur style mohélien. Et les partisans disent que c’est Maman qu’ils s’apprêtent à accueillir, donc un membre de la famille… Cherchez l’erreur.

     À Syrie-Ziroudani, il ne faut pas rater Bounou Abasse, surnommé «Doujé», «Le Sage», un terme spécialement forgé pour lui. Les années sont passées et l’homme est resté l’égal de lui-même, avec la même verve, le même charisme, le même magnétisme, et avec quatre expressions politiques en plus, qu’il aime répéter en français: «Stratégie politique», «majorité absolue», «sondages» et «base électorale». Le plus sérieusement du monde, il explique: «Les jeunes, avec leurs nouvelles théories et leurs ordinateurs, croient que les vieux cons que nous sommes ne sommes que des gens finis. Ils se trompent lourdement. Quand un candidat m’appelle pour les besoins de sa cause électorale personnelle, je lui intime l’ordre de venir constater la réalité sociopolitique sur le terrain. Les candidats viennent avec leur stratégie politique et chacun se dit capable de diriger le pays. J’ai mobilisé une moto pour des sondages dans tous les villages. Une candidate et un candidat s’acheminent vers la majorité absolue. Les autres n’ont pas de base électorale. Pour s’imposer, les idées politiques ne suffiront pas; il faudra de l’argent aussi. Beaucoup d’argent. Les candidats ont commencé à faire leur propagande, mais attendons. Il faudra penser à des lieux comme Hamavouna, où le Président Ikililou Dhoinine est très bien vu par la population, et ces lieux serviront d’appoint le moment venu. Je parle en parfaite connaissance de cause».

     Par ailleurs, Mohamed Saïd Fazul, ancien Président de l’île autonome de Mohéli, consulte beaucoup en ce moment et reste accroché à son téléphone portable, qui sonne tout le temps. Il y croit, et ce Fombonien déclare: «Face à la gestion calamiteuse et à la corruption indécente instaurée par Mohamed Ali Saïd à Mohéli depuis son élection en 2007, le malin Mohamed Saïd Fazul a repris ses partisans qui avaient suivi le Gouverneur sortant, qui aura fort à faire chez lui à Nioumachioi au cas où sa candidature sera validée, puisque deux candidats s’y présentent spécialement contre lui, pour le faire battre. Mohamed Saïd Fazul le sait et n’est pas du tout mécontent de cette nouvelle donne politique. S’il a de l’argent pour financer sa campagne électorale, il va causer le malheur politique du Gouverneur Mohamed Ali Saïd». Justement, ici et là, il se dit, se murmure, se chuchote et se susurre que le malin de Boingoma a reçu une importante aide financière venue de Mayotte depuis que Mme Soifiat Youssouf Bacar, épouse Abdou Djabir, spécialement venue de Mayotte, s’est ouvertement engagée en faveur de sa candidature avec l’engouement politique qu’on lui connaît.

     Le renfort mahorais en faveur de Mohamed Saïd Fazul fait imploser le Gouverneur Mohamed Ali Saïd, dont la mère est originaire de Sada, à Mayotte: «Depuis quand Mohamed Saïd Fazul est Mahorais pour attendre l’aide des Mahorais?», dit-il devant le Tout-Mohéli. Et les partisans de Mohamed Saïd Fazul ont la réponse à la question perfide: «Si Chic Mahorais, Chamssidine Mohamed Fazul et d’autres se mobilisent pour Mohamed Saïd Fazul, ils n’agissent pas en tant que Mahorais, mis en tant que frères. Que Mohamed Ali Saïd se taise donc. Qu’il se taise et qu’il pense aux déconvenues électorales et politiques qui l’attendent».

     Pour ce qui est de ce candidat de Fomboni, quand on lui fait remarquer qu’il est difficile de le voir depuis quelques jours, il se contente de dire: «Je suis resté à Ndrondroni pendant des heures. Je ne suis rentré à Fomboni que tard dans la nuit, après deux heures du matin, quand la MAMWÉ avait procédé à ses légendaires et maudites coupures d’électricité». Pendant ce temps, El-Amine Ali Mbaraka dit Aboul-Khaïr ou Embargo, explosif candidat à l’élection du Gouverneur de Mohéli, fait la navette entre Mohéli et la Grande-Comore, et ne cache pas qu’il porte un intérêt particulier à des questions juridiques qui seront hautement préjudiciables à tel adversaire candidat au Gouvernorat de Mohéli. Le «Président de la Rue publique» adore les arguties juridiques ayant des implications politiques.

     L’entrée prématurée en campagne électorale à Mohéli a réveillé les «Comoricains» mohéliens qui, tous, se sont mis à leurs petits comptes d’apothicaire. Chacun y va de ses «sondages» sans institut de sondages. Du bricolage de souk. Chacun dit ce qu’il veut et chacun veut ce qui est conforme à ses intérêts personnels. Du grand classique.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Dimanche 27 décembre 2015.


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