Ahmed Abdallah Salim et ses 4 milliards de francs
Azali Assoumani joue au chat et à la souris avec lui
Par ARM
«Mon corps me dit “monte”, mon cœur me dit “descends”», disait le regretté Jean-Miché Kankan dans l’un de ses sketchs mythiques. Ce mouvement de yoyo, nous le retrouvons aujourd’hui dans l’affaire des malversations, détournements de fonds publics et corruption aggravée dont l’acteur principal est Son Excellence Monsieur Ahmed Abdallah Salim dit Ahmed Hydro, depuis son passage malheureux et destructeur à la Direction générale de la Société comorienne des Hydrocarbures, qu’il avait complètement détruite lors de son règne controversé sous son ami Ahmed Sambi. Il y a ordre («monte») et contrordre («descends») sur ce triste sire parce qu’Ahmed Abdallah Salim a laissé derrière lui, selon un rapport accablant de la Cour des Comptes sur la gouvernance pétrolière de 2011, aux temps de sa «splendeur», une ardoise de 4 milliards de francs comoriens, soit 8 millions d’euros, qu’il a éclusés et siphonnés en quelques mois. En effet, sur ce dossier brûlant, le Procureur général et le Procureur de la République à Moroni ne sont pas sur la même longueur d’ondes, et ne tiennent pas le même langage. Pendant que l’un veut que des poursuites judiciaires soient engagées contre Ahmed Hydro, l’autre veut que le dossier soit classé sans suite…
C’est alors que l’affaire devient pittoresque et cocasse parce que le monde entier a vu le «concubinocrate» Azali Assoumani l’inclure dans sa délégation partant à Madagascar pour la conférence de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Le Tout-Moroni était stupéfait, se posant 1.000 questions sur les compétences particulières qu’a Ahmed Hydro et qui auraient pu justifier sa présence à une conférence internationale. Après réflexion, on n’en trouva aucune. Moralité, si l’on peut dire, le «ventriote» Azali Assoumani, dans un grand élan de cynisme, se livre au jeu du chat et de la souris avec le crypto-sambiste le plus mystique et le plus fidèle, allant jusqu’à jouer au garde du corps pour son maître Ahmed Sambi. C’est une guerre des nerfs qui vaut son pesant de cadavres, à un moment où le «pouvoiriste» polygame Azali Assoumani déclare devant le cercle de ses séides les plus fidèles qu’il n’est pas question pour lui de favoriser Ahmed Sambi en 2021, alors qu’il veut introniser son homme de paille Moustadroine Abdou, le plus grand spécialiste mondial de destruction de bureaux de vote et d’urnes. En réalité, le mauvais garçon de Beït-Salam ne veut même pas entendre parler de la candidature de son allié «circonstanciel de temps» en 2021, et fera tout pour l’empêcher.
Pour cette besogne, il a demandé à Kiki de sévir, mais en faisant dans la dentelle. Pour l’instant. Et toute l’activité actuelle de Kiki consiste à casser le Parti Bidoche d’Ahmed Sambi, qui avait envoyé un avertissement au dictateur de Moroni, en bloquant le vote de la loi des finances 2017. Dès qu’Ahmed Hydro sera entre les filets de la «Justice» de façon plus sérieuse, le «concubinocrate» Azali Assoumani et Ahmed Sambi vont commencer à s’insulter dans la rue comme du poisson pourri. Pourtant, il faut relativiser les choses parce qu’Ahmed Hydro est déjà placé sous contrôle judiciaire. Ce faisant, chaque mercredi, il se présente devant le juge, histoire de prouver qu’il est bel et bien vivant, et qu’il n’a pas pris la fuite pour Pago-Pago, Tuvalu, Vanuatu ou Kiribati. Or, avant de se lancer dans son escapade malgache, il n’avait même pas jugé nécessaire de se présenter devant le juge, puisqu’il était «l’invité d’honneur» du «ventriote» Azali Assoumani.
Pendant ces péripéties, Kiki souffle sur les braises et ravive le feu, même si cela ne le met pas à l’abri de l’hypocrisie monumentale de son chef, qui dit aux gogos, pour se disculper, qu’il est en rogne contre ceux qui «ont foutu la merde en faisant arrêter Abdallah Agwa». Point n’est besoin d’être grand clerc pour deviner l’identité des deux garçons qui provoquent «la colère» de leur patron et qui sont injuriés sur ce sujet pour amuser le tapis: Kiki et Sa Hautesse et Suffisance Monsieur le Grand Vizir en charge de Dieu, du Prophète, du Paradis, des Gènes, de la Généalogie et de la Génétique. Ils en font trop, agissent en petits amateurs sans envergure, et à cause d’eux, leur chef tempête partout: «Je suis dans la merde. Ces petits amateurs m’ont foutu dans la merde». Il aime cette expression «foutre la merde».
Pendant ce temps, il est un homme qui se frotte les mains et qui sait qu’il ne subira pas le triste sort judiciaire qui s’abat sur le sieur Ahmed Hydro: le Colonel-marabout Youssoufa Idjihadi, ci-devant chef d’État-major de l’Armée nationale de Développement (AND). Il se frotte d’autant plus les mains qu’il sait que personne ne lui demandera des comptes sur les 74 millions de francs comoriens tombés du ciel et qui sont allés directement dans sa poche lors de la mascarade électorale organisée par les Mohéliens de Beït-Salam en 2016. Pour faire déclarer «élu» le putschiste Azali Assoumani alors que les documents électoraux n’étaient pas complets et avaient été truqués, et alors que son putschiste n’avait aucune chance de se faire élire, il avait demandé et obtenu 74 millions de francs comoriens, une somme à laquelle s’ajoutent les millions de francs comoriens détournés en dollars sur la manne que le Sultanat d’Oman alloue aux Comores en matière de coopération militaire chaque année. Ça fait pousser ses immeubles à Madagascar. Cherchez l’erreur! L’autre partie de la somme est partie dans les poches des Mohéliens de Beït-Salam: Ikililou Dhoinine, le skieur de mer Daroussi Allaoui et le fugitif international Hamada Madi Boléro.
Mystique, l’illuminé Ahmed Hydro compte sur ses amulettes qui lui donnent un air de Yahya Jammeh, le dictateur ubuesque de Gambie encore pour quelques jours. Probablement, ses amulettes, gris-gris et autres talismans le sauveront de la honte d’un jugement sérieux au Tribunal de Moroni. Yahya Jammeh s’est autoproclamé «Professeur El Hadj Docteur Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Nasiru Ben Jammeh». Les Comoriens attendent l’auto-proclamation mystique de l’homme fantasque de Moroni.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Samedi 31 décembre 2016.