Appel d’Achiraf Ben Cheikh pour des élections paisibles
L’homme ambitieux de Fomboni déplore la violence électorale
Par ARM
Un vent de folie souffle sur les Comores avec une violence inouïe, en cette période électorale. Certains candidats ont pris l’habitude de se comporter comme si leur vie dépendait de ces élections, et que leur réussite socioprofessionnelle passait nécessairement par des procédés sauvages et vulgaires: interdiction faite à des candidats comoriens d’accéder à certaines portions du territoire national des Comores («visas Madi, Abdou et Saïd»), violence verbale, injures touchant jusqu’aux familles des candidats, déploiement d’une stratégie délibérée de pourrissement du climat électoral sur toutes les îles, accusations gratuites d’une fraude électorale imaginaire et inventée de toutes pièces par les futurs perdants, arrachage des supports de marketing électoral des différents candidats… Les Comores sont devenues une immense zone de non-Droit, un territoire paisible que certains candidats aigris et haineux voudraient transformer en jungle et en champ de bataille. Aucune île n’est épargnée par le climat d’intolérance qui règne sur le pays. Au départ, c’est l’île de Mohéli qui avait commencé le concert de violence verbale, menaces et violence physique. Par la suite, Fahmi Saïd Ibrahim, sous le regard bienveillant d’Ahmed Sambi, la demoiselle d’honneur de sa candidature-biberon, lança une campagne électorale d’une rare violence et d’une vulgarité extrême qui évacue toute forme de civilité et d’esprit républicain, et commença son jeu de mauvais perdant en devenir sur le territoire français, plus précisément le samedi 16 et le dimanche 17 janvier 2016, respectivement à Paris et Marseille, dans le but délibéré de faire du processus électoral actuel un facteur d’entrée des Comores dans une ère de dislocation du pays et de mise à mal de l’unité nationale. On a vu des Comoriens interdire leurs villages et hameaux à d’autres Comoriens, le plus souvent dans le but non avoué de provoquer des échauffourées avec les forces de l’ordre et en faire porter la responsabilité aux pouvoirs publics et aux candidats qui représentent le pouvoir politique actuel.
Face à l’état de pourrissement du climat politique, Achiraf Ben Cheikh, ministre d’État aux Élections de juin 2010 à juin 2011 et candidat aux élections gubernatoriales de Mohéli en 2016, a pris l’initiative citoyenne de s’adresser aux autres candidats afin de faire baisser et juguler la tension qui règne à Mohéli actuellement. En réalité, au vu de l’affolement qui a saisi certains acteurs politiques et qui leur fait perdre toute trace de sang-froid sur toute l’étendue du territoire national, cet appel aurait dû être national. Et les Comoriens auraient aimé entendre la voix chevrotante de ces gens-là qui réclamaient des «Assises nationales» sur le bilan de 40 ans de l’indépendance nationale exhorter la classe politique nationale à plus de retenue et à plus de sagesse. Mais, comme ces chantres des «Assises nationales» agissent sous les ordres d’Ahmed Sambi, la demoiselle d’honneur de la candidature-biberon, ces gens aux ambitions politiques inavouées n’appelleront personne à la retenue et à la sagesse puisque ce qui les arrange, c’est l’entrée des Comores dans une nouvelle zone de turbulences institutionnelles et politiques. Les Comoriens le savent très bien et le feront savoir par la voie des urnes…
Pour autant, c’est à l’honneur d’Achiraf Ben Cheikh, l’un des candidats les plus jeunes engagés dans le processus électoral actuel, d’avoir soulevé publiquement le problème du climat politique qui règne à Mohéli et qui peut être extrapolé sur les autres îles, à un moment où le temps n’est pas à la sérénité mais à la rhétorique guerrière et injurieuse. L’homme ambitieux de Fomboni a déjà trouvé un nom de guerre électorale pour lui-même, «Gouverneur Oitru», «Notre Gouverneur», estimant que «Mohéli a déjà choisi: Achiraf Ben Cheikh». Tout ça est très bien dit parce qu’en période électorale, chacun est libre de dire gentiment tout ce qui lui passe par la tête pour se mettre en valeur, pourvu qu’il ne porte pas atteinte à l’honneur et à la dignité des autres candidats en présence. N’oublions pas le proverbe arabe: «L’inimitié existe mais la convenance doit persister».
Voici l’appel lancé par l’homme ambitieux de Fomboni, qui s’est fait éjecter du Gouvernorat de l’île de Mohéli le jour où il a avoué au Gouverneur Mohamed Ali Saïd, le fameux «dictateur africain peu fréquentable» (selon un journal des Pyrénées-Orientales), qu’il avait des vues sur la tête de l’exécutif de Mohéli: «Mes chers Concitoyens. Nous sommes entrés en pré-campagne électorale depuis des mois puis en campagne depuis seulement une quinzaine de jours. Une période de campagne électorale n’est autre chose que le moment où les politiques vont à la rencontre des électeurs pour les convaincre du bien-fondé de leurs idées et programmes respectifs pour l’intérêt général des Mohéliens. L’affrontement des idées doit rester une opposition, une adversité d’opinions et jamais se transformer en animosité ou en haine entre les uns et les autres. UN ADVERSAIRE D’OPINIONS N’EST PAS UN ENNEMI À ABATTRE. Ainsi, JE CONDAMNE TOUTE FORME VIOLENCE, qu’elle soit physique ou verbale, dans cette campagne. Nous sommes tous des enfants de Mohéli. À ce titre, nous devons pouvoir faire campagne en toute tranquillité partout dans nos villes, villages et quartiers. J’appelle tous ceux de mon camp à respecter les autres candidats et à les accueillir chez eux avec honneur et dignité. J’en profite ici pour saluer l’initiative de Loutfi Attoumane, un de mes adversaires à ces gubernatoriales, de venir assister à mon meeting dans son village natal. C’est un geste qui n’a fait que l’honorer. Je lance, enfin, un appel solennel à tous les autres candidats à faire de même et à condamner tous ces faits de violence, de haine dans cette campagne électorale. Des faits qui ne font que nuire à l’image d’une Mohéli, île de paix et de sérénité. Vive Mohéli. Je vous remercie».
Voilà un geste responsable, digne et républicain, qui se situe aux antipodes des actes de ceux qui sont bien décidés de mettre le feu aux Comores. Il faudra qu’un jour, on mette de côté le débat sur la présidence tournante, l’insularité tournante et les mariages «tournants entre les îles» pour se pencher sur l’éducation et les bonnes manières d’une bonne partie des acteurs politiques des Comoriens, des acteurs politiques dont certains n’auraient rien à dire le jour où on leur interdirait toute forme de rhétorique belliciste et injurieuse. En tout état de cause, l’appel au calme lancé par Achiraf Ben Cheikh devrait devenir une initiative nationale pour que les élections en cours puissent avoir lieu dans un climat apaisé et non dans la violence inutile. Les Comoriens apprécieraient…
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Jeudi 11 février 2016.