Bêtise aux Comores, critique par un journal mahorais

Bêtise aux Comores, critique par un journal mahorais

Tyrannie, «répression», «corruption galopante», misère noire

Par ARM

     Hispaniola ou Saint-Domingue est une île de 76.000 km², partagée par la République Dominicaine (10 millions d’habitants, 64% de la superficie) et Haïti (11 millions d’habitants, 36% de la superficie). La République Dominicaine est une grande destination touristique et se développe. Haïti, premier État noir devenu indépendant au monde, le 1^er janvier 1804, est le carrefour des pires calamités: corruption, dictatures de père en fils, misère, un chanteur élu chef d’État et fuyant le Palais présidentiel avant l’élection de son successeur, Tontons Macoutes et tremblements de terre, dont celui du 12 janvier 2010 avait fait 200.000 morts et détruit même le Palais présidentiel. Curieusement, la République Dominicaine, qui occupe la plus grande superficie de Saint-Domingue, est toujours épargnée par les malédictions frappant Haïti, dont ses terribles séismes, bien que les deux pays soient sur la même île. Qui plus est, les Haïtiens, fuyant par milliers leur pays, se réfugient en partie en République Dominicaine.

C’est exactement ce qui se passe entre les Comores et Mayotte. Pendant que les Comores sont détruites par une dictature stupide et violente, à Mayotte, on respire, on vit. Pendant que les Comores sont sevrées de toutes les libertés, à Mayotte, on jouit de toutes les libertés, dont la liberté d’expression. Aussi, quand la répression s’abat-elle aux Comores, la presse mahoraise s’en fait l’écho, et cela permet aux Mahorais de soupirer par un «Nous l’avons échappé belle, en refusant de faire partie de la Ripoux-blique bananière des Comores».

Pour preuve, cet article du journal France Mayotte Matin qui fait état de l’une des aberrations, barbaries et outrances dont les Comores ont le redoutable et triste secret:

     «Il n’est pas permis de dire ces derniers mois, ces dernières années, que la démocratie et la liberté d’expression ou de manifester brillent aux Comores. Le régime Azali est dur et réprime, mais il n’est pas le seul à imposer sa loi, des agents du gouvernement font eux aussi la pluie et le beau temps comme ils l’entendent…

     C’est une affaire ubuesque comme on en rencontre seulement dans les pays sous-développés, où la corruption y est galopante. En effet, un douanier seul s’est mis en tête d’interdire la parution d’un journal. De quelle manière? En confisquant les 2.000 exemplaires imprimés dès leur arrivée à l’aéroport. En effet, le journal comorien, Mdjali est imprimé en Tanzanie, il n’en demeure pas moins qu’il est distribué et vendu dans l’archipel voisin. Ce que n’accepte pas le douanier Abdoulghafour de M’vouni, qui a interdit la distribution du titre au prétexte que les conditions légales ne seraient pas respectées. Mais l’affaire n’est pas nouvelle, déjà en 2019, l’agent avait confisqué des numéros ayant donné lieu à une plainte de la part du directeur de publication. Face à la récidive, ce dernier a donc tenu une conférence de presse pour dénoncer la situation, évoquant la “rancune” du douanier, “l’égoïsme” ainsi que la “mauvaise foi”…

     En 2019, le supérieur hiérarchique d’Abdoulghafour avait présenté des excuses sans que l’intéressé ne pipe mot. En 2021, personne ne dit rien et laisse faire, abandonnant le titre aux absences de ventes le mettant en danger. C’est aussi bête que cela, pas une autorité ne bouge, pas même le régulateur de la presse comorien qui reste muet. Faut-il y voir un aspect politique avec un journal imprimé et fabriqué en Tanzanie à l’heure où l’ex-président Sambi demande son extradition vers ce pays?»: Samuel Boscher: Liberté d’expression: Une affaire désarmante de bêtise pour une bien pâle image de la démocratie. Un douanier comorien qui s’érige seul contre un organe de presse et le met à mal, France Mayotte Matin n°2572, Mamoudzou, vendredi 10 décembre 2021, p. 22.

     Voilà comment se prépare «l’émergence à l’horizon 2030».

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mardi 14 décembre 2021.