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«Émergence à l’horizon 2030» ou simple vœu pieux?

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«Émergence à l’horizon 2030» ou simple vœu pieux?

Nous doutons: l’émergence d’un pays ne se décrète pas

Par Saïd Omar Badaoui

     Quelques mois après son retour aux affaires, le Président Assoumani Azali a donné rendez-vous aux Comoriens en 2030, en leur promettant de faire de l’Union des Comores, un pays émergent. D’où le désormais célèbre slogan et marqueur de sa présidence: «L’émergence à l’horizon 2030».

Né il y a quarante ans, le concept de pays émergents désignait des pays pauvres qui bénéficiaient d’un cercle vertueux, à savoir: une croissance élevée basée sur l’exportation de produits bon marché, permettant de financer les infrastructures ou les services publics. Derrière ce label associé à des pays différents, l’objectif était de faire la distinction à l’intérieur de la catégorie des Pays en Développement (PED), entre ceux qui présentaient des risques importants pour les investisseurs internationaux et ceux, au contraire, pouvant être des terres d’opportunités.

Il s’agit donc de distinguer clairement le bon grain (les pays à forte croissance, faiblement endettés et dont, le compte capital est suffisamment ouvert pour accueillir des capitaux), de l’ivraie (pays à faible croissance, croulant sous le poids de la dette, relativement fermés aux entrées des capitaux).

C’est une très bonne chose en soi que le chef de l’État anticipe le devenir de notre pays, sinon ce dernier se trouvera en panne d’avenir collectif et incapable de se projeter collectivement. Je ne crois pas qu’il y ait un seul Comorien, aimant son pays, sur cette Planète qui ne se réjouirait pas de voir son pays se hisser au niveau des pays émergents, voire développés. Évidemment, c’est notre souhait le plus cher, dans la mesure où cela profiterait à toute la population, toutes tendances confondues. Et comme dit la maxime, «gouverner, c’est prévoir» et ne rien prévoir, ce n’est pas gouverner, c’est courir à sa perte, c’est agir contre l’avenir, qui seul dépend de nous!

Si l’ambition est certes louable, le doute est aussi permis quant aux conditions requises pour parvenir à ses fins, d’autant que ce projet nécessite la mise en œuvre d’un vaste programme d’actions dans tous les secteurs d’activité de notre pays. Mais, le constat est amer quant à la capacité de son gouvernement à mener à bien ce projet, lequel donne l’impression de naviguer à vue, alors que celui-ci est censé être les promoteurs du programme.

Les pays émergents dont les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) y sont parvenus en étant sérieux, en travaillant dur, mais pas en faisant la fête, ni de politique spectacle. Or, nous avons aux commandes du pays, un gouvernement qui parle beaucoup mais ne fait pas grand-chose et se livre constamment à un auto-satisfecit indécent. Plus inquiétant encore, certains ministres sont méprisants et se comportent d’une vulgarité jamais atteinte jusque-là. Certaines de leurs déclarations sont dignes d’une cour d’école très primaire, bref ils ne semblent pas des plus sereins, alors qu’ils devraient être exemplaires! Et comme on dit, «l’exemple est la plus belle forme d’autorité».

L’émergence d’un pays ne se décrète pas; elle obéit et répond à des critères socio-économiques, stabilité institutionnelle, juridique… Et, justement en parlant de justice, les Comoriens en ont soif. Concernant le tristement célèbre affaire dite de lingots d’or, grosse somme d’argent et de pistolets automatiques, ils aimeraient que la lumière, toute la lumière, soit faite et que justice soit rendue. Il en va de la crédibilité de notre pays. Les photos relatives à cette délinquance organisée ont fait le tour du monde. Et le monde nous regarde! Ces images seront inscrites dans l’inconscient collectif comorien. Mettre en avant le fait que les fonctionnaires sont payés régulièrement frise le ridicule: c’est ce que fait tout employeur. Et ce n’est même pas la moindre des choses, puisque ça va de soi. Cet argument ne suffira pas, à lui seul, à faire de l’Union des Comores, un pays émergent. Cela prête à rire, mais jaune puisqu’il s’agit d’un sujet sérieux. Il s’agit de l’avenir de notre pays.

Alors, soyons sérieux et au travail chers gouvernants!

Par Saïd Omar Badaoui

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© www.lemohelien.com – Mardi 11 janvier 2022.


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